Abbas s’en va t-en guerre, sa stratégie en ruine ©

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Palestinian President Mahmoud Abbas (Abu Mazen) speaks during a meeting with members of the Central Committee in the West Bank city of Ramallah on January 14, 2018. Photo by Flash90

By Marc – jforum.fr/wp-

 Ultimatum d’Abbas à Trump : choisissez entre Jérusalem palestinienne ou la guerre

Le Palestinien Mahmoud Abbas a durement répliqué, après avoir saisi qu’il était confronté à un plan américain ordonné et soutenu par les Arabes, réduisant toute sa stratégie en ruines.

Abbas comprend maintenant qu’il est repoussé dans ses retranchements par ce qu’il pouvait redouter de pire : la reconnaissance par Trump de Jérusalem comme capitale d’Israël n’était pas qu’un caprice isolé, mais la composante centrale de “l’accord du siècle”, que le président américain et ses conseillers ont conçu durant des mois, de concert avec le Président égyptien Abdel-Fattah el-Sissi, le prince héritier Mohammed Bin Salman et l’Emir des Emirats Arabes Unis, Mohammed Bin Zayed. Le fait que Jérusalem s’inscrive dans ce plan plus vaste, systémique et ordonné explique aussi le petit désagrément entre Trump et Netanyahou, lorsque ce dernier annonce, en Inde, que l’ambassade américaine sera “probablement” transférée dans le courant de l’année : Trump lui répond, en substance – implicitement – qu’il attend la mise en place d’autres dominos de “l’accord du siècle” avant d’y procéder.

La situation la plus difficile pour le dirigeant palestinien a été d’expliquer à l’opinion publique arabe et palestinienne ce qui est arrivé à sa stratégie maîtresse menée tout a long de ces 25 dernières années : elle consiste à utiliser l’opinion publique pour contraindre une solution de paix à l’avantage des Palestiniens, pointée sous la gorge d’Israël. Il n’y a pas si longtemps de cela, Abbas se vantait d’être sur le point de réussir son tour de passe-passe. Et à présent, il s’effondre devant ses yeux. Il n’est pas suffisant pour lui de se contenter de hurler que “l’accord du siècle” se transforme “en gifle du siècle”.

Ici et là, il peut retrouver des pro-Palestiniens inconditionnels sur le plan international, mais les portes se sont refermées en claquant, alors que les fonds pour les organismes de l’ONU et les ONG s’assèchent. Même les Européens, qui détestent Trump et sont des sympathisants des Palestiniens, commencent à y repenser à deux fois avant d’adhérer à une ligne franche et directe contre les Etats-Unis et Israël. Ils sont réticents à trop contrarier les partenaires de ces deux alliés, les dirigeants du royaume saoudien et es émirats riches en pétrole, un luxe qu’ils peuvent difficilement se permettre en ces temps de déclin économique profond.

La majorité des critiques de ce plan américano-arabe de paix sont déclenchées par un malentendu. Ce plan est fortement fondé sur la solution à deux Etats qui offre aux Palestiniens leur propre Etat et dément toute tentative d’Etat binational israélo-palestinien. Mais ce sont ses contours qui sont différents à toutes les précédentes propositions de paix.

Les fameuses lignes de démarcation du 4 juin 1967 sont parties aux oubliettes pour de bon, alors qu’elles étaient une condition sine qua non d’Abbas. Selon les extraits qui ont fait l’objet de fuites, concernant cette nouvelle proposition, encore à l’étude sur la table de travail, cet Etat palestinien serait érigé sur les territoires actuellement sous la juridiction de l’Autorité Palestinienne en Judée et Samarie (zones A et B). Sa colonne vertébrale serait formée par la chaîne des villes palestiniennes, allant de Naplouse dans le nord à Ramallah et Bethléem et jusqu’à Hébron au sud. Elles se rejoindraient à la Bande de Gaza et acquerraient certaines parties du nord Sinaï, probablement Rafah et el Arish, villes égyptiennes.

Selon ce plan, le centre gouvernemental et la majorité de la population de ce nouvel Etat palestinien seraient orientés principalement vers le sud, et Jérusalem ne serait plus le lieu aussi pertinent pour représenter sa capitale. Ce serait encore Ramallah et éventuellement Abu Dis, à l’extérieur de Jérusalem, où du reste, les places fortes du gouvernement et du parlement ont été installés il y a déjà belle lurette, après plusieurs initiatives de paix mortes-nées.

