Si vous voulez voir un miracle, allez dans le Néguev

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Le miracle israélien : comment le pays a fait d’un désert une oasis.

85 % de l’eau du pays provient du dessalement d’eau de mer. Et Israël a même un plan B pour parer à une situation d’urgence.

Au commencement, la Terre promise était un désert. À l’ouest, la Méditerranée, à l’est, le fleuve Jourdain, qui sert de frontière avec la Jordanie, au nord-est, le lac de Tibériade et, à l’extrémité sud, la mer Rouge. L’Etat né en 1948 est entouré d’eau. Pourtant, avec cinquante jours de pluie par an, c’est une terre semi-désertique, surtout dans sa partie méridionale, le Néguev. Sans compter que sa population a doublé avec les vagues d’immigration successives et qu’il est frappé de plein fouet lui aussi par le dérèglement climatique.

Longtemps, le lac de Tibériade, fort de ses 4,5 milliards de mètres cubes (quand il est plein) a représenté l’unique source hydrique du pays. Dès leur plus jeune âge, les petits Israéliens sont sensibilisés au prix de l’or bleu, que leurs parents achètent à un tarif juste pour éviter le gaspillage. Las, le pays connaissant des années de grave sécheresse, il est difficile de compter sur ce lac comme unique réserve d’eau douce pour alimenter les 9 millions d’habitants et irriguer les cultures agricoles d’un pays longtemps dominé par les kibboutz.

Ce peuple de pionniers réputé pour son innovation n’a pas tardé à retrousser ses manches pour relever ce challenge. Tout d’abord, 87 % des eaux usées sont recyclées pour l’agriculture, qui absorbe 51 % de la consommation domestique. Ensuite, le pays est devenu champion de l’irrigation goutte à goutte avec sa société Netafim, qui exporte partout dans le monde. Israël est aussi très en pointe dans la lutte contre les fuites, notamment avec sa start-up Asterra qui les détecte par satelite. Mais c’est surtout le dessalement d’eau de mer, la pièce maîtresse de sa stratégie.

C’est en 2005 qu’a vu le jour la première des cinq usines de dessalement d’Israël, à Ashkelon. Ces dernières filtrent aujourd’hui 600 millions de mètres cubes d’eau par an, un volume qui devrait passer à 900 millions avec la mise en service de deux nouvelles usines, Sorek II en 2023 et l’autre en Galilée occidentale, dans le nord du pays, en 2025. De sorte que la part de la consommation d’eau du pays couverte par le dessalement devrait passer de 85 % aujourd’hui à 100 % d’ici à trois ans.

À l’abri de la flambée des prix de l’énergie

Avec ses trois pipelines situés à 3 kilomètres des côtes, la centrale de Hadera, à 30 kilomètres au nord de Tel-Aviv, prélève dans la Méditerranée 45.000 mètres cubes d’eau par heure (soit l’équivalent d’une piscine par minute) à 15 mètres de fond. Cette dernière repose, comme les autres usines du pays, sur la technologie de l’osmose inverse : 53.000 membranes très fines tournant à haute pression séparent l’eau captée du sel. Un litre d’eau de mer permet d’obtenir ainsi 50 cl d’eau douce, pour 43 centimes d’euro par mètre cube, avant de rejeter le concentré salé dans la mer. « Nous avons appris à ne plus recourir aux traitements chimiques et procédons à des contrôles réguliers très stricts concernant l’impact sur la biodiversité », assure Miriam Brusilovsky, directrice technique d’IDE Technologies, l’entreprise privée israélienne qui gère le site. Le point noir de cette pratique est son coût élevé, lié à la quantité d’énergie qu’il nécessite pour son fonctionnement, même si celle-ci a été réduite (à 2,9 kWh par mètre cube d’eau). Mais, grâce au gaz de la Méditerranée, Israël est actuellement à l’abri de la flambée des prix de l’énergie que connaît l’Europe. « Vu la faible largeur du pays et nos besoins, c’est intéressant pour nous, d’autant que seulement quatre-vingt-dix minutes s’écoulent de la mer au verre, mais cela peut l’être moins pour des pays plus étendus et moins secs », estime David Muhlgay, PDG du site de Hadera.

Il reste que, si le dessalement alimente plus de 70 % de l’eau potable du pays, Israël doit aussi puiser dans le lac de Tibériade 100 millions de mètres cubes par an, qu’il livre à la Jordanie, conformément aux accords de paix de 1994. Quant au Jourdain, il n’a de fleuve que le nom, son débit s’apparentant à un ruisseau par endroits. Et le projet de « canal de la Paix », visant à puiser dans la mer Rouge pour sauver la mer Morte desséchée, a été abandonnéAvec des précipitations en baisse de 15 % par an, l’inquiétude est là. Lior Gutman, porte-parole de l’entreprise nationale de gestion de l’eau Mekorot, n’est pas près d’oublier les cinq années noires de sécheresse – de 2013 à 2018 – au cours desquelles le lac de Tibériade était à sec.

« En cas d’urgence, comme une grande guerre dans laquelle des infrastructures seraient atteintes, un pic de la demande jordanienne ou plusieurs années successives de sécheresse comme nous avons connu au milieu des années 2010, il nous faut un plan B», lance Lior Gutman, en faisant visiter les installations près du lac de Kinneret, camouflées dans les montagnes, à l’abri d’éventuelles frappes ennemies.

Ce plan B existe: le pays a mis en place des infrastructures permettant d’acheminer de l’eau dessalée depuis le sud du pays vers le lac de Tibériade pour stabiliser son niveau, en cas de besoin, un projet d’un montant de 256 millions d’euros. Un premier test doit avoir lieu d’ici à la fin de l’année pour vérifier sa fiabilité.

La bénédiction n’est pas que le fait d’avoir des ressources matérielles à profusion. C’est aussi et surtout avoir des ressources intellectuelles de qualité (voir notre article sur les prix Nobel Juifs).

Au moment où des nations connaissent une grande pénurie d’eau, comme l’a connue le peuple d’Israël, on constate, ce qui n’est pas le fait du hasard, que ce dernier exporte son eau à ceux qui sont encore ses ennemis, à savoir les Arabes de Gaza, de Judée Samarie, et même de Jordanie.

L’eau est une bénédiction que le peuple juif reçoit en application de l’alliance. Il en est privé, s’il viole cette alliance, comme le dit le deuxième paragraphe du Chema’ (sans doute : Chema’ Israël, etc.). Il est bon de rappeler avec insistance ces enseignements que l’on oublie, voire que l’on méprise, pire que certains bons esprits dénigrent.

JForum.fr & le Figaro – Illustration : shutterstock

NDLR : Curieuse conclusion de la part d’un journal tel que le Figaro…

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