Antisionisme et antisémitisme ou la canaille en ménage

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Olivier YPSILANTIS, zakhor-online

Tout est fait pour présenter Israël comme coupable, et la sémantique utilisée par l’AFP et reprise par les médias depuis des décennies a développé une culture de haine anti-israélienne qui sert de terreau à l’antisémitisme. Des prêcheurs musulmans invitent au nom du Coran et sans retenue à tuer des Juifs ; des foules fanatisées issues d’un drôle de « Printemps arabe » hurlent « Mort aux Juifs ». Ces dérives ont abouti à formater dans notre pays des Mohamed Mérah et des Youssouf Fofana.

Élément d’une déclaration éditée dans Le Figaro du 15 mai 2012 par Mouvement Siona (siona2@wanafoo.fr)

La populace des rues ou celle des salons, c’est tout un. La canaille reste la canaille et l’antisémitisme est l’opinion de la canaille, Christian Matthias Theodor Mommsen (1817-1903).

 

L’antisionisme est devenu l’une des formes les plus dangereuses – les plus pernicieuses – de l’antisémitisme avec cette dé-légitimation, diffamation et démonisation d’Israël. On avance entre l’accusation massive et le sous-entendu le plus doucereux, entre les pets coraniques et les vesses de l’AFP.

Je me hâte de préciser que j’évite d’établir une stricte corrélation entre l’antisionisme et l’antisémitisme, sans jamais m’empêcher de faire remarquer que les stéréotypes manipulés par l’un et l’autre ont un sacré air de famille.

L’antisionisme offre bien des nuances, comme le sionisme. L’antisionisme n’est pas automatiquement un avatar de l’antisémitisme, ce qui ne l’empêche pas d’en être un, souvent, très souvent. Et bien sûr, il n’est pas question ici du désaveu que des Juifs ou des non-Juifs peuvent faire de tel ou tel gouvernement israélien. On peut néanmoins déplorer cette tendance générale à bavarder au sujet d’Israël sans rien ou presque rien en connaître.

 

En Europe, l’antisionisme tend à toujours plus mêler ses eaux à celles de l’antisémitisme, un antisémitisme pur et dur, style années 1930, avec le BDS (Boycott, Divestment, Sanctions) en figure de proue qui m’évoque (on m’en excusera) le boycott que les Nazis mirent en place à partir de 1933. Par ailleurs, il faut prendre la mesure du matraquage systématique que subit Israël, du bullying (à ce propos, relisez les paroles de la chanson de Bob Dylan, Neighborhood Bully), notamment dans les organisations internationales, aux Nations Unies par exemple où les États arabes ne cessent de pointer Israël d’un doigt accusateur dans le but d’en faire un paria. Je pourrais déverser ici des tombereaux d’exemples à l’appui de ce que je viens d’écrire. L’un d’eux : à la Conférence mondiale de Durban contre le racisme (31 août – 7 septembre 2001), placée sous les auspices des Nations Unies, le sionisme a été déclaré génocidaire (genocidal) et pratiquant le nettoyage ethnique (ethnic cleansing) sur les Palestiniens. On connaît la rengaine. Elle trouve toujours plus d’oreilles attentives. Elle fait de plus en plus d’adeptes. Les méthodes, arguments et techniques de démonisation du sionisme se diversifient et s’affinent. Ils utilisent volontiers ceux de l’antisémitisme tout en s’employant à le dissimuler. Ils montrent partout leur redoutable efficacité, dans la rue et dans les salons, à la soupe populaire et dans les dîners mondains. La populace des rues et celle des salons – la canaille dans tous les cas – communient dans la détestation d’Israël.

La canaille s’autorise tous les rapprochements. Elle affectionne le signe = Tout le monde connaît le fameux Sionisme = Nazisme, ce qui laisse supposer qu’il faut combattre l’un comme on a combattu l’autre. Israël est le seul État sur la planète Terre qui suscite une telle réprobation, tant de la part d’esprits frustres que distingués.

Les Arabo-musulmans sont devenus les principaux propagateurs des « Protocoles des Sages de Sion », le livre le plus édité (avec le Coran) dans le monde arabe. Cette croyance selon laquelle « le Juif » gouverne le monde (Jews rule the world) est ancrée chez tous les Arabo-musulmans que j’ai pu interroger, je dis bien tous. Il doit pourtant bien y avoir quelques exceptions. A leur décharge, il faut avoir un mental et un moral d’acier pour ne pas se laisser broyer par l’ochlocratie, un mot qui suffit à définir les sociétés arabo-musulmanes.

