Hommage par Joël Hanhart pour Tribune Juive
📜 La trajectoire de Chelomo Mantsour, assassiné à 85 ans lors de l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, illustre tragiquement la persistance de l’antijudaïsme au Moyen-Orient.
L’armée israélienne vient de confirmer son décès, survenu le jour même de son enlèvement du kibboutz Kissoufim, son corps restant détenu à Gaza par le Hamas.
📜 Né en Irak, Mantsour survit enfant au Farhoud, pogrom qui ensanglante la communauté juive de Bagdad les 1er et 2 juin 1941.
Cette explosion de violence, qui fait 180 morts et détruit plus de 900 maisons juives, s’inscrit dans le contexte des sympathies pro-nazies au Moyen-Orient, incarnées notamment par le Grand Mufti de Jérusalem, Hadj Amin al-Husseini, figure tutélaire du palestinisme.
Ce dernier, après avoir rencontré Hitler à Berlin en novembre 1941, orchestrera la propagande nazie vers le monde arabe via Radio Berlin et participera au recrutement de musulmans bosniaques pour la SS. Son héritage est revendiqué par le Hamas comme par le Fatah.
📜 En 1951, comme de nombreux Juifs irakiens, Mantsour fait son alyah. Il devient l’un des fondateurs du kibboutz Kissoufim, où il construit une vie exemplaire d’intégration.
Travailleur polyvalent, il partage son temps entre un poulailler et une usine de lunettes, tout en développant des talents de menuisier et de joaillier.
Sa famille s’enracine dans le pays : cinq enfants, douze petits-enfants, et près de soixante ans de mariage avec son épouse Mazal.
📜 Le 7 octobre 2023, des membres du Hamas font irruption dans leur domicile.
Ils menottent Mantsour et l’emmènent de force, tandis que Mazal parvient à s’échapper et trouve refuge chez une voisine.
L’annonce de sa mort, confirmée par l’armée israélienne sur la base de renseignements recueillis ces derniers mois, frappe durement le kibboutz Kissoufim, où il incarnait une figure paternelle respectée.
📜 Le parcours de Chelomo Mantsour dessine une douloureuse symétrie historique : survivant dans sa jeunesse au Farhoud, expression de l’antisémitisme en terre irakienne, il périt octogénaire sous les coups d’un autre mouvement antisémite, agité par les mêmes démons, soutenu par les mêmes ordures.
Son histoire personnelle témoigne de la persistance des idéologies de haine au Moyen-Orient, du début des années 1940 jusqu’à nos jours. Elle pointe surtout un doigt accusateur contre tous ceux qui soutiennent la cause mortifère de ses assassins.
