Après le discours de défense de Nissenkorn, le système judiciaire devra apprendre à être critiqué

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Illustration : Avi Nissenkorn, ministre de la Justice

La proposition de loi du parti Yemina, consistant à ce que même les juges puissent faire l’objet d’une vérification des éventuels conflits d’intérêt face auxquels ils peuvent être placés, a provoqué un grand tollé à la Knesset, mais, étant rejetée, elle n’a pas eu l’effet maximal possible, la dissolution du parlement… Toutefois, un article de Ynet semble bien vouloir montrer qu’elle aura des incidences sur l’avenir, et sur la façon dont le corps judiciaire fonctionne.

Ynet

Le nouveau ministre de la Justice a bloqué son propre corps la mise en place d’un comité pour examiner les conflits d’intérêts des hauts magistrats, mais ce n’était apparemment que le coup d’envoi : à une époque où aucune critique ne peut être écartée sous prétexte « d’incitation » et « d’élimination de l’Etat de droit », la présidente ‘Hayoth va devoir démontrer un leadership fort et une transparence maximale – sans pouvoir se cacher derrière Nissenkorn.

Le discours du ministre de la Justice Avi Nissenkorn lors du plénum de la Knesset mercredi a certainement bloqué la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les conflits d’intérêts de la Cour suprême, mais ce n’est qu’une sorte de répit pour le prochain tour. Malgré la défense acharnée de Nissenkorn, il va devoir faire face à de nombreux autres défis au cours de son mandat : la pléthore d’enquêtes sur les conflits d’intérêts des juges, les informations sur des « accords » internes, les conclusions commerciales laides dans la promotion et la nomination de certains des juges – dont certains sont des associés proches – ne peuvent plus être dissimulés. Aujourd’hui, à l’ère de la transparence, aucune critique ne peut être mise en cause pour des allégations d’incitation, de harcèlement et de « destruction de l’Etat de droit ».

Par conséquent, la présidente de la Cour suprême, Esther Hayoth, va devoir faire preuve d’un maximum de leadership et de transparence et ne pas se cacher derrière le ministre de la Justice pour protéger la cour pendant son mandat.

Immédiatement après le vote (54 contre – 43 pour), le député Shlomo Kari (Likud) et son membre de la coalition Nissankorn (Kakhol Lavan) sont montés sur l’estrade de la Knesset. Un mois après la coalition de réconciliation, Kari s’est levé et a promis de ne pas accepter la perte de droite dans ce vote. Malgré leur déception, pour lui et ses amis de droite, ils continueront de faire tout leur possible pour briser le système judiciaire israélien – la plupart des flèches étant dirigées vers les juges de haut rang.

Le vote sur l’érection d’un comité de contrôle de la Cour suprême n’est que l’un des nombreux scrutins de droite de la ligne dure contre l’État de droit. (NDLR : la suite de cet article est remarquable, montrant le manque total d’objectivité de la part de ce journaliste et de ce média…) La proposition vise à saper les institutions démocratiques et les gardiens d’Israël, l’accent étant mis sur une déclaration de guerre contre le bureau du procureur, dirigé par le procureur général Avichai Mandelblit, qui a porté des accusations contre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et l’a récemment empêché de recevoir une subvention de 10 millions de dollars. Dans le même souffle, on peut noter que la campagne est dirigé également contre le pouvoir judiciaire indépendant qui dirigera le procès de Netanyahou – et pourrait même compromettre son maintien en fonction.

Bien que Netanyahou n’ait pas assisté au vote, son esprit était présent et il a dû la suivre depuis sa chambre – un étage en dessous de la salle plénière. De plus, la plupart des ministres étaient également absents du vote. Le soutien du ministre de l’Éducation, Yoav Galant, qui a un récit de longue date avec le système judiciaire, qui l’avait empêché de remplir des fonctions officielles en raison d’une affaire foncière.

(NDLR : Suit une déclaration de foi du journaliste 🙂 Le système judiciaire israélien n’est en aucun cas corrompu. La grande majorité des juges israéliens sont dignes et oeuvrent beaucoup pour parvenir à des résultats. Cependant, ses dirigeants refusent depuis des années d’être critiqués – parfois pour des raisons justifiées – et ne veulent pas corriger leurs erreurs ou évincer les juges.

Dans son discours, Nissenkorn a souligné la chose réelle et importante vers laquelle les projecteurs devraient être dirigés : la crise sanitaire et économique qui nous menacent. Cependant, il n’a pas omis la crise qu’il est impossible de cacher – la crise constitutionnelle qui s’intensifie en raison de la détermination des principaux responsables israéliens à écraser la démocratie.

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