Dis, chérie, c’est quoi ces petites taches ?

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Autour de la table de Chabbath, n° 486 Tazria-Metsora

Il n’existe pas de désespoir dans ce monde ! Rabbi Na’hman de Breslav

Cette semaine notre paracha est doublée, il s’agit de « Tazria » et « Metsora ». Ces deux sections traitent de l’impureté du lépreux et des lois de purification. A cette époque reculée la lèpre n’était pas seulement une terrible maladie mais elle était aussi source d’une grande impureté. C’est le Cohen qui devait examiner le malade, il était le seul habilité à dire s’il était pur ou non. A partir du moment où il déclarait « Tamé »/impur, le malade devait s’éloigner de la collectivité. Il ne pouvait plus rester sous un toit car sa seule présence rendait impur l’endroit au même titre qu’un cadavre le fait pour son entourage. Tous les objets qui se trouvaient dans son périmètre devaient être trempés au Mikvé. Le malheureux devait se retirer de la ville et s’installer à la campagne ou dans le désert loin de tous. La situation pouvait durait des lustres car tout le temps où les taches ne diminuaient pas il restait en quarantaine. Il existe une discussion dans la Guemara si sa femme pouvait l’accompagner dans son exil (Mo’ed Katan 7:).

Il est intéressant de constater que toutes ces lois décrites par la Tora ressemblent étrangement aux règles d’hygiènes qui sont pratiquées par rapport à ces graves maladies. Seulement le Talmud va plus loin dans l’analyse puisqu’il (Arakhin 15:) enseigne que la raison principale de la Tsaraat c’est le Lachon hara’ (la mauvaise parole). A l’époque du Temple un homme qui déblatérait des paroles vexantes (fondées ou non) sur ses amis avait de fortes chances de voir apparaitre des éruptions blanches (avec le poil qui change de couleur) sur son magnifique teint bronzé alors qu’il venait tout juste de rentrer des vacances du ski ou pour les plus chanceux des îles lointaines… Le saint ‘Hafets ‘Haïm rajoutait que de nos jours, le niveau spirituel de la communauté ayant bien diminué, ces symptômes n’apparaissait plus. Cependant, après les 120 ans, ceux qui ne se sont pas amendés avant de passer vers un monde qu’on espère meilleur, d’avoir dit du Lachon hara ou encore d’avoir diffusés des messages navrant sur leurs anciens copains dans les réseaux sociaux…(bonjour les dégâts…) seront METSORA jusque dans les Cieux (même si par ailleurs ils ont à leurs actifs de nombreuses Mitsvoth) et seront exclus de la collectivité des  Tsadikim. Ils ne pourront pas jouir de l’éclat de la Chekhina (Présence divine). A cogiter.

Une question est posée (Khikou Mamtakim n°266) : puisque la Tsaraat provient d’un manque lié à la parole, pourquoi les nations du monde n’ont pas reçu ces mêmes lois d’isolement (à l’époque où ces règles étaient en vigueur) ? C’est juste que cette maladie transmissible est le lot des nations jusqu’à nos jours, Lo ‘Alénou, mais elle n’est pas source d’impureté contrairement à ce qui se passe dans notre communauté (voir Michna Négaïm ch3.1). Or, mes lecteurs le savent, les nations ne sont pas des « pros » pour garder leurs longues langues de la mauvaise parole, du Motsi Chem Ra’ (propos mensongers, ce qui est encore plus grave), la calomnie et j’en passe…

Plusieurs réponses sont apportées, j’en ai retenu deux. Le rav Chleomo Gantsfried zatsal (l’auteur du Kitsour Choul’han ‘Aroukh) écrit dans son livre « Apparion » que le Lachon hara’ est à bannir car il entraîne la dissension entre les hommes. Or, dans les nations il n’existe pas fondamentalement d’unité / A’hdouth. Au niveau du papier cela y ressemble (l’harmonie), cela à son gout et sa forme mais dans les faits les gens restent divisés (ce n’est que lorsqu’il y a un but commun que les gens s’assemblent mais dans le fond ils ne sont pas sur la même longueur d’onde…Il n’y a qu’à observer les alliances de pacotilles qui existent au Moyen-Orient entre les différentes dictatures et groupuscules, pareillement dans la vieille Europe…Donc la mauvaise parole qui vient briser les unions n’est pas véritablement fautive car à la base il n’y pas de A’hdouth.

