Autour de la table de Chabbat, n°401 Nitsavim-Vayélekh
Ces paroles de Tora seront lues Li-ilouï Nichmath de mon père Ya’akov Leib ben Avraham Natté et de mon beau-père rabbi Yihïa Ben Moshé תנצבה
Cette semaine notre paracha est double : « Nitsavim » et « Vayélekh ». C’est le dernier jour de la vie de notre Maître Moché Rabbénou. Le Clall Israël va rentrer dans une nouvelle alliance (Brith). Les commentateurs demandent de quel genre de Brith il s’agit. Nous sommes déjà rentrés précédemment dans l’alliance de la Tora au Mont Sinaï et plus tard dans les vallées de Moav ? Et de répondre qu’il s’agit d’un pacte au niveau de la responsabilité collective. En effet, dorénavant le peuple ressemblera à un majestueux navire qui vogue sur les mers bleues. Et si, à D’ ne plaise, un vacancier venait à planter sur la cloison de sa cabine un magnifique bibelot, acheté à 5 $ sur une des îles paradisiaques, il risque fort de mettre fin à cette croisière hautement cultivée, n’est-ce pas ; en plein mois d’août à la grande stupéfaction des centaines de vacanciers et des membres d’équipages… Car vous le savez, faire un trou dans les parois d’un navire risque d’entraîner un naufrage… Pareillement pour le Clall Israël, lorsqu’un membre de cette collectivité cette fois véritablement hautement spirituelle, vient à dédaigner les Mitsvoth, cela fait tanguer le navire… Et s’il n’y avait pas les Tsadikim de la génération qui viennent rééquilibrer la balance, les dégâts seraient importants pour l’ensemble de la communauté. Ce qu’on nomme la responsabilité collective apprise dans notre paracha.
Les versets qui suivent seront optimistes. S’il est vrai qu’au début, la Tora nous apprend que dans le futur la communauté devra passer toutes sortes d’épreuves. Cependant, il est indiqué qu’à la fin des temps tout le monde fera Techouva-repentir. A cette époque bénie, votre feuillet préféré « Autour de la Table du Chabbat » n’aura plus besoin d’être diffusé car d’une manière automatique toute la communauté sera bien engagée. C’est une grande nouveauté, ‘Hidouch, et c’est très optimiste de savoir que même les âmes égarées au fin fond de l’Ardèche ou sur les hauteurs de Katmandou, seront irrésistiblement attirées par tout ce qui concerne Tora et Mitsvoth. Fini les longs habits blancs et roses ou oranges des fervents séminaristes d’Inde. Par miracle, un vent de sainteté soufflera jusque dans ces coins éloignés du globe et au final ils viendront sur la montagne de Tsion avec veste et chapeau ! Vaste programme. D’ailleurs pour la petite histoire, ma ‘Havrouta, compagnon d’étude, est parti il y a tout juste deux semaines pour la lointaine Amérique Latine, en Équateur, avec deux autres Rabbanim afin d’opérer la conversion de près de 30 autochtones d’une ville perdue qui n’est même pas la capitale. Ce groupe avait fait une démarche des plus authentiques afin de se rapprocher de la Tora depuis 4 ans. Les femmes se couvrent la tête, les hommes portent chapeaux et vestes, tandis que leur rav est un ancien prêtre qui a tout lâché, sa communauté et sa place il y a déjà 15 ans pour venir en Erets Israël, apprendre la Tora pendant 3 ans et revenir dans son pays natal avec sa femme rencontrée en Israël qui le suivra dans sa démarche afin de montrer à tous, qu’il existe encore de vraies valeurs sur terre : la Tora et les Mitsvoth. Donc si ces « métis » du bout du monde ont adopté la voie d’un judaïsme authentique alors qu’ils n’ont jamais eu aucune connaissance du judaïsme, si ce n’est à travers ce qu’ils regardaient sur leurs téléphones, je présume, à plus forte raison qu’on devra nous aussi faire un effort dans la pratique à l’approche des jours redoutables de Roch Hachana et Kippour.
C’est le sens du verset de notre paracha (Ch 30 ver. 1) « Et tu placeras sur ton cœur… » Après la période de Galouth, Hachem fera naître dans le cœur des exilés une volonté de se rapprocher de Hachem. « Et tu reviendras jusqu’à D’… et tu écouteras Sa voix« . C’est la certitude que le peuple fera un véritable repentir. « Et Il fera revenir les autres, avec plein de mansuétude. » Le Or Ha’haïm sur ces mêmes versets, explique qu’il s’agit des étincelles de saintetés qui sont captives des forces du mal, et à la fin des temps Hachem les fera revenir à leur racine (voir la communauté de l’Équateur). « Et Hachem circonciras ton cœur et celui de ta progéniture afin que tu en viennes à aimer Hachem« . Le Or Ha’haïm demande : après que l’on ait fait Techouva comme c’est écrit dans les premiers versets, quelle est la signification de ce dernier verset : circoncire le cœur ? Sa réponse est qu’il existe trois niveaux de retour.
