Les résultats d’un sondage récent mené par le Manhattan Institute montrent un bouleversement inattendu au sein de l’électorat juif américain, un changement jamais observé depuis plusieurs décennies. La vice-présidente Kamala Harris, candidate du Parti démocrate à l’élection présidentielle de 2024, semble enregistrer le soutien le plus faible parmi les électeurs juifs depuis Michael Dukakis en 1988. Selon ce sondage, Harris n’obtiendrait que 36 % des suffrages juifs, un chiffre en forte baisse par rapport aux précédents candidats démocrates.
Historiquement, la communauté juive américaine s’est toujours largement alignée avec le Parti démocrate. Cependant, ce dernier sondage met en lumière une désaffection croissante. Si Harris maintient une avance relative parmi les électeurs juifs, ce soutien paraît fragile et moins massif que lors des précédentes élections. À titre de comparaison, Bill Clinton avait bénéficié d’une avance de 69 % en 1992, et Barack Obama de 56 % en 2008. Même Hillary Clinton, lors de sa campagne de 2016, affichait une avance plus solide de 47 % par rapport à Harris aujourd’hui.
Le soutien à Israël reste un point d’ancrage important pour la communauté juive. Selon l’étude, 83 % des Démocrates juifs, 86 % des indépendants et 94 % des Républicains juifs se déclarent fermes partisans de l’État d’Israël. Pourtant, l’approche du Parti démocrate face aux critiques d’Israël, parfois jugées trop virulentes par une partie des électeurs, pourrait jouer un rôle majeur dans cette baisse de soutien. Nombreux sont ceux qui perçoivent une tolérance croissante du parti envers des voix critiques à l’égard d’Israël, ce qui crée un malaise.
Bien que la communauté juive reste majoritairement proche des valeurs démocrates sur des questions comme le droit à l’avortement, elle affiche des divergences sur d’autres sujets clés. Par exemple, sur l’immigration ou la gestion budgétaire, les électeurs juifs adoptent des positions plus modérées, exprimant des inquiétudes sur les dépenses publiques tout en soutenant des hausses d’impôts pour les revenus moyens et élevés. Ces positions révèlent une complexité dans les opinions de cet électorat, qui ne se reconnaît pas entièrement dans les programmes de l’un ou l’autre parti.
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