Ce plan d’instauration d’un Etat palestinien porte très peu de traits de ressemblance avec les buts affichés ou cachés de la lutte palestinienne depuis 50 ans. Le mouvement national palestinien a constamment aspiré à un Etat  qui avalerait Israël et éteindrait la vision sioniste. Cependant, l’Etat palestinien contemporain, tel qu’envisagé dans le nouveau plan puiserait sa force et ses chances de survies de l’Egypte, de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis, qui, tous, entretiennent de bonnes relations économiques et sécuritaires avec l’Etat Juif.

Pour Mahmoud Abbas, cette perspective représente un anathème. Il est tellement hors de lui que dimanche, il a maudit la Maison Blanche du Président américain Donald Trump devant le Comité Central de l’OLP. Mais, du coup, lundi 16 janvier, Trump a dégainé son arme ultime et a sabré l’aide américaine à l’Agence d’Aide pour le Travail de l’ONU (UNRWA) au profit des seuls Palestiniens, de 125 millions de $ à 60 millions de $, soit moins de la moitié.

Depuis tant d’années, l’UNRWA est devenu le parrain politique puissant de tout groupe palestinien désireux de rejoindre la “lutte” contre Israël. Son personnel a été nourri par les financements payés comme un dû par les pays-membres de l’ONU, à la grande différence de l’Autorité Palestinienne souvent à court d’argent, à Ramallah. Trump a, par conséquent, décidé que la clé permettant de mettre sur pied le plan de paix américano-arabe serait de réduire le flot d’argent frais versé à ses opposants.

C’est un fait peu connu qu’il ait été rejoint dans cette entreprise par les Saoudiens, les Emiratis et même le Qatar, qui ont tous commencé, il y a quelques semaines, à arrêter le financement de l’aide à l’Autorité Palestinienne. L’Autorité Palestinienne et son président, découvrent, par conséquent, qu’ils se retrouvent coincés dans une forme de blocus américano-arabe, qui ne laisse plus que trois options possible à Abbas :

Réaliser qu’il a le dos contre le mur et qu’il n’a pas d’autre option que d’accepter “l’accord du siècle »..

Être confronté à se faire limoger par le reste des cercles dirigeants palestiniens et remplacé par un successeur plus susceptible d’atteindre une situation d’entente avec l’administration Trump, le Caire, Riyad et Abu Dhabi.

Régresser vers la doctrine Arafat de la lutte armée – pas simplement contre Israël, cette fois, mais aussi contre des cibles américaines. Abbas a indiqué être sur le sentier de la guerre quand il a défié le Président Trump dans le discours féroce qu’il a délivré au Caire, mercredi 17 janvier. Il a hurlé : « Jérusalem sera uniquement la porte de la paix quand elle deviendra la capitale de la Palestine. Mais c’est aussi une porte débouchant sur la guerre, l’insécurité et l’instabilité, si ce n’est pas le cas. Trump doit choisir ».

Son ultimatum éhonté au Président des Etats-Unis d’Amérique était accompagné par une rumeur lancée par ses sbires, accusant l’Administration Trump de comploter à renverser Abbas par la force de son poste de président de l’AP. Le dirigeant palestinien se trouve pieds et poings liés par deux handicaps : la pénurie de financements qui lui permettraient de s’acheter des partisans et son âge avancé. A 82 ans, c’est plutôt lui qui doit choisir une quatrième option : se retirer volontairement et faire la place à un dirigeant plus jeune.

Adaptation : Marc Brzustowski

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1 Commentaire

  1. Résumé et analyse fort intéressant.
    En somme, les ingrédients de la soupe sont les mêmes, et nous serions quand même obligés d’accepter d’avoir à proximité du pays des gens qui nous détestent et qui à tout moment et suivant l’inspiration de leurs chefs religieux ou d’autres sources diaboliques risquent, malgré les belles paroles des initiateurs de ce plan dit de paix de continuer venir faire des attentats et des meurtres en Israël comme par le passé avec la bénédiction des mouvements terroristes locaux et la recommandation quasi-automatique des nations à Israël « de ne pas réagir de façon exagérée ». Nous allons pouvoir vérifier la qualité de ce plan et l’accord des pays arabes une fois que la régime de l’Iran a été neutralisée et que certains Etats arabes n’ont plus besoin d’accords avec Israël. N’oublions pas la masse d’armement livré récemment par les USA et la France aux pays arabes les plus virulents. J’ai beaucoup de peine à croire qu’Israël pourrait se sentir plus tranquille à l’avenir. Ce plan de « paix » va surtout générer quelques candidats pour le « Prix Nobel de la Paix » qui vont toucher « le paquet », et pour Israël cela sera probablement « le statu quo » et « Business as usual ».
    Toutefois, il faut ajouter à tout cela que nous connaissons pas encore le plan de paix du Maître du monde…

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