Université, armée, grands groupes et startups, comment Israël devient un modèle en cyberdéfense
Par Gilles Fontaine
A Beer-Sheva, en plein désert, ou à Tel-Aviv, au coeur de la tech, l’industrie cyber développe un savoir-faire unique. Reproductible en France ?
Calme, anormalement calme, le campus de l’université Ben-Gourion (BGU), à Beer-Sheva. En ce jeudi 14 novembre, le site reste en état d’alerte et les 20 000 étudiants ont été priés de limiter leurs déplacements. Pas de risques inutiles. Deux jours plus tôt, l’armée israélienne a éliminé un commandant du Jihad islamique dans la bande de Gaza, déclenchant une riposte musclée de la faction palestinienne : 450 roquettes tirées vers Israël en 48 heures. Le professeur Dan Blumberg n’a pas tenu compte des appels à la prudence. « Une roquette est tombée sur le campus il y a quelques années, mais nous avons depuis appris à nous protéger », explique-t-il. La solution tient en trois mots : dôme de fer, le système de défense ultrasophistiqué mis au point par Tsahal pour protéger le territoire israélien. Le symbole de l’avance israélienne en matière de cyberdéfense.
Le professeur Blumberg a consacré l’essentiel de sa carrière à la scène cyberisraélienne. Et depuis quelques années un projet accapare son énergie : vice-président en charge du développement régional et industriel, il veut placer la capitale du Neguev, Beer-Sheva, au centre de cet écosystème. Son bureau est exposé plein nord, avec des immeubles et des grues de chantier pour seul horizon. « Ici, il y a six ans, il n’y avait que du sable », jubile-t-il. A une heure de train de Tel-Aviv, le High-Tech Park comprend aujourd’hui trois bâtiments où logent quelque 70 entreprises qui emploient près de 2 500 personnes. Des ingénieurs pour la plupart. Un quatrième building doit être inauguré dans les prochains mois. Dans dix ans, le site comprendra une quinzaine d’immeubles, représentant 10 000 jobs high-tech. Très symboliquement, le gouvernement y a installé son Centre d’alerte et de réaction aux attaques informatiques (CERT), logé dans un bunker, au premier étage du building 1. L’armée doit aussi y implanter prochainement ses divisions d’élite dans la cyber : la prestigieuse unité 8 200 et le Corps C4i, spécialiste du télétraitement, soit quelque 7 000 spécialistes.