Abraham et la Terre Promise d’Obama II

Abraham et la Terre Promise d’Obama II

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Si, comme beaucoup le redoutent, l’Administration Biden, en lice pour la Maison Blanche, est bien un remake – en plus mielleux, évitant les confrontations directes- des deux précédents mandats démocrates, et si Obama en est bien l’inspirateur principal en coulisse – à travers le pilotage de Kamala Harris – alors la sortie du livre de l’ancien Président  » A promised Land« , n’a rien de fortuit.
Biden devrait naturellement aller y puiser une boîte à outils, un « réservoir d’idées », avec l’assistance du très diplomate Anthony Blinken au Département d’Etat, pour essayer de reprendre le plan global à ses prémisses et tenter de faire fructifier les premières impulsions de son mentor, Obama, en tirant, néanmoins les leçons de ses conséquences : le risque de réélection en 2024, d’un Républicain soutenu par les Evangélistes, plus favorables à Israël et à ses nouveaux alliés arabes, dans la veine de Donald Trump, même si à cette époque, ce n’est plus ce numéro qui sorte. Trump aura démontré, dans ses décisions les plus hardies, une capacité hors-pair à sortir du cadre, y compris du moule « républicain », pour ouvrir un à plusieurs nouveaux paradigmes. L’administration entrante ne pourrait entièrement « renverser la table » sans produire d’énormes dégâts et la prudence devrait être son régulateur, à la différence de l’audace du présumé précédent occupant du Bureau Ovale (dans l’attente de la décision du 14 décembre)..
L’analyse de cette « bible » offerte à Biden, au moment où il est censé entrer en scène, est donc une aubaine à exploiter, afin de trouver un ensemble de remèdes à la maladie pro-Frères Musulmans de cette Maison Blanche démocrate, à sa propension à céder des ponts d’or à des embryons d’états faillis qui ne respectent pas les règles (terrorisme ou brigandage, corruption, gangs armés, Panama’s papers et ainsi de suite), ou puisent chez des Alliés financiers comme le Qatar ou militaires, comme la Turquie et l’Iran (on parle ici du Hamas), l’élan suffisant pour harceler continuellement l’Etat Juif.
On restera persuadé qu’une partie des solutions résulte de la mise en place, à la fin du mandat Trump, d’une digue d’Etats Sunnites du Golfe, comprenant aussi le Soudan, pour limiter la pénétration des ces Etats hostiles précités au Machrek comme dans la Corne de l’Afrique par le Yémen. On y revient après la critique des écrits de l’ex-Pire Président des Etats-Unis d’Amérique, pour Israël

A Promised Land, le mémoire de 768 pages récemment publié par Barack Obama, en tête de la liste des meilleures ventes du New York Times, emprunte son titre au récit biblique de la promesse de D’ à Abraham et à ses descendants. Des millénaires plus tard, les sionistes ont compris que la terre promise était la terre d’Israël, où leur ancienne patrie serait restaurée. Curieusement, le président américain le moins amical envers l’État d’Israël depuis sa naissance en 1948, remet en scène la terre promise des Juifs pour mettre en lumière le récit de sa propre présidence, selon les humeurs de son ego.

Le récit d’Obama de sa relation avec Israël (en moins de cinq pages) commence par la Déclaration Balfour, notant que la promesse d’un «foyer national pour le peuple juif» ignorait la réalité d’une «région extrêmement peuplée d’Arabes». Après la Seconde Guerre mondiale, lorsque les Nations Unies ont approuvé un plan de partage de la Palestine entre Arabes et Juifs, «les dirigeants sionistes ont adopté le plan mais les Palestiniens arabes… s’y sont vigoureusement opposés» et «les deux parties sont entrées en guerre». C’est peu de dire qu’ils sont «entrés» dans la guerre : les Arabes – il n’y avait pas encore de «Palestiniens» auto-définis comme tels- ont mené cette guerre pour exterminer le jeune État juif. Dans le récit superficiel d’Obama, ce n’est jamais qu’«Israël qui se serait engagé dans une succession de conflits avec ses voisins arabes» – ce qu’il oublie de noter, c’est que ce sont ces «voisins» qui ont provoqué ces guerres avec cette même volonté d’éradiquer définitivement l’Etat hébreu.

En tant que président, écrit Obama, «le conflit israélo-palestinien… m’a pesé personnellement». Il prétend avoir cru qu ‘«il y avait un lien essentiel entre les expériences des Noirs et des Juifs» [l’épisode de l’esclavage en Egypte? ] qui le rendait «farouchement protecteur du droit du peuple juif à avoir son propre État» – une affirmation absurdement gonflée à l’outrance. Obama «a pensé qu’il était raisonnable de demander au parti le plus fort de faire le premier pas plus important» vers la paix. Mais «le bruit orchestré par Netanyahou» – son « méchant » préféré – «a eu pour effet de nous faire perdre notre temps, de nous mettre sur la défensive et de me rappeler que les différences normales de politique avec un Premier ministre israélien… ont exigé un coût politique intérieur qui n’existait pas », lorsqu’il a eu affaire à « l’un de nos autres alliés les plus proches » (comme l’Arabie Saoudite). Pour le traduire de façon lapidaire, il n’était pas, en tant que Président des Etats-Unis, à la hauteur de Netanyahou.

