CPI, Liban : la diplomatie française ou la politique de l’impuissance

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Par Pierre Lurçat 

La diplomatie française au Proche-Orient est très souvent, on le sait bien, faite de gesticulations sans grande portée et de mensonges. Jabotinsky avait déjà observé, il y a plus de 100 ans, après sa rencontre avec le ministre français Delcassé,

que celui-ci « était resté fidèle à l’ancienne école “classique” de la diplomatie : celle des adeptes du secret et du mystère, dont Talleyrand a résumé la doctrine dans une formule immortelle – “la parole a été donnée à l’homme pour déguiser sa pensée” »1.

Jean-Noël Barrot n’est certes pas Delcassé et la France actuelle n’est qu’un triste avatar de la puissance qu’elle fut jadis.

Ce qui rend encore plus ridicules les propos de ses dirigeants actuels – et ceux d’Emmanuel Macron en premier lieu – c’est le fait que la France continue de parler officiellement comme si elle était encore la puissance d’autrefois, en sermonnant le monde entier et en prétendant donner des leçons aux dirigeants véritables que sont (pour ne citer que deux exemples) B. Nétanyahou ou Donald Trump.

L’interview donnée ce matin par le ministre Jean-Noël Barrot est un nouvel exemple de la tartufferie française :

Ce petit monsieur, qui s’est récemment illustré en créant de toutes pièces un esclandre à Jérusalem, a le toupet de présenter l’accord de cessez-le-feu conclu entre Israël et le Liban comme « le fruit d’un travail d’arrache-pied » et comme « un succès pour la diplomatie française ».

M. Barrot a encore le toupet de décrire la guerre entre Israël et le Liban comme une « tragédie » qui « menaçait l’existence même du Liban », sans parler des attaques contre Israël et des milliers de citoyens israéliens réfugiés dans leur propre pays, et sans prononcer le mot Hezbollah !

Dans la suite de l’interview, après avoir fait l’éloge de la FINUL dont tout le monde sauf lui a constaté l’incapacité et la collaboration active avec le Hezbollah, M. Barrot est interrogé sur la décision de la CPI d’émettre des mandats d’arrêt contre le Premier ministre et le ministre de la Défense israéliens. Là encore, le ministre français nous livre une « perle ». Verbatim :

France-Info : « Si le Premier ministre israélien venait à poser le pied sur le sol français, concrètement, et sans langue de bois, est-ce qu’il serait arrêté ?

J.-N. Barrot : « D’abord, le veux le rappeler, la France est très attachée à la justice internationale et elle est très attachée à ce que la Cour pénale internationale puisse travailler….

France-Info : « Donc vous respecteriez le droit international, cela veut dire qu’il serait arrêté s’il posait le pied en France ?

J.-N. Barrot : « La France appliquera comme toujours le droit international, qui repose sur ses obligations à coopérer avec la CPI, obligations vis-à-vis de son adhésion au Statut de Rome, qui prévoit et qui traite des questions d’immunité de certains dirigeants, en tout état de cause c’est à l’autorité judiciaire qu’il appartiendra de se prononcer ».

En langage clair et sans langue de bois : la France ne fera rien, car c’est ce qu’elle sait le mieux faire !

Mais gageons que M. Nétanyahou n’ira pas en France, car il n’a rien à faire dans ce pays devenu, sous Macron, un des pays les plus anti-israéliens d’Europe. PL

 

Pierre Lurçat, Vu de Jérusalem


1 Dans Jabotinsky, Histoire de ma vie, éditions l’éléphant 2022.

NB J’ai évoqué la décision de la CPI au micro de Daniel Haïk sur Studio Qualita hier matin.

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