Le parlement allemand a voté en faveur d’un projet de loi pour la création d’un commissaire chargé de lutter contre l’antisémitisme dans le pays, a rapporté vendredi le Jewish Telegraphic Agency (JTA).
Quatre partis majoritaires ont approuvé la proposition, notant que si la plupart des délits antisémites en Allemagne sont imputables à l’extrême droite, il y a une inquiétude croissante concernant un antisémitisme qui semble se développer parmi les nouveaux réfugiés issus du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.
Le parti de gauche, en désaccord sur la clause relative aux migrants, a pour sa part choisi l’abstention.
Plusieurs institutions juives ont demandé la nomination d’un tel commissaire, dont le rôle serait de développer et de mettre en œuvre des programmes visant à combattre les délits et crimes antisémites.
Le président du Conseil central des Juifs en Allemagne, Josef Schuster, qui avait longtemps appelé à une telle initiative, a salué jeudi la décision dans un communiqué.
« Les députés ont clairement exprimé leurs préoccupations concernant la communauté juive », a remarqué Schuster.
« La lutte contre l’antisémitisme est l’affaire de nous tous », a-t-il affirmé.
« Mais nous rejetons formellement toute suspicion systématique contre les Musulmans et toute instrumentalisation visant à exclure cette minorité religieuse », a-t-il insisté.
Ce projet de loi constitue une « étape importante » dans la lutte contre l’antisémitisme au sein de tous les milieux politiques et sociaux, a déclaré dans un communiqué Charlotte Knobloch, l’ancienne présidente du conseil et rescapée de la Shoah.
Toutefois, selon l’historien germano-israélien Michael Wolffsohn, « un commissaire ne peut pas faire grand-chose ».
« Il serait naïf de penser qu’une personne pourrait réussir à déraciner une haine implantée depuis plus d’un millénaire », a-t-il déclaré à la chaîne allemande MDR.
La vice-présidente du Bundestag, Petra Pau, du Parti de gauche, elle-même militante contre l’antisémitisme, avait déclaré au quotidien Berliner Zeitung peu avant le vote qu’elle reprochait au projet de loi de considérer les nouveaux immigrants comme source du problème.
Mais pour le président de l’Union chrétienne-démocrate, Volker Kauder, même s’il reconnaît que l’extrême droite est responsable de la plupart des crimes antisémites, un nombre croissant de ces actes sont commis par des personnes « originaires d’une région où la haine d’Israël et l’antisémitisme » sont profondément enracinés.
Il n’a pas été précisé dans l’immédiat si le projet de loi avait été lancé par la Chancellerie ou un autre ministère.