Lors d’un discours au parlement canadien, le Premier ministre Justin Trudeau a présenté les excuses officielles au nom du Canada pour avoir refusé d’accueillir des Juifs qui fuyaient le nazisme. C’est en répétant à plusieurs reprises “Plus jamais!” que le Premier ministre a longuement évoqué la tragédie du bateau allemand le “MS Saint Louis”, empli de Juifs, que le Canada refusa de faire accoster. Le bateau dut retourner en Europe et une partie des quelques neuf-cent passagers juifs furent déportés et exterminés dans les années qui suivirent.
«De porter une telle haine et une telle indifférence face à des réfugiés, c’est partager la responsabilité morale de leur mort. Bien que des années ont passé depuis que nous avons tourné notre dos aux réfugiés juifs, le temps n’a aucunement absous le Canada de sa culpabilité et diminué le poids de sa honte», a déclaré le premier ministre devant des députés stupéfaits.
Justin Trudeau s’est longuement étendu sur les excuses: «Nous devrions avoir honte de l’histoire du ‘Saint Louis’ et du mauvais traitement qu’ont subi les juifs avant, pendant et après la Seconde Guerre mondiale (…). Le Canada a failli misérablement et il existe peu de doute que notre silence a permis aux nazis de parvenir à leur ‘solution finale’ à ce qu’ils appelaient ‘le problème juif'(…). Lorsque le Canada a refusé l’asile aux 907 Allemands juifs à bord du ‘MS Saint Louis’, nous avons laissé tomber non seulement ces passagers, mais aussi leurs descendants et leur communauté’ (…). Ces excuses ne pourront pas ramener ceux dont la vie a été volée, ni réparer les vies brisées par cette tragédie. Cependant, nous avons la responsabilité commune de reconnaître cette réalité difficile, d’en tirer des leçons, et de continuer à nous dresser contre l’antisémitisme tous les jours. C’est ainsi que nous donnerons un sens au vœu solennel: ‘Plus jamais’!».
Le 13 mai 1939, le «MS Saint Louis» quittait le port de Hambourg avec à son bord près de mille passagers, dont neuf cent sept juifs allemands qui fuyaient le nazisme et la guerre qui s’annonçait. Le bateau fut d’abord refusé à Cuba, puis aux Etats-Unis et enfin au Canada au nom d’une politique migratoire qui se résumait à l’époque à cette tragique boutade: “Un seul, c’est encore de trop!”.
Parmi les très nombreuses réactions positives à cette prise de position courageuse, il y a eu celle d’Annette Wildgoose, habitante d’Ottawa et fille de l’une des femmes réfugiées sur le MS Saint Louis, Alice Meister, née à Leipzig et âgée alors de 19 ans. Cette dernière eut la chance de pouvoir être ensuite accueillie en Grande-Bretagne et avoir la vie sauve. Ce n’est que lorsqu’elle fut âgée de 70 ans qu’elle commença à raconter son passé à ses enfants.
Très émue, Annette Wildgoose a tenu à assister au discours du Premier ministre canadien au Parlement.
Par une ironie du hasard, ce discours magistral intervient au moment où, à l’autre bout de l’Atlantique, un président de la République française rend un hommage plus que critiquable au maréchal Pétain qui envoya des milliers de Juifs à la mort.
Source lphinfo.com