Le contraire est vrai chez le Clall Israël. Le rav explique : l’âme d’Israël provient de la même racine, sous le trône Divin. Donc les hommes sont unis au-delà de l’aspect extérieur et des coutumes (Achkenazim, Sefaradim, ‘Hassidim, etc.). La mauvaise parole qui vient diviser les groupes et les familles est à bannir car elle casse une unité réelle. La réparation de cette faute passe par l’exclusion du fauteur « Badad Yochev ». Mesure pour mesure : puisqu’il a semé la zizanie il devra rester solitaire éloigné de tous. Et c’est uniquement le Cohen qui l’auscultait, qui décrétait s’il était pur ou non. Car le Cohen symbolise le Chalom, la paix. C’est lui qui est vecteur de la bénédiction Divine sur la terre grâce à son service. De plus c’est Aharon Hacohen qui faisait régner la paix dans les ménages.

Une deuxième explication est donnée par le saint Or Ha’Haïm ch. 13.2 (pour ceux qui ont perdu le fil : pourquoi chez les nations il n’existe pas les lois du Metsora?). Il fait dépendre ce phénomène d’un verset de la paracha : « Adam ki yihié be-or bessaro« /Un homme qui aura des taches sur sa peau, etc. Or, dans un tout autre contexte la Guemara (Baba Metsia 114.2) enseigne que lorsque le verset emploi le mot « Adam« /homme, il s’agit du Clall Israël et non des gentils. Car les Bené Israël s’appellent « Adam » mais pas les nations. Et le Or Ha’Haïm explique que le verset dit « Beor bessaro… » / sur la surface de la peau (apparait des taches). Le verset nous apprend que ces taches sont superficielles et n’affectent pas l’intériorité de la personne. C’est-à-dire que la faute ne touche pas la nature profonde de l’homme. C’est uniquement son côté extérieur, la peau, qui est touchée. Tandis que chez les nations, qui n’ont pas acceptées la Tora, ils n’ont pas été purifiés par le Ribono chel ‘Olam. Donc leur nature reste éloignée de toute pureté. C’est-à-dire que les lois de Metsora ne s’appliquent que pour des personnes qui peuvent s’extirper de l’impureté. Fin des deux explications.

Ces deux formidables commentaires mettent en valeur une intéressante donnée dans le judaïsme. C’est que le péché est toujours considéré comme un accident de parcours. Un homme, au grand jamais, peut avoir fauté, mais cela n’entache pas sa nature qui est foncièrement bonne car la source de nos âmes provient de Hachem. C’est la raison que la Techouva est offerte à l’homme. Comme disait rabbi Na’hman : « Ein yiouch ba’olam »/Il n’existe pas de désespoir dans ce monde. Magnifique !

