Les éditeurs occidentaux plient devant l’Islam

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par Giulio Meotti – Traduction du texte original: Western Publishers Submit to Islam – Gatestone Institute


  • Pour avoir critiqué l’islam, Hamed Abdel-Samad vit sous protection policière en Allemagne et, comme pour Rushdie, une fatwa a mis sa tête à prix. Après la fatwa, les insultes ont suivi : il a été censuré par une maison d’édition libre. Pour détruire les écrivains, les Soviétiques n’agissaient pas autrement : ils détruisaient leurs livres.
  • À une époque où des dizaines de romanciers, journalistes et chercheurs sont confrontés à la menace islamiste, il est impardonnable que les éditeurs occidentaux capitulent et, pire encore, soient les premiers à s’incliner.
  • Le tribunal de Paris a condamné Renaud Camus pour « islamophobie » (une amende de 4.000 euros) pour un discours prononcé en 2010, ou il évoquait le « Grand Remplacement » des Français à l’aide du cheval de Troie multiculturaliste. Un autre écrivain, Richard Millet, a été congédié en mars dernier par les éditions Gallimard pour ses idées sur le multiculturalisme.
  • Non seulement les éditeurs de Rushdie ont capitulé ; mais d’autres éditeurs ont brisé les rangs pour faire affaire avec Téhéran. Oxford University Press en Grande Bretagne et deux éditeurs américains, McGraw-Hill et John Wiley, tiendront un stand à la Foire du livre de Téhéran. Ces éditeurs ont choisi de répondre à la censure meurtrière par la reddition.

 

C’est comme si à l’époque des autodafés nazis, les éditeurs occidentaux avaient gardé le silence, puis décidé d’inviter une délégation allemande à Paris et à New York.


Quand Les versets sataniques ont été publiés en 1989, Viking Penguin, l’éditeur britannique et américain de Salman Rushdie, a été harcelé sur une base quotidienne par des islamistes. Ainsi que Daniel Pipes l’a décrit, les bureaux londoniens de la maison d’édition avaient pris l’apparence d’un « camp retranché » : protection policière ; détecteurs de métaux à l’entrée ; et escorte pour chaque visiteur. A New York, les bureaux de Viking étaient classés « site sensible » et des chiens reniflaient les paquets à l’entrée. Nombre de librairies ont été attaquées et beaucoup de libraires ont refusé d’exposer le livre. En 1989, année fatale pour la liberté d’expression occidentale, Viking a dépensé environ 3 millions de dollars (2,7 millions d’euros) en mesures de sécurité.

Néanmoins, Viking n’a pas sourcillé. Et, comme par miracle, le roman a finalement été publié. D’autres éditeurs, n’ont pas eu le même courage. Depuis 1989, la situation ne s’est pas améliorée et la plupart des éditeurs occidentaux flanchent. Tel est le sens de la nouvelle affaire Hamed Abdel-Samad.

Les Frères Musulmans ont donné à Abdel-Samad tout ce qu’un jeune garçon égyptien pouvait espérer : spiritualité, camaraderie, compagnonnage et un sens à sa vie. A Gizeh, Hamed-Samad est devenu membre de la Fraternité. Son père lui avait enseigné le Coran ; les Frères Musulmans lui ont appris à le mettre en pratique.

Après une journée dans le désert, Abdel-Samad les a quittés. Les Frères avaient ordonné à tous les nouveaux militants, de marcher sous le soleil du désert pendant plusieurs heures. A leur retour, une orange leur a été remise avec ordre de la peler, d’enterrer le fruit dans le sable, et de manger la peau. Le lendemain, Abdel-Samad avait quitté l’organisation. Il n’a pas franchi le cap de l’humiliation de trop qui transforme un être humain en terroriste.

Abdel-Samad, aujourd’hui âgé de 46 ans, vit à Munich, en Allemagne, aux côtés d’une danoise qu’il a épousé. Il travaille pour l’Institut de l’histoire et de la culture juives à l’Université de Munich. Son premier livre a provoqué un tollé dans le village égyptien ou il est né. Certains musulmans voulaient le brûler.

Le dernier livre d’Abdel-Samad, Der Islamische Faschismus: Eine Analyse (Le fascisme islamique, une analyse), a fait l’objet d’un autodafé. Pas au Caire par les islamistes, mais en France par des Français bien-pensants.

En Allemagne, le livre publié par la puissante maison Droemer Knaur, s’est hissé en tête des meilleures ventes. Il y a deux ans, Piranha, un éditeur français, a acquis les droits et Amazon a annoncé la sortie en France de « Le Fascisme Islamique » pour septembre 2016. Mais au dernier moment, l’éditeur a renoncé. Jean-Marc Loubet, directeur éditorial de Piranha, a informé l’agent de Hamed Abdel-Samad que les « risques » liés à la sécurité du personnel de la maison d’édition, et le fait que ce livre pourrait être « récupéré » par l’« extrême droite rendaient sa sortie impensable en France.

