A Ben Gourion, les débuts d’une vague d’immigration juive ukrainienne

A Ben Gourion, les débuts d’une vague d’immigration juive ukrainienne

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A l’aéroport Ben-Gourion de Tel Aviv, les prémices d’une vague d’immigration juive ukrainienne

Plus de deux mille personnes fuyant la guerre ont déjà rejoint Israël, qui se prépare à accueillir 100 000 Juifs, en provenance d’Ukraine mais aussi de Russie, éligibles à la citoyenneté au titre de la loi sur le retour.

La machine d’Etat s’est mise en branle. Tout juste revenu de son périple diplomatique à Moscou, le premier ministre israélien, Naftali Bennett, a accueilli, dimanche 6 mars à l’aéroport David-Ben-Gourion de Tel Aviv, un premier vol de réfugiés ukrainiens, organisé par son bureau. Il transportait une centaine d’orphelins juifs ayant transité par la Roumanie. Plus tard dans la journée, deux autres vols affrétés par le ministère de l’Alya, l’immigration juive en Israël, ont emmené plus de 200 autres Ukrainiens. Ils sont notamment originaires d’Odessa, ville de haute culture juive menacée par l’armée russe, dont le nom résonne puissamment dans l’imaginaire israélien.

Par leurs propres moyens, quelque 2 000 Ukrainiens fuyant la guerre ont déjà rejoint Israël, selon la ministre de l’intérieur, Ayelet Shaked. Des groupes russophones sur Facebook, consacrés d’ordinaire à la revente de meubles et à l’entraide communautaire, laissent voir un impressionnant effort collectif en faveur de ces nouveaux arrivants. L’Etat israélien en attend bien davantage. Selon Mme Shaked, ils pourraient être 15 000 dans le mois. Son ministère se prépare à accueillir 100 000 Juifs ukrainiens, mais aussi russes, éligibles à la citoyenneté au titre de la loi sur le retour de 1950. Une vague significative, pour un pays qui compte environ 15 % de citoyens issus de l’immigration d’ex-URSS, et pour qui l’histoire violente de l’Ukraine au XXe siècle relève de la mémoire intime.

Blinder les portes des synagogues

Pour l’heure, les signaux en provenance de Russie demeurent limités. La semaine dernière, l’Agence juive, qui a la charge d’organiser l’Alya, a reçu quelque 5 000 appels de Russes en quête d’information – à peine 5 % de plus qu’avant la guerre. Cependant, l’effet des sanctions et la transformation en cours de leur pays en Etat paria devraient bientôt se faire sentir. D’Ukraine, l’Agence juive a reçu, durant la première semaine de conflit, plus de 4 000 demandes.

Elle s’efforce d’aider les communautés ukrainiennes à protéger leurs institutions : 2 millions d’euros doivent permettre de renforcer ou de blinder portes et fenêtres de synagogues, et d’installer des caméras de surveillance. Des téléphones satellitaires ont été distribués à des rabbins et à des dirigeants de communauté. Une trentaine d’employés de l’agence travaillent encore dans le pays, de chez eux.

L’accueil des réfugiés non juifs

Les autorités israéliennes cherchent à affréter des bus afin d’aider ceux qui le veulent à fuir. Elles ont dépêché des renforts aux frontières et aux consulats en Pologne, Moldavie, Roumanie, Hongrie. Au total, quelque 200 000 Ukrainiens sont potentiellement éligibles à l’Alya, issus de communautés disparates, peu liées les unes aux autres, basées pour l’essentiel à Kiev, à Kharkiv et à Odessa.

Au-delà du sort de ces communautés, l’accueil des réfugiés non juifs suscite un débat douloureux en Israël. Dimanche, la ministre de l’intérieur, Mme Shaked, a estimé que près de 10 % des premiers arrivants n’étaient pas éligibles à la citoyenneté – sans ascendance juive ni liens suffisamment étroits à la communauté juive.

Par Louis Imbert(Jérusalem, correspondant) www.lemonde.fr

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