Huit personnes, suspectées d’être liées au Hamas, ont été arrêtées en Europe lors de deux coups de filet séparés réalisés en Allemagne, au Danemark et aux Pays-Bas. Elles sont soupçonnées de préparer des attentats terroristes.
Ces hommes, « membres de longue date » du mouvement islamiste et « étroitement liés à la direction militaire de l’organisation », sont soupçonnés d’avoir planifié des « attentats contre des institutions juives en Europe », précise le parquet fédéral allemand dans un communiqué.
Localiser un dépôt d’armes
Toujours selon le parquet fédéral allemand, Abdelhamid Al A., sur ordre de responsables de haut rang du Hamas basés au Liban, a été « chargé de localiser un dépôt souterrain d’armes en Europe que l’organisation avait caché dans le passé ». Et ce, au plus tard à partir du printemps 2023, soit avant les attaques du Hamas en Israël.
« Les armes devaient être transférées à Berlin et mises à disposition pour d’éventuels attentats contre des institutions juives en Europe », a précise le parquet.
« En octobre 2023, Abdelhamid Al A., Mohamed B. et Nazih R. sont partis à plusieurs reprises de Berlin à la recherche des armes (…). Ils ont été soutenus dans leur entreprise par Ibrahim El-R ».
Sans lien confirmé avec l’arrestation de ces quatre hommes, quatre autres personnes ont été arrêtées ce jeudi – dont une au Danemark et une aux Pays-Bas – pour contrer un projet d’attentat terroriste, d’après la police et les services de renseignement (PET) danois. Israël affirme qu’ils sont liés au Hamas. Les renseignements danois quant à eux évoquent seulement de « liens avec des pays étrangers ». Le Danemark, comme la Suède, a récemment cristallisé la colère au sein de pays musulmans après des profanations du Coran sur son sol.
« Depuis 30 ans »
Si ce vaste coup de filet anti-terroriste braque les projecteurs sur la présence du Hamas sur le continent européen, elle n’est pas nouvelle d’après Jean-Charles Brisard, président du Centre d’analyse du terrorisme (CAT) interrogé par BFMTV.com.
Créé en 1987 par d’anciens Frères musulmans, le mouvement nationaliste « a des velléités de frapper des intérêts juifs à l’étranger depuis 30 ans », souligne l’expert qui pointe du doigt deux événements particuliers. En 1993, un attentat du Hamas en Croatie, dont la cible reste inconnue, a été déjoué. Tout comme en 2003, des membres du Hamas souhaitant quitter Gaza pour se rendre au Canada ont été interpellés par Israël.
« Il y a plusieurs affaires en France. Il y a quelques années, une femme a été arrêtée alors qu’elle souhaitait se rendre à Gaza pour rejoindre le Hamas avec ses enfants », se remémore-t-il.
À noter que le Hamas « n’est pas une organisation jihadiste », précise Hugo Micheron, maître de conférences à l’Ecole des affaires internationales (PSIA) de Sciences Po au journal Le Monde. Le groupe a pour seul objectif la libération des territoires palestiniens, tout en gardant une rhétorique anti-occidentale.
« Ils dénoncent le soutien des États-Unis à Israël qui serait le responsable de la situation », commente Jean-Charles Brisard.
Pas de branche officielle
S’il est évident que de nombreux sympathisants du groupe terroristes sont présents en Europe, au sein d’un réseau « plus ou moins organisé », il est encore difficile de connaître son assise.
Le gouvernement allemand estimait, dans un rapport établi en 2020, qu’ils étaient 450 sur son territoire, contre 320 en 2018.
Soucieuse des risques accrus d’attentats depuis le 7 octobre, Berlin a d’ailleurs interdit en novembre dernier les activités liées au Hamas, considéré officiellement depuis 2003 par l’Union européenne, tout comme les États-Unis, comme une organisation « terroriste ».
Depuis que les associations proches du groupe ont été dissoutes au début des années 2000, les sympathisants du Hamas tenteraient surtout dans le pays « de faire de la propagande et de collecter des dons », constate le quotidien allemand Bild.
Il n’existerait pas en revanche de « branche officielle du groupe islamiste », ajoute le journal Tagesspiegel.