Une rencontre historique : Al-Julani en quête de légitimité régionale en Arabie saoudite
Le président syrien de transition, Abou Mohammed al-Julani, a marqué un tournant diplomatique en se rendant en Arabie saoudite pour y rencontrer le prince héritier Mohammed ben Salmane. Ce déplacement, le premier à l’étranger depuis son accession au pouvoir, témoigne de l’importance du soutien de Riyad dans la nouvelle ère politique syrienne post-Assad.
L’arrivée d’al-Julani dans la capitale saoudienne a été largement médiatisée. Accueilli avec les honneurs, il a eu des entretiens approfondis avec les dirigeants saoudiens, en présence de son ministre des Affaires étrangères, Asaad Hassan al-Shibani. Cette visite survient quelques jours après une première rencontre entre al-Julani et l’émir du Qatar à Damas. Ces échanges marquent une volonté stratégique pour la Syrie de renforcer ses liens avec les puissances du Golfe.
L’Arabie saoudite, qui a joué un rôle clé dans les équilibres du Moyen-Orient, apparaît comme un acteur central dans cette phase de transition syrienne. La rencontre avec Mohammed ben Salmane symbolise ainsi l’influence persistante de Riyad dans la région et sa volonté de façonner l’avenir politique syrien.
Un rapprochement délicat dans un contexte géopolitique tendu
Cette dynamique diplomatique met en lumière l’évolution des rapports de force dans le monde arabe. L’Arabie saoudite et le Qatar, malgré leurs tensions passées, semblent adopter une position convergente vis-à-vis de la nouvelle direction syrienne. Toutefois, des désaccords profonds subsistent sur le rôle des différentes forces en présence dans le pays, notamment sur l’influence turque et iranienne.
Al-Julani, ancien chef de Hayat Tahrir al-Sham, cherche à légitimer son gouvernement de transition auprès des puissances régionales et internationales. La rencontre avec le prince héritier saoudien s’inscrit dans cette volonté de reconnaissance diplomatique. Son message est clair : obtenir un soutien politique et économique pour stabiliser la Syrie après des années de guerre et d’instabilité.
Au-delà des discussions politiques, cette visite a aussi été l’occasion d’aborder des questions économiques cruciales. Al-Julani a évoqué des partenariats dans les secteurs de l’énergie, de la technologie, de la santé et de l’éducation, illustrant une ambition de reconstruction et de modernisation du pays.
Cette coopération potentielle avec Riyad pourrait permettre à la Syrie de renforcer sa position dans le monde arabe et d’attirer des investissements nécessaires à sa relance. Cependant, la stabilité du pays reste un défi de taille, notamment face aux incertitudes sécuritaires et aux tensions régionales persistantes.
La visite d’al-Julani en Arabie saoudite marque un moment clé pour la Syrie. En quête de légitimité, le président de transition multiplie les rencontres pour asseoir son autorité sur la scène internationale. Si cette ouverture vers les puissances du Golfe représente une opportunité, elle soulève aussi des interrogations sur la viabilité du nouveau régime syrien et sur son avenir politique dans un Moyen-Orient en pleine mutation.
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