Aucune raison de craindre l’effondrement de l’AP

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Marc – JForum

Abbas sera bientôt confronté à «l’accord du siècle» proposé par une administration américaine très critique à l’égard de la politique palestinienne.

LE PRESIDENT PALESTINIEN Mahmoud Abbas - ne dit rien sur les élections mais travaille derrière

LE PRESIDENT PALESTINIEN Mahmoud Abbas – ne dit rien sur les élections, mais travaille dans les coulisses ?. (crédit photo: MOHAMAD TOROKMAN / REUTERS)

L’Autorité palestinienne refuse d’accepter tous les fonds transférés d’Israël, car Israël a commencé à déduire la valeur des indemnités versées par l’Autorité palestinienne aux terroristes et à leurs familles, communément appelée «salaire pour meurtres».

Le refus de l’Autorité palestinienne a aggravé sa crise budgétaire chronique. L’aide financière internationale à l’Autorité palestinienne a diminué ces dernières années et l’économie palestinienne s’est détériorée conformément à cela. En conséquence, l’Autorité palestinienne dit maintenant au monde qu’elle est confrontée à un effondrement économique.

La stratégie palestinienne est claire. Le président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, s’efforce de faire peur à Israël et à la communauté internationale en leur faisant croire que la relative stabilité de la Cisjordanie prendra fin, entraînant le chaos et la terreur. Les dirigeants de l’Autorité palestinienne imitent le comportement du Hamas en disant qu’un désastre humanitaire s’ensuivrait, si aucune aide financière supplémentaire n’était fournie. Le Hamas joue à ce même jeu, depuis des années, à Gaza. Israël et d’autres acteurs internationaux (les États-Unis sont une exception notoire) semblent tomber à pieds joints dans ce stratagème palestinien, à plusieurs reprises.

Il est vrai qu’un certain niveau de prospérité économique dans l’Autorité palestinienne est propice à la stabilité. Les voisins affamés posent toujours des problèmes. Malheureusement, la pauvreté est souvent cyniquement utilisée par des régimes autoritaires, tels que le Hamas et l’Autorité palestinienne, en tant qu’instrument de politique étrangère pour attirer l’attention et obtenir une aide financière. En fait, les dirigeants palestiniens ont besoin d’un certain nombre de sujets affamés, pour pouvoir compter sur un soutien international continu. Et les dirigeants palestiniens sont beaucoup moins exposés aux difficultés économiques que les dirigeants responsables. Les élites palestiniennes mangent bien, quoi qu’il arrive.

Abbas sera bientôt confronté à «l’accord du siècle» proposé par une administration américaine très critique à l’égard de la politique palestinienne. Washington a réduit son soutien financier à l’Autorité palestinienne et supprimé toute aide à l’UNWRA. En réponse, les Palestiniens ont annoncé leur rejet de tout plan émanant de l’administration Trump. Une façon de rejeter la proposition de paix américaine et de ne pas être tenu pour responsable de son échec est de générer une crise économique qui détourne l’attention de l’intransigeance palestinienne permanente face à toute tentative de rétablissement de la paix.

Heureusement pour l’AP, la crise économique peut toujours être attribuée à Israël, qui est un méchant constant et historique dans le récit palestinien. L’attention portée à l’incompétence économique et à la corruption des Palestiniens peut également être détournée en accusant les Israéliens pervers. Enfin, l’insistance d’Israël à ne pas financer d’activités terroristes peut permettre de mobiliser chez lui l’appui politique dont il a tant besoin, en faveur de l’impopulaire Abbas. Tous les sondages montrent une perte progressive de légitimité d’Abbas chez les Palestiniens.

Les craintes d’un effondrement imminent de l’Autorité palestinienne – qui est, depuis longtemps, un enfant chéri de la communauté internationale – servent également à forcer la question palestinienne à revenir en haut de l’agenda mondial. Pendant un certain temps, le monde s’est occupé de questions plus brûlantes, telles que l’Iran. En effet, la menace iranienne a également réduit l’intérêt de la plupart des États arabes pour la question palestinienne et les a rapprochés de la position israélienne – qui considère fondamentalement les Palestiniens comme une nuisance stratégique. La conclusion à laquelle sont parvenus de nombreux acteurs arabes et autres est qu’en l’absence d’une direction palestinienne prête à prendre des décisions difficiles, le conflit israélo-palestinien peut au mieux être géré à moyen terme.

Il convient de noter qu’Israël fait plus que sa part pour renforcer l’économie palestinienne : créer des emplois pour les Palestiniens sur le marché du travail israélien ; fournir de l’eau, de l’électricité et des services de santé aux Palestiniens ; et empêcher le Hamas de renverser l’AP d’Abbas. En outre, il est actif dans la collecte de fonds internationaux pour l’Autorité palestinienne.

Et ainsi, personne ne devrait céder au chantage palestinien. S’il est préférable que toutes les parties concernées assurent un niveau de vie décent aux Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, il est hautement improbable que l’AP s’effondrera économiquement. Après tout, l’Autorité palestinienne est une très bonne affaire pour les dirigeants kleptocratiques du régime de Ramallah. Marquée par la corruption et le népotisme, l’Autorité palestinienne est une source de revenus importants pour Abbas et sa coterie. Ce gang ne tuera pas la poule aux œufs d’or. Aussi dysfonctionnel que le mouvement national palestinien soit devenu, il a excellé dans la perpétuation de l’assiette au beurre née à Oslo.

PAR EFRAIM INBAR
 2 MAI 2019 22:07

L’auteur est président de l’Institut pour la stratégie et la sécurité de Jérusalem (jiss.org.il) et membre du Forum du Moyen-Orient.

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