Pour avoir osé critiquer l’islam, Abdel-Samad vit sous protection policière en Allemagne et, sur sa tête, pèse une fatwa identique à celle de Rushdie. Les insultes ont suivi la fatwa : il a été censuré par une maison d’édition libre. Ainsi agissaient les Soviétiques : pour détruire les écrivains, ils détruisaient leurs livres.

Le cas de M. Abdel-Samad n’a rien de nouveau. À une époque où des dizaines de romanciers, journalistes et chercheurs sont confrontés à la menace islamiste, les éditeurs occidentaux capitulent, et il est impardonnable qu’ils soient souvent les premiers à le faire.

Pour avoir osé critiquer l’islam, Abdel-Samad vit sous protection policière en Allemagne et, comme Rushdie, une fatwa pèse sur lui . Après la fatwa sont venues les insultes : il a été censuré par une maison d’édition libre.

Pour avoir publié dans Le Monde une critique de l’islam intitulée « Nous refusons de changer de civilisation », le célèbre écrivain, , a perdu son éditeur, Fayard.

En 2014, le tribunal correctionnel de Paris a condamné Camus à une amende de 4.000 euros pour «l’habillage juridique de l »islamophobie’ » : dans un discours prononcé le 18 décembre 2010, Renaud Camus avait évoqué le « Grand Remplacement » et présenté les musulmans « comme des guerriers envahisseurs dont le seul objectif est la destruction et le remplacement du peuple français et de sa civilisation par l’islam ». A partir de ce jour, Camus est devenu persona non grata en France.

The Jewel of Medina (Le Joyau de Médine), un roman de Sherry Jones sur la vie de la troisième épouse de Mahomet, a été acheté puis retiré de la liste des livres à publier par le puissant éditeur Random House, lequel avait pourtant versé une avance et lancé une ambitieuse campagne de promotion. Gibson Place, le nouvel éditeur de Sherry Jones, a été victime d’une bombe incendiaire d’origine islamiste à Londres.

Yale University Press a suivi. Cette maison d’édition a publié « Les caricatures qui ont ébranlé le monde », de Jytte Klausen, un livre qui retrace l’histoire des « caricatures controversées de Mahomet » publiées par le journal danois Jyllands-Posten en 2005, et la crise qui a suivi. Yale University Press a publié le livre en omettant les caricatures et d’autres images de Mahomet qui accompagnaient initialement le texte.

« La capitulation de Yale University Press face à des menaces qui n’ont pas été prononcées est le dernier et sans doute le pire épisode de la reddition régulière qui caractérise notre culture face à l’extrémisme religieux – particulièrement l’extrémisme musulman – », a commenté . Yale était aussi en lice pour obtenir un don de 20 millions de dollars du Prince saoudien Al-Waleed bin Talal, une donation déjà obtenue par l’Université George Washington et Harvard.

En Allemagne, Gabriele Brinkmann, auteur populaire, a brutalement perdu son éditeur. Les éditions Droste ont estimé que son manuscrit, Wem Ehre Geburt (« À tout seigneur, tout honneur »), risquait d’être perçu comme « ». Il exposait en outre la maison d’édition à une forme ou une autre d’intimidation. Brinkmann s’est vu demander de censurer certains passages ; elle a refusé et a perdu son éditeur.

Cette lâcheté et ce même esprit de capitulation imprègnent désormais toute l’industrie du livre. En 2015, la foire du livre de Turin, la plus prestigieuse d’Italie, a initialement choisi l’Arabie Saoudite (elle a fini par y renoncer) comme invité d’honneur, malgré les nombreux écrivains et blogueurs emprisonnés par le royaume islamique. Raif Badawi a ainsi été condamné à 1.000 coups de fouet, 10 ans de prison et une amende de 260.000 dollars.

Time.com affirme que de nombreux éditeurs occidentaux « rejettent les œuvres d’auteurs israéliens », en dépit de leurs opinions politiques.

Après l’affaire de Versets sataniques, de nombreuses maisons d’édition européennes ont cédé à l’intimidation. L’éditeur français Christian Bourgois a renoncé à la publication du livre de Salman Rushdie alors qu’il en avait acheté les droits, et l’éditeur allemand Kiepenheuer a revendu les droits du livre à un consortium de cinquante éditeurs d’Allemagne, d’Autriche et de Suisse, réunis sous le nom de « ONU-Charta Artikel 19 ».

Non seulement les éditeurs de Rushdie capitulent ; mais ils ne manifestent aucune solidarité entre eux. Passant outre la demande de Viking Penguin, l’éditeur de Rushdie, de boycotter la Foire du livre de Téhéran, Oxford University Press et deux éditeurs américains, McGraw-Hill et John Wiley ont décidé d’y tenir un stand. Ces éditeurs ont choisi de répondre à la censure meurtrière par la reddition et pris le parti de sacrifier la liberté d’expression sur l’autel du business as usual : la vente de livres est pour eux plus importante que la solidarité avec des collègues menacés.

Tout se passe comme si à l’époque des autodafés nazis, les éditeurs occidentaux avaient gardé le silence, puis invité une délégation allemande à Paris et New York. Vu d’aujourd’hui, est-ce si inimaginable ?

 

Giulio Meotti, journaliste culturel à Il Foglio, est un auteur et journaliste italien.

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