Cagnotte fiscale – Ka’halon veut la réserver à sa base électorale

Le ministre des Finances a dévoilé de nouveaux allègements fiscaux pour les familles qui travaillent et déclenché une polémique en annonçant son plan sans en informer le premier Ministre.

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Finance Minister Moshe Kahlon

Le ministre des Finances, Moshe Ka’halon, a présenté mardi une série d’allègements fiscaux et de bénéfices censés augmenter le revenu net des familles travailleuses pauvres et moyennes de milliers de shekels par an.

La mesure phare,  intitulée « Net pour la famille », est un package de 4 milliards par an qui comprend des subventions les activités extrascolaires, des crédits d’impôt supplémentaires pour les parents salariés d’enfants jusqu’à l’âge de 6 ans, des suppléments de revenu plus élevés pour les ménages à faible revenu, la péréquation des crédits d’impôt pour les pères et les mères qui travaillent, et des réductions de taxes sur les vêtements, les chaussures et les téléphones portables pour enfants.

Ce plan a reçu de nombreux éloges, mais, pour beaucoup, l’accent a été mis sur ce qui a été laissé de côté – le Premier ministre Benjamin Netanyahou, qui curieusement n’a pas été  informé à l’avance ni invité à la conférence de presse où Ka’halon a présenté son projet.

Ka’halon s’est défendu d’avoir snobé le Premier ministre, en disant que l’initiative était «une continuation de la politique du gouvernement», de sorte qu’il n’y avait pas lieu «de mettre à jour quiconque. Rien de spécial n’est arrivé ici. Nous appliquons la politique du gouvernement.  »

Il a néanmoins lancé des piques en direction à la fois de Netanyahou et de son rival politique Yair Lapid, chef du parti de l’opposition Yesh Atid, lorsqu’il a fait référence – sans nommer personne – à leurs anciens rôles en tant que Ministres des finances, en disant qu’il était possible de parler de « du gros et du mince », ou de demander « où est l’argent? « , mais que jusqu’à aujourd’hui, rien n’avait été fait pour la classe moyenne.

Netanyahou est connu pour avoir employé la parabole de l’homme mince – le secteur privé – portant le gros homme, le secteur public, tandis que Lapid a utilisé «où est l’argent?» comme slogan de campagne en 2012 (la réponse de Lapid était où on sait, chez les religieux).

Ka’ahlon s’est positionné comme le champion de la classe moyenne, qui avait pris la rue en 2011 lors de manifestations pour la justice sociale à l’échelle du pays, exigeant des logements abordables et un coût de la vie moins élevé.

Le programme de Ka’halon s’adresse à deux populations travailleuses principales: les familles dont le revenu est inférieur au minimum d’imposition, ce qui signifie qu’elles ne sont pas éligibles à certains suppléments de revenu, et les familles de la classe moyenne qui sont juste au-dessus du seuil d’imposition.

Selon les chiffres publiés par le ministère des Finances, les changements ajouteront des centaines de shekels au budget mensuel d’une famille.

« Aujourd’hui, l’État d’Israël dit clairement aux travailleurs israéliens qu’il sait et pas seulement prendre », a déclaré Ka’halon. Il a ajouté que son programme visait à encourager les gens à travailler et qu’il établirait plus d’égalité tout en maintenant la responsabilité fiscale.

« En réduisant les droits de douane sur les vêtements, les chaussures et les téléphones portables pour un coût de centaines de millions de shekels et en ajoutant des crédits [de taxes] pour les parents, nous augmenterons le revenu disponible des familles qui travaillent de milliers de shekels chaque année et nous renforcerons la classe moyenne – l’épine dorsale de la société israélienne », a-t-il déclaré.

Ka’halon a ajouté que le Trésor avait accumulé un excédent de 1,6 milliard au premier trimestre de 2017 seulement, et que les prévisions étaient d’un revenu supplémentaire de 3 milliards pour 2017 et un montant supplémentaire de 3,5 milliards de dollars en 2018. Les chiffres n’incluaient pas les prévisions de retombées de la décision d’Intel en mars d’acheter la société israélienne de technologie automobile Mobileye pour un montant sans précédent de 15,3 milliards de dollars.

Selon les calculs du ministère des Finances, un couple avec deux enfants âgés de 4 à 6 ans, où l’homme gagne un salaire mensuel brut de 12 000 shekels et la femme 8 000 avant impôts, les changements s’élèveraient à 12 900 shekels supplémentaires nets à leur revenu annuel.

Les subventions pour les activités extrascolaires – qui coûtent au Trésor 900 millions par an – seront pondérées en faveur des familles vivant dans des zones socio-économiquement plus faibles.

À l’heure actuelle, ces activités coûtent de 900 à 1 300 shekels par mois, selon les chiffres du ministère. À partir de septembre, les familles recevront des subventions allant de 150 à 350 shekels par enfant jusqu’à la deuxième année.

Afin d’encourager davantage les travailleurs, un salarié à faible revenu de moins de 5 000 shekels recevra une subvention supplémentaire de 495 shekels par mois si il a un ou deux enfants et autour de 720 pour trois enfants ou plus. Lorsque les deux parents travaillent, l’avantage augmentera de 30%, ce qui équivaut à une subvention mensuelle totale de 1 288 shekels.

À l’heure actuelle, les femmes à faible revenu reçoivent des avantages plus importants que les hommes – 495 et 330 shekels respectivement sur les salaires jusqu’à 4 800 shekels. La péréquation des avantages vise à inciter davantage d’hommes à travailler.

Ce détail vise clairement le secteur orthodoxe, où les hommes ont tendance à étudier, tandis que leurs épouses assurent le revenu de la famille. De façon générale, ce plan est taillé avec précision pour exclure de l’essentiel des bénéfices nouveaux les familles nombreuses ne disposant que d’un seul revenu salarié, i.e. les orthodoxes. La bulle d’oxygène financière pour les petites familles de travailleurs pauvres est certes bienvenue, mais pourquoi exclure du partage de la cagnotte les familles nombreuses des orthodoxes ? Après tout, c’est eux qui assurent l’avenir démographique du pays !

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