L’antisionisme est le point de contact le plus stable entre des individus qui par ailleurs n’ont rien à voir les uns avec les autres. Alain Soral et Dieudonné l’ont parfaitement compris, d’où leur succès. Les nazis l’avaient eux aussi compris avec l’antisémitisme, envisagé comme le plus formidable des liants, capable d’entraîner au coude-à-coude et au pas cadencé des masses considérables. Certes, le succès du nazisme à des causes diverses, mais l’antisémitisme n’entre pas pour rien dans ce succès. L’antisionisme est bien « the lowest common denominator », comme l’est l’antisémitisme, un point de contact entre une Europe chrétienne ou post-chrétienne et l’islam, entre les élites (il faudrait mettre ce mot entre guillemets) et les masses, entre les générations, entre les maîtres et les esclaves, entre…

« Anti-Zionism is much more than an exotic collection of radical chic slogans that survived the debacle of the late-1960s counterculture. It has become an “exterminationist”, pseudo-redemptive ideology reconstructed in the Middle East and re-exported back to Europe with devastating effects ». C’est sur ces mots que Robert Wistrich terminait en 2004 l’une de ses interventions. Nous sommes en 2017 et son constat se confirme toujours plus.

Une vérité historique bizarrement occultée : le départ des Juifs des pays arabes (soit près d’un million d’individus), installés là depuis des générations, des siècles, parfois avant l’arrivée de l’islam et, dans certains de ces pays, avant même l’arrivée des Arabes. Les violences en tout genre exercées contre les communautés juives de ces pays ne sont pas le seul fait de l’islam en tant que tel, mais aussi du nationalisme arabe, fébrile dans les années 1930 et 1940, nationalisme en partie activé par l’Allemagne nazie, et réactivé différemment par la création de l’État d’Israël en 1948.

Dès 1951-1952, Israël annonça auprès de la commission des Nations Unies pour la Palestine que s’il y avait des exigences de réparations pour les biens palestiniens perdus en 1948, il y devait en être de même pour les biens des Juifs expulsés des pays arabes.

Il y a bien un négationnisme envers les populations juives chassées des pays arabes. Il n’y en a que pour les Palestiniens, avec ce narratif qui séduit presque tout de monde. Le monde arabe reste dans le déni et les Occidentaux préfèrent s’installer dans un silence complice afin de ne pas affronter la susceptibilité des Musulmans en général et des Arabo-musulmans en particulier.

En 2008, le Congrès américain adopte une résolution demandant à ce que la question des Juifs expulsés des pays arabes soit traitée simultanément et indissociablement de celle des réfugiés palestiniens dans toutes les négociations à venir. Cette sage résolution ne doit pas nous faire oublier que les Palestiniens sont partis pour faits de guerre en 1948-1949, suite à l’attaque d’armées arabes coalisées lancées sur toutes les frontières d’Israël, mais aussi sur les injonctions répétées de leurs « frères » arabes. Ils n’ont pas été contraints au départ suite à une oppression méthodique, comme l’ont été les Juifs des pays arabes, avec cette législation antisémite digne en tous points de celle des années 1930-1940 dans l’Allemagne nazie.

En 2012, la Knesset adopte un texte de loi selon lequel aucun accord de paix ne sera signé avec un pays arabe à moins de compensations pour les réfugiés juifs originaires du pays arabe concerné. On ne saurait mieux faire.

Le mantra d’Edward Saïd (qui répète à l’envi que les Palestiniens sont « the victims of the victims ») repose et se propage sur des oublis, celui des presqu’un million de Juifs diversement chassés des pays arabes mais aussi de ces responsables arabes qui refusèrent le plan de partage de 1947 et qui se mirent à gémir dans l’espoir d’y revenir après avoir initié une guerre (celle de 1948-1949) qu’ils avaient perdue. Ne pas oublier par ailleurs que de 1948 à 1967, la Judée-Samarie (Cisjordanie) appartenait à la Jordanie et la bande de Gaza à l’Égypte. Les revendications des Arabes de Palestine (dénomination que je préfère à celle de Palestiniens) n’ont aucune antériorité historique. Que certains désirent la création d’un État palestinien est une autre affaire, mais qu’ils œuvrent sans manier le mensonge, l’oubli volontaire et l’approximation.

 

 

Olivier Ypsilantis

 

 

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