Appel à l’intifada à Paris : Elias d’Imzalène face à la justice

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Le militant Elias d’Imzalène, fondateur du média en ligne « Islam et Info », sera jugé le 23 octobre prochain à Paris pour provocation publique à la haine. Cette procédure fait suite à ses déclarations controversées lors d’une manifestation pro-palestinienne le 8 septembre, où il avait appelé à « mener l’intifada » en France. Ces propos, diffusés via une vidéo sur les réseaux sociaux, ont rapidement suscité une réaction des autorités, avec une enquête ouverte à la demande de l’ex-ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin.

Lors de ce rassemblement, organisé place de la Nation à Paris, Elias d’Imzalène a incité les manifestants à étendre la lutte palestinienne dans les quartiers et banlieues françaises, et a fait référence à la « libération » prochaine de Jérusalem. L’appel à « l’intifada » en territoire français a immédiatement attiré l’attention des autorités, le ministère de l’Intérieur ayant rapidement signalé ces propos au parquet de Paris, les jugeant susceptibles d’être assimilés à une incitation à la révolte ou à l’insurrection.

Placé en garde à vue le 26 septembre par la Brigade de répression de la délinquance contre les personnes (BRDP), Elias d’Imzalène a vu sa détention prolongée. Il est désormais sous contrôle judiciaire, en attente de son procès pour « provocation publique à la haine ou à la violence en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion », ainsi que pour incitation à « commettre des atteintes à la vie ou à l’intégrité physique ».

Les faits reprochés sont d’autant plus graves que la notion d’intifada renvoie à des soulèvements violents. Dans le cadre du droit pénal français, cette notion pourrait être perçue comme une tentative de saper les institutions républicaines, en particulier si elle est considérée comme une forme d’insurrection. En vertu de l’article 412-3 du Code pénal, de tels appels peuvent entraîner des peines de détention pouvant aller jusqu’à quinze ans.

Elias d’Imzalène n’est pas la première figure de la mouvance islamiste à utiliser ce genre de rhétorique. Des précédents existent, comme Omar Alsoumi, militant au sein du collectif Urgence Palestine, qui avait tenu des propos similaires lors d’une manifestation en mai 2024, sans être inquiété par la justice. De même, en 2018, Assa Traoré, militante du comité Vérité pour Adama, avait elle aussi utilisé un discours enflammé incitant à la révolte, sans pour autant faire l’objet de poursuites judiciaires.

La réaction des autorités face à cette situation est cependant plus marquée dans le cas d’Imzalène, en raison de la sensibilité accrue du contexte actuel. Le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, a demandé aux organisateurs du rassemblement du 8 septembre de fournir des explications concernant les propos tenus lors de la manifestation, soulignant l’incompatibilité de ces discours avec les principes républicains.

Malgré les accusations, Elias d’Imzalène a reçu le soutien de plusieurs structures militantes, dont le Parti des Indigènes et le Nouveau Parti Anticapitaliste (NPA). Des personnalités politiques se sont également exprimées en sa faveur, à l’instar d’Ersilia Soudais, députée de La France Insoumise (LFI), qui a visité le militant durant sa garde à vue, affirmant lui apporter son « soutien total ». Cette position de soutien pourrait nourrir un débat sur les limites de la liberté d’expression et les dérives potentielles de discours incitant à la violence.

Le procès d’Elias d’Imzalène sera suivi de près, tant par les défenseurs des droits de l’homme que par ceux qui estiment que ces discours incitent à la haine et menacent la cohésion nationale. Ce cas soulève des questions fondamentales sur la gestion des mouvements sociaux et la tolérance des discours radicaux dans une société démocratique.

Jforum.fr

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