Le premier c’est : « Tu reviendras à Hachem, tu L’écouteras… ». Il s’agit de l’étude de la Tora. C’est le début de la Techouva. Le saint Zohar écrit que c’est grâce à l’étude de la Tora, des cours de la synagogue et les Collelim que le Clall Israël sera libéré.
Le deuxième c’est « VeMal ( circoncire le cœur) ». C’est le symbole pour nettoyer les épaisseurs qui obstruent notre cœur, l’attirance pour le mal. Vis-à-vis de ces mauvais traits de caractères, Hachem fera naître dans la génération, des sentiments de crainte et d’amour du Ciel et l’envie pour tout ce qui touche les affaires saintes.
Le troisième c’est l’application des Mitsvoth positives, Mitsva Assé.
De cette lumineuse explication, on aura appris que la base de la Techouva du Clall Israël c’est l’étude de la Tora. Même si un homme peut être assez loin de la pratique, l’étude des textes l’amènera à se rapprocher de son D’.
Quand on a encore à apprendre des Guérim.
Notre histoire est rapportée par le regretté rav Yaguen zatsal. Il s’agit d’un Avrekh Tsadik, le rav Yossef de Jérusalem qui racontait une histoire tout à fait spectaculaire se déroulant entre Paris et Ramat Gan. Le rav Yossef est un homme qui n’a peur de rien pour promouvoir le judaïsme. Il va partout dans le pays où coulent le lait et le miel, pour diffuser la voix de la Tora. Une fois il prit le bus en direction de Ramat Gan et arriva dans l’après-midi dans l’artère principale de la ville re’hov Jabotinsky. La première des choses qu’il fit c’est de se rendre dans la synagogue la plus proche. Un écriteau prévenait le public qu’à cinq heures la prière de Min’ha avait lieu. Il attendit patiemment l’arrivée du gabay. Vers l’heure dite arriva un grand gaillard vêtu d’un short et de tatanes, nu-pieds avec une chemise largement ouverte. C’est le gabay, le secrétaire, il s’appelle Jacques. Ce dernier dévisagea rav Yossef et lui dit de but en blanc : « Vous savez, ici on ne demande pas de Tsedaka aux fidèles!» Rav Yossef acquiesça mais demanda s’il pouvait dire un mot de Tora entre Min’ha et Arvit. Jacques dit : « En aucune façon! Ici on vient pour prier et pour rien d’autre ». Rav Yossef demandera d’être l’officiant, ce que le gabay accepta. A l’heure dite le public commença à se regrouper et la prière commença. Notre homme dira toute la prière avec beaucoup d’application mots à mots depuis «Pata’h Eliahou», les Korbanoth jusqu’à la ‘Amida. A la fin, rav Yossef demanda à nouveau de dire un petit mot, cette fois, Jacques, le gabay fut d’accord. Notre Tsadik fera un court discours : « Il est marqué dans la prière, Zoréa Tsédakoth, Matsmia’h Yechouoth et Boré Refouoth », Hachem fait germer la Tsedaka de l’homme, amène la délivrance et finalement guérit les malades » expliqua rav Yossef. Des fois il se peut qu’un Juif loin de la Tora fasse une fois dans sa vie une tsedaka. Or comme il est plein de fautes sa Mitsva ne monte pas au Ciel. Hachem la conservera jusqu’au jour où notre homme en aura besoin. Par exemple cet homme fait Techouva mais après un certain temps tombe malade. C’est alors que Hachem ressort la Mitsva faite dans le passé et le sauve de la mort. C’est le mérite de sa Tsedaka qui le sauve !»
