Autour de la table de Chabbat, n°385 Bamidbar/ Hag Chavou’oth !
Ces Divré Tora seront étudiés le-ilouï Nichmath mon beau-père Hiya ben Moshé que son souvenir soit source de bénédiction pour tous
Dans quelques jours le jeudi soir 25 mai se déroulera la fête la du Don de la Tora : ‘Hag HaChavou’oth. La fête des semaines qui est la traduction du verset « la fête … des semaines ». En effet, le Don de la Tora a eu lieu le 6 Sivan soit 7 semaines après la sortie d’Egypte. Seulement dans la Tora, il n’est pas mentionné d’une manière précise cette date du 6 Sivan uniquement que « 7 semaines après Pessa’h, se sera un jour saint« . La révélation du Sinaï est donc liée avec la fête de Pessa’h puisque le décompte démarre à Pessa’h. Le Sefer ha’Hinoukh l’écrit d’une manière concise : « La liberté acquise lors de la sortie d’Egypte n’aura d’importance que parce qu’on recevra plus tard la Tora au Mont Sinaï. » Comme disent les Sages : « Il n’existe d’hommes libres, que celui qui apprend la Tora ! » Qui plus est, ce décompte des 7 semaines marque le travail, spirituel, qu’un homme doit accomplir afin d’accéder à la Tora, (car dans la vie on le sait, il faut travailler ou se travailler…). En effet, comme toutes les choses importantes de la vie, pour y accéder il faudra un certain mérite comme disent certaines belles-mères, même après 20 années de mariage, avec leur accent : » Mon fils… vous savez… il faut la mériter ma fille… ». Donc le Clall Israël a dû s’élever pour recevoir la Tora au Sinaï.
Comment s’y prend-on peut-être qu’il existait à l’époque une application sur l’IPhone qui facilitait la tache… Qu’en dites-vous ? Le Or Ha’Hayim enseigne que l’impureté égyptienne était à l’image de la femme impure, qui, après ses menstruations et les vérifications des 7 jours retrouve sa pureté. Pareillement, le Clall Israël, pour sortir de l’impureté a dû passer 7 semaines (7 fois 7 jours) avant de recevoir la Tora. De nos jours ce sera similaire, notre décompte du ‘Omer nous fera acquérir des niveaux spirituels pour être prêt au jour de Chavou’oth. Une autre idée qui est véhiculée par ces sept semaines, c’est que le Don de la Tora n’est pas limité à une date. Cela nous apprend que tout un chacun peut gravir la montagne sainte et accéder ainsi à un petit dévoilement divin dans le monde au travers de son étude (Voir Kéli Yakar Paracha Emor 23.16).
Le Midrash (Tan’houma 701.16) fait ressembler le don de la Thora aux fiançailles de la communauté avec D’. Comme le verset le dit, « La Tora nous a été ordonnée, c’est un héritage (Morasha) de la communauté« . Or les Sages de mémoire bénie enseignent que le mot Morasha (Héritage) est le même mot que Meourrassa (fiancée). On apprend de là que la Tora s’appelle la fiancée du Clall Israël. Et, continue le Midrash, lors de l’édification du Sanctuaire dans le désert, cela ressemblait à la ‘Houppa (le dais nuptial) entre la communauté juive et la Tora. Donc à Chavou’oth on fêtera nos fiançailles avec la Tora : forcément on n’oubliera pas le champagne à table ! Le Ben Ich Haï (Ben Yéhoyada Sanhédrin 99 🙂 demande comment peut-on comparer la sainte Tora qui pourrait s’unir avec une créature faite de chair et de sang, remplie de contradictions, d’envies, de rêves etc… Et d’expliquer que l’âme de l’homme est faite de plusieurs strates, Néfech, Roua’h et Néchama, et à chaque niveau, il existe des sous-niveaux. Donc lorsque l’homme accomplit une Mitsva quelconque, une partie de cette Mitsva s’unifie avec le niveau plus bas de l’homme, le Néfech, et engendre des fruits. Lorsque l’homme étudie la Thora, alors une partie de cette Tora s’unifie à la partie supérieure de notre âme Roua’h, et engendre aussi des fruits. Donc lorsque les Sages disent que la Tora est comme une fiancée qui s’unit avec son mari, c’est au niveau de l’âme juive que cela se passe, et les engendrements de cette union sont spirituels. Mais, si l’homme se détourne de l’étude, alors la Tora sera à l’image de la femme délaissée qui se séparera de son mari. C’est profond, n’est-ce pas ?