Le récit d’Obama cache bien plus qu’il ne révèle son impatience et son éventuelle hostilité envers Israël. Dans son discours de Jérusalem de 2013 au «peuple d’Israël», il a clairement exprimé sa conviction que «la seule façon pour Israël de perdurer et de prospérer en tant qu’État juif et démocratique est de réaliser une Palestine indépendante et viable» – «deux États pour deux peuples. » Pour une traduction courte, tout ce qui était nécessaire était qu’Israël abandonne sa patrie biblique en Judée et Samarie.

Le coup final porté à la relation et au fantasme d’Obama de présider à la paix est advenu quand Israël a annoncé des permis pour la construction de nouveaux logements à Jérusalem-Est pendant la visite du vice-président Joe Biden. Alors que «la fenêtre de tout accord de paix s’était refermée», il s’est rendu compte que «les enfants du désespoir» (les Palestiniens) se révolteraient inévitablement contre «l’ancien ordre au Moyen-Orient» et «ceux [les Israéliens] qui le maintenaient». En d’autres termes, le terrorisme palestinien est aussi prévisible que logiquement pardonnable.

Avant même son arrivée à la Maison Blanche, Obama s’était engagé à créer un décalage («lumière du jour») entre les États-Unis et Israël. C’est peut-être sa singulière réussite en matière de politique étrangère, surmontée uniquement par le Plan d’action global conjoint (2015), son accord nucléaire qui a fourni à l’Iran une voie dégagée vers les armes atomiques – c’est-à-dire jusqu’aux attaques israéliennes (pas plus tard que la semaine dernière) visant à éliminer les meilleurs scientifiques nucléaires iraniens.

Il n’est guère surprenant que A Promised Land (Une terre promise, non « la » terre promise) reçoive une critique de première page dans la critique des livres du Sunday Times -Book Review- (29 novembre). Longue de cinq pages, comprenant un tiers de la revue, elle a été écrite par la romancière Chimamanda Ngozi Adichi, qui mérite un prix pour son culte de la personnalité et la quête de héros modernes. Dans son ouverture grotesque, elle écrit que la prose aérienne d’Obama est «magnifique par endroits, les détails saisissants et vifs».

Un sondage est encore plus révélateur, celui du Jewish Journal, effectué juste après la fin de la présidence d’Obama, demandant: «Quel président américain a été le pire pour Israël au cours des 30 dernières années?» Sans surprise, avec un score écrasant, Obama s’est classé au sommet avec 63% (son challenger le plus proche était Jimmy Carter à 16%.) Une terre promise nous révèle pourquoi.

Dans les derniers jours de sa présidence, Obama s’est abstenu d’apposer son veto à la résolution 2334 de l’ONU, dénigrant les implantations israéliennes comme une «violation flagrante du droit international». Mais pendant huit ans, il avait clairement exprimé son malaise envers les Juifs vivant dans leur patrie biblique. Pourtant, le titre de son livre – Une terre promise – est une référence biblique à la promesse faite par Dieu du don de la terre au peuple juif. En a t-il seulement conscience?

Ironiquement, au président le plus hostile à Israël a succédé le président qui a fait plus pour l’État juif que n’importe lequel de ses prédécesseurs depuis que Harry S. Truman l’a reconnu quelques instants après sa déclaration d’indépendance.

(Inspiré de : Jerold S.Auerbach est l’auteur de Print to Fit: The New York Times, Zionism and Israel 1896-2016 , choisi pour Mosaic par Ruth Wisse et Martin Kramer comme meilleur livre pour 2019.)


 

Les Accords d’Abraham, en inaugurant un ensemble de développements économiques et culturels ouverts et chaleureux, entre les nouveaux partenaires arabes et Israël, vont nécessairement avoir une influence positive d’amenuisement de l’hostilité arabo-palestinienne, notamment chez les Arabes d’Israël. Ceux-ci participent déjà aux bénéfices de la croissance économique israélienne, même si les blocages politiques annexés sur la « cause palestinienne » restent un obstacle primordial. Récemment, Netanyahou s’est concerté avec les leaders de la « Liste Unifiée » qui semble très divisée sur l’attitude à adopter face à la « menace » que constituent les derniers accords de paix. La brèche est importante et certains devraient s’y engouffrer pour s’emparer de dividendes de la « paix ».

