La reconnaissance précipitée d’un État palestinien : un geste controversé et contre-productif
L’Irlande, l’Espagne et la Norvège ont officialisé mardi 28 mai la reconnaissance d’un État palestinien, cette initiative coordonnée des trois pays européens fait suite à des annonces en ce sens la semaine dernière. Elle porte à 145 le nombre d’États membres de l’ONU reconnaissant désormais la Palestine comme un État, selon un décompte palestinien. La reconnaissance par Madrid, Dublin et Oslo est perçue comme un geste fort pour soutenir la solution à deux États et faire pression sur Israël, malgré l’opposition du gouvernement Netanyahou. En représailles, Israël a rappelé ses ambassadeurs en Irlande et en Norvège.
Divisions au sein de l’UE
Si la Slovénie devrait également reconnaître prochainement la Palestine, la question divise profondément l’UE. Certains pays, comme la France et l’Allemagne, jugent qu’il n’est pas encore le bon moment ou conditionnent une telle reconnaissance à l’issue de négociations. D’autres États membres sont plus réticents, craignant que cela ne compromette définitivement le processus de paix. Le Royaume-Uni a évoqué une possible reconnaissance après un cessez-le-feu à Gaza.
En accusant l’Espagne d’être « complice » d’appels au génocide, Israël dénonce à juste titre le double discours des pays qui affirment vouloir la paix tout en légitimant des groupes comme le Hamas, ouvertement hostiles à l’existence même d’Israël. Cette reconnaissance prématurée d’un État palestinien revient à récompenser l’intransigeance et le rejet du dialogue plutôt qu’à encourager un rapprochement entre les parties.
Les défenseurs de la solution à deux États, plébiscitée par les grandes puissances arabes modérées, craignent que cette initiative ne renforce le Hamas dans son refus obstiné de reconnaître Israël. En se plaçant dans une logique unilatérale au lieu de privilégier les négociations de paix, ces pays européens fragilisent les efforts de résolution du conflit.
Il est certes logiques de leur part de vouloir mettre la pression sur Israël au nom de la paix, mais cette reconnaissance précipitée ne fera qu’attiser les radicalismes des deux côtés. Au lieu d’imposer des décisions par le haut, la communauté internationale ferait mieux d’user de sa persuasion pour amener toutes les parties à reprendre le chemin des négociations, seule voie crédible pour une paix juste et durable au Proche-Orient.
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