Écoutons nos « vieux »

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« Souviens-toi des jours du monde, méditez les années de génération en génération, interroge ton père et il te racontera, tes Anciens et ils te diront »  (Devarim (32,7)

Nous devons apprendre de notre verset, l’importance d’écouter la parole des Anciens.

Il nous arrive très souvent de nous dire que les « vieux » rabâchent, qu’ils appartiennent à une autre génération où la vie n’était pas la même, que les nouveaux concepts de la modernité leur échappent, parce qu’ils passent leur temps dans leurs livres et dans leur Beth Hamidrach et qu’ils ne sont donc pas aptes à juger ce qui est bien ou non.

Leurs mises en garde contre internet, les nouvelles technologies, les médias… sont sévères et injustifiées, ils ne parlent pas en connaissance de cause et il est donc inutile de suivre les directives de ces hommes dépassés.

Mais la Guemara (Meguila 31b) nous enseigne : « Rabbi Chimon ben Elazar dit : « Si des Anciens te conseillent de démolir et des jeunes de construire, alors démolis et ne construis pas ! Parce que la démolition des Anciens est une construction et la construction de jeunes une démolition ». »

L’histoire de Re’havam, le fils de Chelomo Hamélekh, illustre parfaitement ces paroles.

En effet, lorsque celui-ci accéda au pouvoir, le peuple le supplia d’annuler certains décrets promulgués par le roi précédent, considérés comme trop sévères.

Re’havam se tourna donc vers les Anciens pour savoir comment il devait agir. Ces derniers lui conseillèrent de céder aux pressions du peuple. Il rejeta le conseil des Anciens et se tourna vers les jeunes gens avec qui il avait grandi. Eux lui conseillèrent de ne pas céder, et de régner avec une main de fer. Re’havam agit selon la parole des jeunes, ce qui entraîna une révolte au sein du peuple et permit à Yeroboam de s’emparer du pouvoir en Israël (Melakhim/Rois 1-12 ; 1-17)

Qui sont ces Anciens en question ? Et pourquoi la parole des Anciens plus que celle des autres ?

Les Anciens auxquels fait référence notre verset sont, nous dit Rachi, nos Sages.

Dans la Guemara (Chabbat 152a), il est dit : « Rabbi Yichma’ël fils de Rabbi Yosse expose : « La sagesse des disciples des Sages augmente avec l’âge, comme il est dit (Yov 12;12) : ‘La vieillesse est l’apanage des vieillards, les longs jours vont de pair avec l’intelligence’. Mais les personnes du commun, plus elles vieillissent et plus elles deviennent bêtes, comme il est dit (Yov 12;20) : « II ôte la parole à ceux qui ont de l’assurance, Il enlève le discernement aux vieillards' ». »

Pour la petite histoire, un non-juif observa à l’aéroport un “vieux” rabbin entouré de ses disciples qui le respectent et lui demandent de précieux conseils sur les différents sujets de la vie avant l’embarquement.

Une fois monté dans l’avion, le non-juif qui fut très impressionné demande au vieux rabbin, comment se fait-il que chez vous on octroie beaucoup de respect aux vieilles personnes, alors que chez nous, une fois que la retraite approche, on est bon pour le placard.

Le rav lui répond que selon votre théorie, celle de Darwin, l’homme descend du singe. En effet chaque nouvelle génération s’éloigne du singe, et monte en sagesse. Tandis que nous vivons avec le concept de la “yeridat hadorot/ la baisse des générations”, c’est-à-dire que la sagesse s’estompe au fil du temps, et forcement la génération d’avant est plus sage.

Il est écrit (Devarim 17;11): « Selon la loi qu’ils (les Sages) t’enseigneront et selon les jugements qu’ils te diront, tu feras, tu ne t’écarteras pas de leur parole, ni à droite ni à gauche. »

Et Rachi de nous préciser : « Même s’il te présente la droite comme étant la gauche et la gauche comme étant la droite. A plus forte raison s’il te dit que la droite est la droite et que la gauche est la gauche. »

Le rav Guerchon Cahen zatsal explique grâce à ce Rachi, que par la faute de notre simplicité d’esprit nous pourrions aisément tomber dans le piège qui se trouve devant nous en pensant qu’il s’agit de la droite (c’est-à-dire une mitsva qui se présente), alors qu’en réalité il s’agit de la gauche (c’est-à-dire une ‘avéra).

Seuls nos Sages qui, par leur élévation morale se sont dégagés de toutes negui’oth, de toutes considérations subjectives et partiales, peuvent nous indiquer le droit chemin et nous révéler que ce nous croyions être « droite » est en réalité « gauche » et vice versa.

Rav Guerchon continue et pose la question suivante : « Mais pourquoi Rachi ajoute-t-il, « à plus forte raison s’il te dit que la droite est la droite… » Car parfois nous savons ce qui est bien (droite) mais nous pensons y arriver par un autre chemin (gauche). Rachi nous permet donc de comprendre que pour parvenir au but, (la sagesse), on ne doit emprunter que les voies de droites, celles indiquées par nos Sages.

Le Messilat Yecharim nous explique la  position des Sages à travers la parabole suivante : dans un jardin en labyrinthe, les plantations s’y élèvent comme des murs, entre lesquelles de nombreuses voies se perdent et se confondent. Le but est d’accéder à la tour centrale. Parmi ces voies, il y en a des droites qui mènent à la tour, et d’autres en revanche qui nous en éloignent. Il est cependant impossible à l’homme de distinguer la bonne voie de la mauvaise, car toutes sont semblables et rien ne les différencie, à moins d’identifier la bonne voie grâce à l’expérience et l’intuition, l’ayant déjà empruntée et ayant déjà atteint le but représenté par la tour centrale.

Il existe cependant une personne qui connaît le bon chemin, il s’agit de celui qui se trouve au-dessus du labyrinthe et voit tous les chemins tracés devant lui, celui-là distingue les bons des mauvais. Il peut donc avertir l’homme en lui disant : « Voici le bon chemin, emprunte-le ! » »

Celui qui refuserait de le croire et préfèrerait se fier à ses propres yeux, se perdra certainement sans jamais pouvoir atteindre son but.

Cette parabole nous prouve que seuls nos Sages connaissent le bon chemin, car ils ont expérimenté, vu et vérifié, grâce à leur élévation spirituelle, et parce qu’ils sont totalement dégagés des concepts fallacieux du monde, c’est pourquoi ils nous offrent des bons conseils, des conseils pertinents, justes et s’avérant parfois même prodigieux.

Ces conseils peuvent aller à l’encontre de notre avis personnel, la Torah nous ordonne de nous laisser guider par leur voix, la seule qui puisse nous permettre de construire un futur où pourra advenir le Machia’h.

 Rav Mordekhai Bismuth

Extrait de la Daf de Chabat disponible sur http://www.ovdhm.com

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