Le Dr Daniel Amzalac zal, qui vient de nous quitter, a mené une vie extrêmement riche en enseignements et ‘hizouk pour nous tous.
Né à Tunis en 1934, il connaît une enfance pour le moins éprouvante. Alors qu’il n’a que cinq ans, son père déserte le foyer pour l’Amérique, le laissant aux soins de sa mère et de ses grands-parents maternels. A l’école, le déséquilibre familial s’exprime par des résultats médiocres, et les lacunes s’accumulent. Toutefois, désireux de s’en sortir et de réussir sa vie, il quitte le lycée Carnot, et, grâce à des cours par correspondance, il intègre le collège Halawi, où il s’épanouit beaucoup et passe son bac avec succès.
Après ce prodigieux bond en avant, il met l’accent sur l’étude du français, puis entre à la faculté de droit de Paris. Cependant, il changera rapidement de filière, pour diverses raisons – en l’occurrence, son père, alors depuis peu dans l’Hexagone, lui recommande des études de médecine. Et c’est ainsi que le jeune Daniel, si littéraire à la base, se prépare seul, avec courage et assiduité, à sa nouvelle rentrée universitaire.
Il se marie durant sa troisième année de médecine, et deux filles viennent agrandir la famille : Dvorah et Judith. Après obtention de son diplôme, il s’adonne finalement à l’étude de la psychologie. Il enseigne deux ans à Paris VII, et travaille en tant que médecin des étudiants à la MNEF.
Après avoir lui-même passé une psychanalyse, le Dr Amzalac inscrit sa fille aînée (de 10 ans) au Talmud Tora, et c’est là que lui et son épouse vivent véritablement une transformation. L’entrain de cette enfant et sa passion pour le judaïsme amènent peu à peu toute la maisonnée à faire techouva. En visite en Israël, le chef de famille s’attache à la Yechiva de rav Horowitz, Dvar Yerouchalayim, et en particulier à un de ses étudiants, Henri Delouya, qui le fera rapidement avancer. Il lui prêtera même ses tefilinnes pour son retour en France. Là, le Grand rabbin Gugenheim et les siens prennent la famille sous leur aile protectrice, ainsi que le Grand rabbin Chili – après s’être assuré que Mme Amzalac adhérait bien à cette nouvelle direction.
Il devient alors auditeur libre au Séminaire rabbinique de Vauquelin, tout en exerçant à la MNEF. Toutefois, il commencera bientôt à recevoir chez lui en tant que psychanalyste (seulement des Juifs, précise-t-il après certaines expériences…).
Au bout d’un moment, la mère du Dr Amzalac vient s’installer chez eux – pour dix ans. En parallèle, cet universitaire chevronné étudie passionnément avec diverses personnalités, parmi lesquelles le Drs Elie Bloch, Elie Temstet, Henri Delouya, le rav Malka (enseignant au Raincy) et le rav Lederberger. Ainsi, des paroles de Tora résonnent sans cesse entre leurs murs. Il soutient également beaucoup les centres d’étude, entre autres en demandant à ses patients, à la place des honoraires, de rédiger des chèques à l’ordre des Yechivoth.
Puis, la famille s’agrandit, et le petit Josué voit le jour. Ce jeune garçon étudie chez le rav Ya’akov Tolédano au Raincy. Véritable Talmid ‘hakham, il fonde un foyer de Tora… avant de s’éteindre d’un cancer du poumon, en 2006, laissant derrière lui une veuve et huit orphelins.
Le Dr Daniel Amzalac voyait dans ce fils l’incarnation de son accomplissement, et cette perte terrible l’affecte au plus profond. Il cesse d’exercer, et sa santé affaiblie entraîne plusieurs hospitalisations. Néanmoins, malgré ses souffrances incommensurables, il garde constamment son oreille attentive et son verbe facile. Il écrit aussi beaucoup (Kountrass lui doit notamment un article), et publie en particulier deux livres, « Abords interdisciplinaires de la pensée juive », et « Abécédaire de la pensée juive ».
Le 12 février 2016, un AVC le plonge dans le coma et, le Dr Daniel Amzalac s’éteindra finalement deux mois plus tard, Chabbath hagadol.
Nos plus sincères condoléances à Mme Amzalac et sa famille. Puisse l’histoire de son parcours renforcer chacun de nous, et ainsi, lui apporter tout le mérite qui lui revient.
(Kountrass numéro 196)