Le philosophe Alain Finkielkraut a estimé que la comparaison effectuée par Vincent Peillon entre les musulmans de France aujourd’hui, et les Juifs sous Vichy, était « absurde », « scandaleuse » et « obscène », dans une interview accordée à i24news.
Finkielkraut s’est dit « stupéfait » de la comparaion du candidat à la primaire initiée par le PS, rappellant qu' »il n’y avait ni djihadistes juifs dans les années 30, ni d’enfants juifs traitant leurs condisciples de souche +de sales Français+ ».
Selon le philosophe, une telle comparaison « masque la réalité de la montée d’un antisémitisme musulman en France », précisant que tous les musulmans n’étaient pas antisémites.
« Ce type de comparaison est un lieu commun de la doxa islamo-gauchiste qui sévit dans les milieux intellectuels », a affirmé Finkielkraut, qui a regretté qu’une telle analogie soit reprise par Vincent Peillon.
Pour le philosophe, les raisons qui ont poussé le candidat socialiste à une telle comparaison sont « purement électoralistes ».
Mardi soir, dans « L’Emission politique » sur France 2, l’ancien ministre de l’Éducation a fustigé ceux qui « veulent utiliser la laïcité – ça a déjà été fait dans le passé – contre certaines catégories de populations ».
« C’était il y a quarante ans (sic) les Juifs, à qui on mettait des étoiles jaunes, c’est aujourd’hui un certain nombre de nos compatriotes musulmans, qu’on amalgame d’ailleurs souvent avec les islamistes radicaux: c’est intolérable », a poursuivi le député européen.
Comme on lui demandait s’il visait ainsi l’ancien Premier ministre Manuell Valls, un de ses concurrents à la primaire, Vincent Peillon a répliqué: « Le problème n’est pas Manuel Valls en France, le problème c’est le fascisme rampant de Madame (Marine) Le Pen ».
Mercredi, Vincent Peillon a tenu à « préciser (sa) pensée et (sa) conviction qu’une contraction de phrases a pu déformer ».
« Le régime de Vichy ne se réclamait pas de la laïcité, bien au contraire. Et ce qu’ont vécu les Juifs sous Vichy ne saurait être banalisé d’aucune façon », a-t-il souligné dans une déclaration écrite, ajoutant: « Tout cela, je le sais charnellement et intellectuellement mieux que quiconque, par mon histoire personnelle, par mes travaux, par mes combats politiques énergiques pour la laïcité, et contre le racisme et l’antisémitisme ». Vincent Peillon est issu d’une famille juive alsacienne par sa mère.
Avant cette mise au point, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) avait vivement dénoncé dans un communiqué la phrase du candidat: « L’histoire de la déportation de plus de 75.000 Juifs, de la spoliation des biens juifs ou des lois discriminatoires comme le port de l’étoile jaune ne saurait être dévoyée et instrumentalisée au nom d’un soi-disant équilibre des souffrances ».
Interrogé sur l’expression de « fascisme rampant », le vice-président du Front national, Florian Philippot, a pour sa part lancé: « M. Peillon sera dans l’insulte s’il le souhaite ».
Il « nous a expliqué hier que la laïcité avait été à l’origine de l’étoile jaune et aujourd’hui de l’amalgame entre islamisme et islam (…). Donc, bon, n’importe quoi (…), il ferait mieux de réviser un peu son histoire », a cinglé le n°2 du FN sur Sud Radio et Public Sénat.