Par Michael Freund
http://www.michaelfreund.org/21391/ireland-israel-boycott
Adaptation Mordeh’aï pour malaassot.com
L’île d’Émeraude a perdu beaucoup de son lustre la semaine dernière quand le Sénat irlandais a choisi d’adopter un projet de loi qui peut être décrit comme obtus mais, plus exactement, comme profondément antisémite.
Adoptée par un vote de 25 voix contre 20, avec 14 abstentions, la législation criminaliserait l’importation ou la vente d’objets produits par des Juifs, et seulement par des Juifs, en Judée et en Samarie. Il va même jusqu’à imposer une peine allant jusqu’à cinq ans de prison et des amendes de 250 000 euros à ceux qui violent ses conditions.
Alors que le gouvernement irlandais s’est opposé au statut, et il fait encore face à divers obstacles avant de devenir loi, la décision du corps supérieur du parlement irlandais de donner son approbation à une mesure discriminatoire visant les Juifs est moralement obscène.
Considérez ce qui suit. Selon les termes du projet de loi, un produit fabriqué par une usine appartenant à des Palestiniens à Bethléem ne devrait pas être vendu dans les magasins de Dublin.
Mais si le même article devait être produit par une usine appartenant à des Juifs à quelques kilomètres de là à Gush Etzion, son importation dans la République irlandaise pourrait mener une personne derrière les barreaux.
En d’autres termes, bien que masqué par opposition à la présence d’Israël en Judée et en Samarie, cette législation se résume en fait à une question de discrimination fondée sur les croyances religieuses d’une personne.
Ce projet de loi honteux et offensant ne doit pas être autorisé à devenir une loi et Israël devrait indiquer clairement aux responsables irlandais que les relations bilatérales entre les deux pays reposent sur ce fait elles devront être mis au rancart immédiatement.
Malheureusement, ce n’est que la dernière d’une série d’incidents très médiatisés au cours des derniers mois, au cours desquels l’Irlande a excellé dans son soutien aux ennemis d’Israël.
En mai dernier, le maire borné de Dublin, Micheal Mac Donncha, a appelé au boycott du Concours de l’Eurovision de la chanson prévu en Israël l’année prochaine afin de mettre en évidence « l’épreuve horrible du peuple palestinien ».
Un mois auparavant, le conseil municipal sous sa direction a adopté deux résolutions approuvant un boycott anti-israélien et appelant le gouvernement irlandais à expulser l’ambassadeur d’Israël.
Et à la veille de Yom Hashoah, Mac Donncha a choisi d’assister à un événement anti-israëlien à Ramallah et posé sous une bannière représentant Haj Amin al-Husseini, le Grand Mufti palestinien qui a rencontré Adolf Hitler et a soutenu avec enthousiasme sa campagne pour exterminer les Juifs.
Le fait qu’un tel comportement soit même toléré par la société civile irlandaise en dit long sur sa malhonnêteté envers l’Etat juif.
En effet, même un adepte occasionnel de la presse irlandaise, qui fait ressembler les médias britanniques à la propagande sioniste, ne peut s’empêcher d’être surpris par sa critique sévère et biaisée d’Israël. Parfois, il s’enferme même ouvertement dans l’antisémitisme.
Le 30 juillet 2017, Kevin Myers, chroniqueur pour l’Irish Sunday Times, a publié une chronique dénonçant l’idée que les hommes et les femmes méritent un salaire égal et soulignant bizarrement que deux des femmes les mieux rémunérées de la BBC sont juives. «C’est bon pour eux», a écrit Myers, ajoutant que «les Juifs ne sont généralement pas connus pour leur insistance à vendre leur talent au prix le plus bas possible, ce qui est la mesure la plus utile de stupidité invétérée. »
Heureusement, après que ses remarques eurent provoquées un tollé, Myers fut sommairement licencié.
Ce même mois, cependant, le président irlandais Michael Higgins a rencontré Omar Barghouti, l’un des dirigeants du mouvement anti-israélien BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), lui a serré la main et l’a félicité pour ses remarques publiques.
Et en avril 2017, une université irlandaise de la ville de Cork a organisé une conférence pour savoir si Israël avait le droit d’exister.
Le dégoût de longue date de l’Irlande pour Israël est particulièrement déroutant à la lumière des expériences partagées que les Juifs et les Irlandais ont tous enduré. Tous deux ont vu leurs terres occupées pendant des siècles par des forces hostiles, mais se sont battus courageusement pour regagner souveraineté nationale et indépendance.
Depuis près d’un siècle, le peuple irlandais s’est effondré depuis que les Britanniques ont divisé leur île en mai 1921 et se sont emparés de l’Irlande du Nord.
On pouvait penser qu’avec un tel souvenir historique viendrait un peu de sympathie et même de la compréhension et que les Irlandais apprécieraient mieux l’attachement d’Israël à la Judée et à la Samarie et son refus de voir sa propre terre découpée.
Mais l’Irlande a toujours semblé avoir du mal à accepter l’État juif. Ce n’est qu’en 1963, 15 ans après la renaissance moderne d’Israël, que Dublin a reconnu le pays de jure. Et ce n’est qu’en 1996 que l’Irlande a ouvert une ambassade à Tel Aviv.
Bien sûr, le commerce et le tourisme entre les deux pays se sont développés, mais l’hostilité irlandaise aussi.
Au cours de la ruée vers l’or au 19ème siècle en Amérique, de nombreux colons irlandais ont été parmi ceux qui se sont enrichis, donnant naissance à la phrase, « la chance des Irlandais ».
Malheureusement, quand il s’agit d’Israël, cette chance est devenue noire. Il est temps que l’Irlande affronte sa sombre obsession de l’État juif et se débarrasse de la méchanceté et de l’inimitié qui ont pris racine.
Compte tenu de la position répréhensible de l’Irlande pendant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle insistait pour rester neutre pendant que les nazis balayaient l’Europe et massacraient des millions de Juifs, Dublin doit réfléchir longuement à la moralité de son parti avec les ennemis d’Israël qui cherchent sa destruction.
Ceux qui sont restés silencieux pendant la plus grande atrocité jamais commise par l’humanité n’ont aucune autorité morale pour enseigner au peuple juif sa lutte pour la survie.
Que les parlementaires ou les maires irlandais le veuillent ou non, Israël et sa présence en Judée-Samarie sont là pour rester.