Billet d’humeur : youuuupiiie, le catalogue IKEA est arrivé

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Youuuupiiie, le catalogue IKEA est arrivé, tout seul comme un grand, accroché à la porte de chaque foyer ‘harédi à Jérusalem (je ne sais pas ce qu’il en est d’autres endroits). Pas d’effort à faire, il est pendu à la poignée de la porte dans un joli sac plastique (dont la distribution est interdite dans les endroits où on en a besoin, comme à l’épicerie).

Plus besoin d’aller le chercher, de se pencher pour le ramasser, pour l’apporter à la maison, on a tout à portée de main. Et en plus, c’est CACHER ! en le feuilletant, on voit tout de suite qu’on ne voit pas ce qu’on essaye en général de ne pas voir dans les catalogues (si vous me suivez, suivez mon regard…) : on n’y voit pas les Personnes qui ne sont pas du Genre Masculin, dont la représentation est Absolument Interdite, (pour ne pas parler de leur Photo), dans les publications à destination du public ‘harédi. Tout le monde sait cela. IKEA le saurait-il aussi ?

Réaction dans la famille : au lieu de dire ouh, ce n’est pas tsanou’a, et de transférer le catalogue à la boîte à ordures, comme d’habitude, grands et petits commencent à pilpouler : le papa sur la photo, c’est une vraie barbe ou un postiche ? pourquoi leurs tables à manger sont faites pour si peu de monde (6 places), ils n’ont pas d’invités ? le tapis par terre, attention les dégâts, il doit falloir le nettoyer toutes les semaines, etc.

Ça c’est la réaction premier niveau. Ensuite, le débat s’élève : la place du catalogue est-elle à l’endroit où on ne peut étudier la Torah, mais si le papa sur la photo tient en main un Choulhan Aroukh, est-ce possible ? si on le laisse trainer, peut-être que quelqu’un le lira le Chabbat et oubliera de ne pas regarder les prix ?

Troisième phase : le Yioun, l’étude approfondie.

Si IKEA cherche à pénétrer le milieu ‘harédi, c’est que c’est un bon segment de clientèle potentielle. Leur démarche est insidieuse, ils pénètrent masqués dans les foyers orthodoxes, après avoir déguisé les personnages féminins du catalogue en courants d’air. Est-ce une repentance vis-à-vis des Juifs, après un lointain passé plutôt « délicat » du fondateur de l’entreprise ? ( voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ingvar_Kamprad : Ingvar Feodor Kamprad, né le 30 mars 1926 à Pjätteryd dans le comté de Kronoberg, est un entrepreneur suédois, qui a fait fortune en créant la chaîne de magasins Ikea. En 2010, il est à la 11e place du classement des hommes les plus riches de la planète.  Affaire des sympathies nazies : Certaines sources (comme la journaliste Elisabeth Åsbrink en 2011) affirment que dans sa jeunesse, Kamprad fut membre de la Jeunesse nordique, équivalent suédois des Jeunesses hitlériennes. Son père et sa grand-mère vouaient en effet une admiration sans bornes à Adolf Hitler, admiration sans doute partagée par le jeune Ingvar. Il dit aujourd’hui ne plus se souvenir s’il fut officiellement membre ou non de cette organisation. En 1994, la presse révèle son engagement et ses relations durables avec Per Engdahl, leader du mouvement pro-nazi de Suède. Dans une lettre adressée à ses salariés, Ingvar Kamprad assuma son passé, mis sur le compte d’une « erreur de jeunesse », et fit des excuses à ses salariés. Un journal suédois affirma ensuite qu’Ikea avait démarré grâce à des fonds apportés par des Nazis. Kamprad nia fermement : « Ils auraient pu m’accuser de meurtre… mais pas d’avoir emprunté de l’argent ».

Suite de l’analyse : peut-être IKEA a-t-il mal analysé le potentiel du secteur ‘harédi : s’ils avaient fait un tour dans leurs magasins en Israël, ils auraient vu que les clients ‘harédi sont là en foule, en cohortes, en légions, en armée, dirais-je. Et je n’ai pas entendu dire qu’ils aient porté plainte pour publicité mensongère, alors qu’il y a aussi des tas de F…mes et de petites Fil…es, et des jeunes Fil..es les unes ‘haridiot, d’autres moins, d’autres pas du tout, dans les magasins, alors qu’on les a peut-être induits en erreur par le biais du sus-dit catalogue, en les amenant à pénétrer un antre de dévergondage, d’impudicité qui devrait leur répugner. En fait, pourquoi y a-t-il tant de clients ‘harédim ? parce que le mobilier est en général plutôt fonctionnel et bon marché, ce qui est un bon argumentaire de vente, sans avoir besoin d’y ajouter la ségrégation des genres qui s’applique à la synagogue, aux mariages et enterrements, ainsi qu’au Mur des Lamentations (Kotel Hamaaravi), et je le rappelle pour la forme dans certaines lignes d’autobus.

On voit donc que IKEA semblerait faire preuve de manque de professionnalisme. Mais je soupçonne que l’intention était plus complexe : suite de l’analyse : ce catalogue rétrograde, primitif, fondamentaliste, anti-féministe, intégriste, apartheidiste, peut-être même raciste (pourquoi pas ? et j’en passe…) n’a pas manqué de provoquer un tollé grâce à la presse quotidienne israélienne (Yediot A’haronot) qui a avec sa lucidité habituelle soulevé le lièvre. Ce tollé, cette clameur, ce cri outragé a vite dépassé les frontières de Mea Chéarim pour s’emparer avec fièvre des média du monde entier, permettant d’assimiler les Mea Chéarimiens à l’Arabie Saoudite (qui avait eu aussi un catalogue sur mesure – avec femmes tchadorisées ?). Ce problème a fait la UNE de toute la presse française, vu son importance gigantesque, balayant devant lui les vagues incidents liés à la campagne électorale, au comportement de la police, à l’épidémie de dengue aux Antilles, ou à la coupe du monde de ski.  Ayant atteint les rivages de la Suède, pays réputé pour son ouverture sur le monde, sa tolérance à autrui, ce tsunami a conduit la DIRECTION GENERALE de IKEA à faire mea culpa. Je cite : http://www.parismatch.com/Actu/International/Israel-Ikea-s-excuse-apres-la-publication-d-un-catalogue-sans-images-de-femmes-1192613

Paris Match| Publié le 20/02/2017 à 08h59

Je reviens à l’analyse : le coup de pub pour IKEA est extraordinaire, et rembourse au centuple le coût du catalogue sur papier glacé à destination des jeunes familles orthodoxes. En passant, IKEA a pu aussi sans avoir l’air d’y toucher parfumer l’opération d’un relent d’anti-orthodoxie par l’intermédiaire des media qui se sont engouffrés dans le panneau avec une profonde jouissance. Et grâce à leur « repentance », ils se sont dégagés d’un soupçon de manque de bien-pensance, et du risque d’avoir pris parti pour des gens qui considèrent que tous comptes faits, il est préférable de ne pas tenter le diable et d’éviter les situations de promiscuité, quand elles ne sont pas nécessaires. Ouf, nous voilà rassurés, IKEA n’est pas devenu un soutien des Juifs religieux, dans leur recherche de pureté des mœurs…

 

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