Accord avec les Emirats : un grand pas en avant

Accord avec les Emirats : un grand pas en avant

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The Prime Minister, Shri Narendra Modi with the Crown Prince of Abu Dhabi, His Highness Sheikh Mohammed Bin Zayed Al Nahyan, at Hyderabad House, in New Delhi on February 11, 2016.

Beaucoup en Israël ont été surpris par l’annonce d’un accord de paix ou de normalisation avec les Emirats arabes unis. De l’avis général, il ne pourrait y avoir de paix au Moyen Orient tant qu’un état palestinien indépendant ne voit le jour dans les frontières dites de 1967.  Un avis partagé par les pays de l’Union européenne qui n’ont pas encore réagi à la nouvelle.

Le conflit arabo-israélien peut être considéré sous plusieurs angles. Les Palestiniens ayant rejeté toutes les initiatives de paix, Benjamin Netanyahou a choisi une autre approche. Il a développé les liens avec les pays arabes du second cercle, ceux qui n’ont jamais fait la guerre avec Israël et ne ressentent ni amertume ni haine envers lui mais se sont laissés impliquer dans le conflit parce que musulmans et arabes et à ce titre, membres de la Ligue Arabe. Petit à petit certains ont compris que cette position était contraire à leurs intérêts vitaux. Les premiers ont été les pays du Golfe et le Maroc, plus pragmatiques et plus stables ce qui leur a permis de surmonter sans trop de mal les événements du Printemps arabe. Les autres, on le sait, sont tombés aux mains des Frères musulmans, sous la coupe de l’Iran ou ont plongé dans la guerre civile.

La menace iranienne est l’un des facteurs du rapprochement avec Israël. En 2009 déjà, un haut dignitaire du Conseil de la Coopération du Golfe déclarait ouvertement que les pays du Golfe étaient convaincus qu’Israël leur viendrait en aide et détruirait les sites nucléaires iraniens.

Au cours des dix dernières années, l’Etat juif a multiplié les efforts pour arriver à créer des liens avec l’Arabie saoudite, les Emirats, Bahreïn et Oman. Au départ, par des contacts sous le manteau, des rencontres non officielles d’anciennes personnalités. Petit à petit, la confiance grandissant, on passa à une coopération sécuritaire à grande échelle. Des ministres israéliens et jusqu’au premier ministre se sont rendus dans divers pays, lesquels ont commencé à laisser des sportifs israéliens participer à des réunions sportives internationales. Les dirigeants arabes ont pris conscience de ce qu’Israël avait à offrir dans le domaine des sciences et de la technologie, l’agriculture, l’utilisation des ressources en eau. Rien d’étonnant donc à ce que le premier à sauter le pas soit l’émir Mohammed Ben Zaid, le prince héritier des émirats et celui qui les gouverne en fait. MBZ, comme on l’appelle familièrement, est très proche du prince héritier saoudien- MBS – dont il est en fait le mentor et qui est, comme lui, déterminé à développer son pays, à assurer sa sécurité et à en faire un facteur déterminant dans la région.

MBZ est conscient de la menace intolérable que font peser les Frères musulmans et s’est appliqué à limiter leur influence, n’hésitant pas à avertir l’Europe et les Etats Unis de leur danger. Il n’a pas hésité à s’associer à l’Arabie saoudite pour lutter conte les Houthis du Yémen qui menaçaient la sécurité de toute la péninsule arabe et la navigation dans la Mer rouge. C’est ainsi qu’il a dépensé des milliards de dollars pour moderniser et développer les principaux ports le long du sud du Yémen, du golfe d’Aden, de la Corne de l’Afrique et de la Mer rouge,  pour assurer le commerce de son pays avec le Moyen Orient, l’Est africain et jusqu’à l’Europe. De plus, les Emirats coopèrent étroitement avec la Chine, lui permettant d’entreposer ses marchandises et de les transférer dans ces ports, qui sont des maillons sur la nouvelle route de la soie vers l’Europe que la Chine met en place à un coût estimé à un demi-trillion de dollars. Les Emirats viennent de mettre en service le premier réacteur atomique du monde arabe fournissant de l’électricité, dans le respect scrupuleux des règles de l’Agence internationale de l’énergie atomique et de l’accord de non-prolifération nucléaire. MBZ agit également la main dans la main avec l’Egypte pour assister le général Khalifa Haftar dans sa lutte contre les organisations islamiques en Libye soutenues par la Turquie.

Tel est donc le nouvel allié d’Israël. La rencontre entre ses immenses réserves de pétrodollars et les capacités scientifiques et technologiques d’Israël ne peut, non seulement, que profiter aux deux parties mais encore avoir une influence positive sur les autres pays du Golfe. Bahreïn serait prêt à suivre son exemple et de sérieuses discussions seraient sur le point d’aboutir. La position de l’Arabie saoudite, gardienne des hauts lieux de l’Islam, est plus délicate et il lui est difficile d’avoir ouvertement des contacts avec Israël ; il ne fait pas de doute qu’une solution « diplomatique » sera pourtant trouvée. Il est aussi question d’Oman, du Soudan et du Maroc mais rien ne presse. Ces pays vont attendre de voir comment les choses évoluent.

Quant aux Palestiniens, il faudra bien trouver une solution, mais face à l’audacieuse politique israélienne, ils ne peuvent que constater que leurs frères arabes ne sont plus prêts à accepter un veto qui porte atteinte à leurs intérêts. Ils vont devoir réviser leur copie et chercher une nouvelle voie. D’autant que MBZ dispose d’un atout inattendu :  Mohammed Dahlan, naguère haut responsable du Fatah à Gaza aujourd’hui ennemi juré d’Abou Mazen, a l’oreille de l’émir qui lui a offert l’hospitalité. Ce qui pourrait lui permettre de se poser en successeur d’un leader déconsidéré qui pourrait quitter prochainement le devant de la scène.

Zvi Mazel, ancien Ambassadeur d’Israël en Egypte, en Roumanie et en Suède et chercheur au Jérusalem Center for Public Affairs

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