A peine son Dvar Thora terminé que Jacques l’interpelle en disant que cela s’applique EXACTEMENT à lui, et qu’il tient après ‘Arvit à lui raconter son histoire personnelle. Après la prière, Jacques se tourne vers notre homme et lui raconte son histoire. « Il y a quelques années en arrière, j’habitais Paris et j’étais coiffeur. A l’époque j’étais à des années lumières de toute pratique, je coiffais les hommes comme les femmes. Une fois est entré dans la boutique un «religieux» qui m’a demandé de l’aide car il n’avait rien à manger pour Chabbat. Je ne sais pas ce qui m’a pris mais pour la première fois de ma vie j’ai ouvert ma caisse et je lui ai tendu toute ma recette du jour. Il est sorti en me remerciant. Quelques jours plus tard une cliente habituelle est entrée dans le salon pour se faire coiffer. Après avoir fait mon travail elle resta sur le siège et elle ne voulait plus bouger. Je lui demandais de quitter le salon, « car je ne fais pas deux coupes pour le prix d’une ». Elle me répondit: «Je veux me marier avec toi !» Je lui dis «c’est impossible! Tu es une Française (non-juive) et moi je suis juif ! Tu n’as qu’à te marier avec un français comme toi». A l’époque j’étais très éloigné, mais, pour tout l’or du monde je ne l’aurais pas fait (ndlr, pas mal, quand même…). Cette femme continuera et dévoilera : « Tu sais, je suis une femme très riche. Tout ce que je veux je peux l’avoir. Seulement je tiens à une chose dans ma vie : me rapprocher du Créateur du monde, et le servir ! Or je sais une chose, c’est uniquement si j’arrive à me marier avec un Juif que j’arriverai à me rapprocher de Lui ! (Ndlr, voir mon développement précédent). Je lui dis alors que je n’étais pas du tout religieux. Elle me répondit que ce n’était pas grave. Elle dit : « Je commence à faire une conversion et ensuite nous nous marions dans une entente mutuelle. Je fais ce que je veux et toi tu fais ce que tu veux et je ne te ferai aucune réflexion ! Es-tu d’accord? ». Je répondis que oui… Après sa conversion en bonne et due forme (elle n’était pas du groupe d’Amérique du Sud) nous nous sommes mariés. Les années passèrent, ma femme priait une bonne partie de la journée tandis que moi, je ne faisais ni le Chabbath, ni la prière en un mot un incroyant! Ma femme m’a même acheté des Tefilines (Mehoudarim, par un bon Sofer qui sait écrire ashkénaze et séfarade…) mais jamais je ne les ai pas mises (ndlr, que D’ nous en préserve)! Une fois, un matin alors qu’il était 7h30, je m’apprêtais à partir au salon, ma femme déposa alors devant moi mes Tefilines en me demandant de les mettre. A ce moment, j’ai piqué une colère, pris les Tefilines et les ai jetées (Hachem Yichmor… et je vous en passe…) Ma femme a poussé un cri, courut et partit les ramasser. Comme ma femme s’est souvenue de la condition de notre mariage elle m’a laissé partir au travail. Toute la journée, elle pria et fit des Tehilim pour amadouer la justice du Ciel. A mon retour je n’ai rien dit, j’ai dormi et durant la nuit j’ai fait un rêve. Je me voyais sur le balcon tandis qu’il y avait une grande fissure sur le mur. Le balcon était prêt à s’effondrer tandis que ma femme était de l’autre côté avec les enfants, car j’avais alors des enfants. Je commençais alors à crier et appeler ma femme à la rescousse, sans réponse. Fin du rêve. Le matin je pars comme à d’habitude au boulot. Seulement lorsque je vais pour prendre ma voiture voilà que je sens mes forces me quitter et je m’écroule par terre : un grand gaillard comme moi qui n’arrive pas à bouger le petit doigt de la main ! Mes amis autour de moi le prennent à la rigolade mais finalement ma femme arrive et prévient l’ambulance. Ce même jour j’ai fait huit visites d’hôpitaux et dans chacun, on a procédé à toutes sortes d’examens etc… Tout était OK mais mon corps ne répondait pas. Je fus alors hospitalisé, et ce pendant une année entière. Ma femme Tsadékette avait mis à mon service quatre infirmières. De plus, elle venait à mon chevet presque tous les jours avec un journal et des sucreries. J’ai mis un an pour faire le rapprochement entre mon mal et les Tefilines. Au bout d’un an, à la même date jour pour jour de l’épisode des Tefilines, j’ai demandé à ma femme qu’elle m’apporte pour le lendemain mes Tefillines afin de les mettre. Ma femme a pleuré d’émotion car elle savait depuis le départ que ma maladie était due à cela. La nuit même à nouveau je fis un rêve. Cette fois-là, le balcon était ressoudé, la famille et ma femme étaient à mes côtés ! Quand je me suis réveillé le matin j’ai compris que ma maladie était terminée, que bientôt je sortirai de l’hôpital. Les infirmières n’y croyaient pas, mais moi, je leur disais « mes Tefilines sont bien posés sur ma tête et sur mon bras, le balcon est en place avec ma famille : c’est fini je suis guéri !» Effectivement, quelques jours plus tard, Jacques sort de l’hôpital, avec ses Tefilines et surtout un nouveau cœur (Techouva) .
Il aura fallu douze mois pour comprendre.
Coin Halah’a : la coutume sefarade est de se lever tôt le matin pour demander les « Seli’hoth », pardons depuis le début du mois de Elloul. Le Minhag Ashkenaze est différent : on ne commencera à lire les Seli’hoth que depuis la semaine qui précède Roch Hachana. Cette année on commencera ce dimanche 10 septembre 2023. La veille de Roch Hachana vendredi 15, le Minhag est de jeûner, le Rama rajoute qu’on n’aura pas besoin de jeûner toute la journée, on se suffira jusqu’à la mi-journée. On se coupera les cheveux et on lavera ses vêtements la veille de Roch Hachana. Il y en a qui ont l’habitude d’aller au cimetière pour multiplier les prières la veille du nouvel an (Or Ha’haim 581).
Shabbat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut.
David Gold, soffer
Tous ceux qui sont intéressés à la publication de la 2ème saison du livre de « Au cours de la Paracha » peuvent prendre contact au tél : 06 60 13 90 95 ou en Erets 055 677 87 47
Une prière de Réfoua Chéléma à Sarah Rivka Bat Sima Léa, parmi les malades du Clall Israël