On peut même imaginer que l’influence de Mohamed Dahlan, blacklisté chez les Palestiniens par l’OLP et le Hamas, pourrait aller croissante grâce à ses partisans à Ramallah et Gaza. Néanmoins, la propagande irano-turque et celle des Frères Musulmans restera vivace, avec une certaine profondeur stratégique au Moyen-Orient, via les rêves ottomans démiurgiques d’Erdogan et les tentatives de percée hégémonique des Ayatollahs, d’Irak au Liban en traversant la Syrie, le Yémen, objets de la Guerre entre les Guerres d’Israël et de son soutien militaire et en renseignements à ses nouveaux alliés, diversement empêtrés. Le rôle de l’Egypte (côté Afrique-Libye) et de la Jordanie sont supplétifs dans cet effort global de contention.

L’environnement changeant, le modèle des Emirats, comme le suggère Mordekhaï Kedar peut servir de référence aux plus accommodants des Palestiniens prêts à cohabiter : évoquons ce cas pour ceux qui ont déjà choisi de travailler et prospérer dans la Zone C de Judée-Samarie, comme dans le cas (déplacé) de SodaStream. Israël participe à la prospérité des familles ouvrières ou entrepreneuriales arabes palestiniennes qui « jouent le jeu » et prennent leurs distances vis-à-vis des influences terroristes de l’OLP et du Hamas. Idem, évidemment, dans la ceinture « Est » du grand Jérusalem, dont le développement doit se prolonger parallèlement, avec un accent mis sur la salubrité des quartiers arabes, dans le sens d’une participation accrue à la citoyenneté « locale ou municipale ».

Parallèlement, les échanges fructueux des Emirats, du Bahrein, etc. avec Israël, doivent entraîner l’économie jordanienne dans la boucle, annexée sur le développement de Neom, en Arabie Saoudite et favorisée par les voies aériennes entre Ben Gurion, le ciel Saoudien et les Emirats (Bahrein inclus, jusqu’à Karthoum). L’incitation serait alors de composer, peu à peu, un nouvel espace socioéconomique, donc politique par extension, pour agglomérer les Zones A et B de « Cisjordanie », dans un codéveloppement avec Amman. Gaza-City comme Ramallah se connecteront à Neom pour sortir de leurs enclaves respectives et se fondre peu à peu dans le grand Moyen-Orient.

Tout cela ne se fera pas sans obstacles, notamment de regain terroriste, de la part des factions qui ont le plus à perdre dans la « paix », mais Israël sait gérer le conflit de « basse intensité » et instruire des Emiratis, Egyptiens prêts à entrer dans la danse contre le Jihadisme. La lutte contre le blanchiment, l’argent sale et les financements terroristes aura pour cible la neutralisation de ces tendances nuisibles au Qatar et le démantèlement des réseaux pro-iraniens.

Avec la Russie, partenaire de déconflictualisation en Syrie, il faudra veiller à neutraliser les appêtits colonialistes de « l’empire turc », les Egyptiens, Emiratis et d’autres, composant avec des opposants comme les Kurdes dans les zones Est de la Syrie ou participant au développement pétrolier de Deir Ez Zor. Moscou maîtrisera l’espace azéri-arménien. Idem pour la façade méditerranéenne, avec Chypre, la Grèce et l’Egypte.

Le modèle national palestinien porté par l’OLP est largement contrecarré, depuis 1987, soit la première Intifada, qu’on peut considérer comme la première « révolte » de ces populations mixtes à Gaza et « Cisjordanie » (littéralement : partie ouest de la Jordanie) : loin d’être « populaires », ces insurrections utilisant principalement l’arme terroriste, sont la matrice, le noyau dur et l’origine même du Jihadisme islamiste à travers le monde. Il faut donc traiter ce « cancer » avec les éléments appropriés de l’anti-terrorisme, tout en y introduisant les médecines douces » de la coopération avec des Etats Arabes « raisonnables ». Une fois la Turquie et l’Iran ramenés à la raison, tous les accords de paix du monde pourraient devenir « enviables », mais guère avant :

L’Administration Biden n’aura jamais assez de 4 ans pour réconcilier Hamas et Fatah en une seule entité « tolérante » de ses différents extrémismes. Elle devra donc accepter de composer avec les offres en développement de l’Alliance d’Abraham.

Dans l’attente, Israël doit échapper aux différents écueils des menaces de 4ème élection et les bons scores dans les sondages de Naftali Bennett doivent renforcer le Likoud et l’opposition à un risque de Centre-Gauche Gantz-Lapid, trop conciliants envers la nouvelle administration, au point d’accepter de sombrer dans ses pièges (inscrits sur le mur par Obama-le Prophète).

On développera ces différents points. Il est certain que des alternatives fructueuses existent et le désespoir est du côté des ennemis d’Israël.

Par Marc Brzustowski

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