Le rabbi de Kalov, par. Vayéchev : le juste prix de la récompense

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« Et comment puis-je commettre un si grand méfait et offense à l’égard de D’ ?» (Beréchith 39,9).

On raconte qu’un jour l’un des chamachim démunis du rabbi Yits’hak de Varka zatsal portait des chaussures trouées.

Le rabbi s’adressa aussitôt à quelques connaissances pour leur demander de l’argent de Tsedaka pour un pauvre qui en avait extrêmement besoin.

La somme nécessaire fut rapidement réunie, et le rabbi déposa la somme dans son armoire dans le but de la transférer rapidement à son assistant. Ce soir-là, lorsque le chamach s’affairait à ranger les affaires du rabbi, il remarqua cette belle somme d’argent déposée dans son armoire. Il se dit que s’il prenait cet argent, il pourrait s’acheter de nouvelles chaussures qui lui étaient indispensables. Il ne surmonta pas l’épreuve, empocha l’argent et quitta la chambre.

Le lendemain, lorsque le rabbi ouvrit l’armoire, il remarqua que cet argent avait disparu. Il se mit aussitôt à enquêter auprès de sa famille, et il découvrit que le voleur était son chamach. Le rabbi le convoqua aussitôt et lui dit : « Sache que tout l’argent qui était déposé dans l’armoire t’était destiné, et si tu avais attendu quelques heures, tu aurais reçu cette somme de manière permise, mais comme tu as choisi de t’en emparer de manière interdite, tu seras puni pour la faute de vol. » Et le rabbi de conclure : « Il faut apprendre de là que même si on paraît gagnant en commettant une faute, il faut savoir que s’il conserve le bénéfice, il a été décrété du Ciel que cela lui appartenait, et même s’il n’avait pas commis la faute, on aurait orchestré du Ciel que cela lui parvienne de manière permise.

« De ce fait, on ne gagne rien en commettant une faute. » Le Ben Ich ‘Haï zatsal, dans son ouvrage Niflaim Maassékha, mentionne un récit similaire qui illustre aussi cette idée : un jeune homme avait l’usage d’aller chaque nuit à la Yechiva pour étudier après l’heure de ‘Hatsoth avec le Roch Yechiva et des amis. Un jour, en chemin pour la Yechiva, il remarqua que la maison d’une veuve aisée était restée ouverte. Elle avait oublié de la fermer à clé.

Il savait que dans la première pièce, à l’entrée, était déposée une boîte remplie de pièces d’or. Sa convoitise l’emporta et il brisa la boîte. Après avoir ouvert la boîte, sa conscience lui fit venir à la mémoire un texte de Ben Azaï : « L’homme ne peut s’emparer de quelque chose qui est destiné à autrui » et il se dit : « Si ces pièces d’or me reviennent, pourquoi les prendrais-je de manière interdite, et si elles ne me sont pas destinées, le vol ne servira à rien. » De ce fait, il les remit en place et repartit.

Le lendemain matin, la femme vit que sa boîte avait été brisée mais qu’on ne lui avait rien volé. La femme se dit qu’il s’agissait d’un miracle et qu’à chaque instant ont lieu des miracles, et qu’il vaudrait la peine de se marier pour conserver mon argent. Le jeune homme était seul et le Roch Yechiva suggéra à la femme : “Epouse-le”, et c’est ce qu’ils firent. Cet homme se dit en son for intérieur : « J’ai fait un bon raisonnement hier soir. Si ces pièces d’or m’étaient destinées, je les obtiendrais de manière autorisée, et Hachem a orchestré les événements afin que je les obtienne de manière permise. »

Ce principe figure déjà dans un récit de la Guemara (Mena’hoth 44a) : un homme résista à une épreuve difficile avec une non-juive et fut sauvé grâce au raisonnement qu’il tint sur la récompense et la punition expliqué dans un passage sur les Tsitsith. Il s’était dit que tout est du Ciel : si un plaisir m’a été destiné, si je m’en empare de manière interdite, D’ me punira, et si je surmonte les obstacles, je serai récompensé et j’obtiendrai un plaisir d’une autre façon. Par la suite, elle se convertit, et il l’épousa de manière conforme à la Halakha. Nos Sages (Bétsa 16a) affirment : « La parnassa de l’homme est déterminée à Roch Hachana » : à chaque Roch Hachana, il est fixé la somme qu’il gagnera jusqu’au Roch Hachana suivant. L’homme peut choisir de quelle façon gagner cet argent.

Même s’il déploie toutes sortes d’efforts, il ne pourra pas gagner au-delà de la somme qui a été fixée pour lui. Il est relaté dans les livres des Anciens que dans les revenus de l’homme sont comptés les plaisirs, qui ont été prédéterminés à Roch Hachana, et l’homme ne doit pas accaparer un plaisir à l’exception de ce qui a été fixé pour lui à Roch Hachana. Ainsi, lorsqu’un désir s’éveille en l’homme pour une chose interdite, que D’  préserve, il doit croire que si on a mis à sa disposition un plaisir, il a certainement été fixé du Ciel.

Il a le choix désormais de profiter de l’interdit, mais si en revanche il surmonte son penchant, il aura le droit d’en profiter de manière permise, car ce plaisir a été fixé pour lui. De ce fait, l’homme sage s’abstiendra de profiter d’un interdit, et emprunte en quelque sorte à Hachem le plaisir qu’il dépose dans la “banque » de Hachem, pour ainsi dire. Ainsi, Hachem le lui rendra certainement au centuple.

D’après ce principe, nous pouvons comprendre Yossef Hatsadik lorsqu’il se heurta à la grande épreuve de fauter avec l’épouse de Potifar qui lui avait également promis dix mille pièces d’argent : « Et comment puis je commettre un si grand méfait et offense à l’égard de D’ ?» Il se servit du Nom Elokim, qui fait référence à la hachga’ha pratit, comme il est dit (Ora’h ‘Haïm) : lorsqu’on mentionne le Nom d’Elokim, il faut avoir à l’esprit qu’Il est Tout-Puissant, omnipotent et détenteur de toutes les forces. Il avait à l’esprit que tout émane de Hachem, et qu’il n’y aucune raison de se laisser tenter d’obtenir un plaisir de manière interdite.

Chabbath Chalom !

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