Le Sippour ou comment transformer le bitume en ‘harosseth ? Cette semaine le rav Biderman chlita nous fait partager l’expérience d’un jeune homme qui s’est rendu chez son rav. Beaucoup de difficultés ont amené cet élève à discuter avec son maître pour essayer de trouver une issue de secours. Le rav écouta attentivement toutes les peines de son Talmid/élève puis l’invita à prendre un verre d’eau. Le jeune s’exécuta et prit le verre, fit la bénédiction préliminaire puis bu. Ensuite, le rav tendit un deuxième verre mais cette fois-ci il l’avait rempli d’une bonne poignée de gros sel ! L’élève qui ne voulait pas désobéir à son maitre essaya de boire la potion, mais en vain c’était vraiment imbuvable ! Puis le rav proposa alors à son Talmid de sortir avec lui, pour se détendre ensemble dans les clairières ombragées qui jouxtaient la maison. Les deux prennent alors le chemin de la forêt. Là-bas ils s’installèrent à côté d’un petit lac d’eau douce. Le paysage était féérique, les arbres se reflétaient dans la belle eau limpide, les oiseaux gazouillaient et l’on pouvait discerner des carpes et d’autres poissons dans le bel étang. Les deux s’assirent devant ce magnifique paysage et discutèrent de Tora. C’est alors que le rav lança dans l’eau une bonne poignée de gros sel puis il demanda à son élève qui était de nouveau tout étonné du comportement de son maitre de boire de l’eau de cet étang. Comme il faisait bien chaud, c’est avec empressement que notre jeune prit avec la paume de la main une poignée de bonne eau qu’il but avidement pour étancher sa soif. Le rav lui demanda : « Est-ce que tu ressens le sel que j’ai lancé dans l’étang ? » «Pour sûr que non ! » répondit le jeune. Le rav dit alors : « Tu vois mon fils, la quantité de sel que j’ai mise dans le verre c’est exactement la même quantité que j’ai lancée dans cet étang. Donc pourquoi la première fois tu n’as pas supporté l’eau et cette fois cela ne te dérange pas ? C’est qu’une poignée de sel dans 15 cl ce n’est pas le même dosage qu’une poignée dans ces milliers de mètres cubes ! De la même manière, continua le rav, dans la vie, la quantité de souffrance de chacun est fixée du Ciel, ce n’est pas dans nos mains. Tout le problème est de savoir comment on choisira de gouter ce volume de sel (de peine) : est-ce que l’on décidera de mettre cette amertume dans une toute petite coupe ou alors, on décidera de verser cette portion dans un grand plan d’eau ! C’est-à-dire que l’homme a la possibilité de faire un gros plan sur ses peines ou non. Il peut choisir de s’en sortir et de voir l’ensemble du paysage qui est généralement beaucoup plus valorisant. Par exemple de voir toutes ses réussites, les bonnes cartes qu’il possède, chacun suivant les efforts qu’il a déployés tout le long de sa vie. Donc la question centrale d’un homme est de savoir s’il veut rester sur ses «échecs» ou voir la beauté du paysage qui l’entoure. Fin de la très intéressante anecdote du rav Bidermann chlita. Et pour donner un exemple qui va sans nul doute nous aider à transvaser cette coupe de peines dans l’étang, on rapportera l’exemple incroyable du rav Yossef Chalom Kahaneman zatsal. C’était un des élèves proches du ‘Hafets ‘Haïm d’avant-guerre. Durant la grande tourmente il perdit sa femme et ses DIX enfants qui étaient restés en Lituanie. Arrivé en Erets, encore en pleine guerre cet homme décida que c’était le moment de reconstruire une Yechiva sur une des collines de Bené Braq. On était en 1944 et à l’époque, la machine de destruction du peuple juif par les nazis marchait à son plus fort rythme (malgré les défaites militaires cuisantes). C’est précisément à cette période parmi les plus sombres qu’a pu connaitre le Clall Israël que rav Kahaneman avec le ‘Hazon Ich se réunirent sur cette colline pour édifier une grande Yechiva. Au moment où les deux sommités mirent la pierre fondatrice de l’édifice on pouvait voir des pleurs et larmes qui coulaient sur les joues de ces deux Tsadikim (et de toute la petite assistance).

A l’époque on prenait le rav Kahaneman pour un homme déraisonnable étant donné la période. Au final, cet édifice devint après quelques années le phare de toute la Tora en Erets et dans le monde entier, car il s’agissait de la Yechivath Poniovez où des dizaines de milliers d’élèves ont étudié la Tora depuis son édification. Donc on voit un exemple fantastique de comment diluer sa coupe : grâce à une très grande Emouna/foi dans le Boré O’lam qui va aider à surmonter cette dose de très gros sel. Et les résultats seront INCROYABLES au-delà de toutes les espérances : mieux encore que le bon plat de ‘Harosseth de la nuit du Séder, n’est-ce pas?

Coin Halakha: sur la Sefirath Ha’omer. Depuis le 2ème jour de Pessa’h jusqu’à la fête de Chavou’oth nous devons compter les 49 jours du ‘Omer : ce sont les jours qui séparent les deux évènements (sortie d’Egypte et don de la Tora). Le décompte se fait au début de la nuit après la prière du soir. Le 1er jour on décomptera 1 jour du ‘Omer, le lendemain 2 jours du ‘Omer jusqu’au 7ème jour où l’on dira 7 jours qui sont une semaine. Ainsi de suite jusqu’au 49ème jour qui forment 7 semaines. La Mitsva c’est compter les jours et les semaines. Comme il s’agit d’un décompte, on devra obligatoirement comprendre le sens de nos paroles (c’est différent des autres Mitsvoth comme la prière ou le Birkat Hamazon où l’on pourra simplement «réciter» le texte en langue sainte sans comprendre et l’on sera quitte (Michna Beroura 489 sq 5). Les femmes ne sont pas astreintes à cette Mitsva car c’est un commandement positif (de dire) qui est lié au temps.

Chabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.

David Gold

Tél : 00972 55  677 87 47

E-mail : dbgo36@gold1.fr

Une Tefila pour tous les captifs juifs de Gaza que Hachem les aide et les sorte du Guéhinom.

Je propose une très belle MEguila (sur parchemin) de la Meguila de Ruth qu’on lira à Chavou’oth prochain dans les synagogues prendre contact au 055 677 87 47

Une Berakha d’encouragement dans la pratique à Reouven (Olivier) Kantorovitch (Natanya) et une bonne santé.

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