Et c’est à mettre en parallèle avec une anecdote d’un ami/Avrekh à Elad qui n’avait pas d’enfants après plusieurs années (6 ans) de mariage. Il alla voir rabbi Haïm Kanievski que son souvenir nous protège ; pour lui demander un conseil et une bénédiction. Le rav lui dira : » Ecris un livre de ‘Hidouch, de nouveauté, en Tora. De la même manière que « tu créeras » de la Tora dans le monde alors tu mettras au monde des enfants… » Et effectivement, cet ami éditera dans un premier temps des écrits sur une de ses études apprise au Collel et lors de la mise en presse, il aura la chance d’avoir une première fille. Lors de la sortie de son deuxième livre naîtra un deuxième enfant puis des jumeaux.
On posera cette semaine à nos lecteurs une question intéressante, on sait que le jour de Chavou’oth le Clall Israël a l’habitude d’étudier toute la nuit qui précède la lecture de la Tora du lendemain matin. Or, il est connu que les Sages interdisent de manger de la Matsa la veille de Pessa’h (Or Ha’Haim 471.2) afin d’avoir envie de manger de la Matsa le soir du Seder. Autre cas, toutes les veilles du Chabbath il est déconseillé de faire un repas proche de l’entrée du Shabbat afin d’avoir de l’appétit lors du repas du soir (Or Ha’Haim 249.2). Donc d’après cela, les Sages auraient dû déconseiller d’étudier la veille du Don de la Tora afin d’avoir plus d’engouement à l’étude de la Tora qui sera donnée le lendemain matin !
La réponse qui je vous propose est celle du Ma’adné Acher (n° 700). Il rapporte le Sfat Emet (‘Hag HaChavou’oth année 5660) que l’étude de la veille de Chavou’oth vient témoigner de notre engouement pour la Tora. D’une manière générale toutes les envies de ce bas-monde proviennent d’un manque ou d’une faim (J’ai envie d’un bon steak car cela fait bien longtemps que je n’en n’ai pas mangé). Or, plus on en mangera plus on en sera dégouté c’est certainement pour cela que le plus intelligent des hommes : le roi Salomon, paix à son âme, a dit « Hevel Havélim… Tout est vanité », ce monde ne vaut pas grand-chose… Pour preuve, les hommes courent pour assouvir leurs désirs. Or à peine les ont-ils atteint, qu’ils sont à la recherche d’une nouveauté car déjà la première, (l’ancienne) n’a plus de goût… et ainsi de suite jusqu’à 120 ans… Or la Tora c’est exactement le contraire. Plus on l’étudiera, plus on souhaitera l’étudier encore ! D’ailleurs le Call Israël est comparé au poisson de la rivière qui pour chaque goutte d’eau qui tombe du ciel ouvre la bouche pour la gober alors qu’il baigne dans l’eau. Pareillement pour le Clall Israël qui est avide de Tora (la preuve c’est bien vous mes lecteurs qui me suivez depuis quelques années, semaines après semaines… Intéressant argument, n’est-ce pas ?). Donc lorsque la communauté étudiera la veille de Chavou’oth cela fera augmenter encore plus l’envie de recevoir la Tora le lendemain !
Qui veut rentrer à la NASA au service de la communauté ?
Cette semaine je vous gratifierais d’une très intéressante anecdote qui nous en dira long sur la manière dont les grands de la Tora conçoivent son étude. Notre histoire véritable se déroule dans l’Amérique des années 60 dans l’enceinte de la grande Yechiva de la ville de Lakewood. Si mes lecteurs ne le savent pas, c’est une des plus grandes institutions de Tora du monde où étudient des milliers d’élèves Ken Yirbou ! Son fondateur était le géant en Thora rabbi Aharon Kottler zatsal (décédé en 1964). Cet imminent Talmid ‘Hakham d’Europe centrale échappa à la Shoa et encore pendant la guerre installa sa Yechiva dans le New Jersey. C’est une Yechiva qui ouvre sa porte à quiconque souhaite se consacrer à l’étude de la Tora pure sans désir particulier de devenir rav, ou juge… simplement l’étude est Lichma : au nom de la Tora de D’. Or, vous le savez, une Yechiva n’est pas comme une usine ou un grand magasin qui développe un chiffre d’affaires pour subvenir à ses employés (les Avrékhim). Le contraire est plus tôt vrai, puisque grosso modo, la Yechiva ressemble à un centre de recherche hyper-pointu comme le CNRS ou mieux encore :la NASA… sur des textes plusieurs fois millénaires (bravo pour la ressemblance, n’est-ce pas ?). Dans cette enceinte de Tora, tout celui qui désire approfondir son héritage peut s’assoir et l’étudier ; et pour les plus persévérants (après leur mariage) ils pourront même recevoir une modique bourse. Or, une institution de cette ampleur a besoin mensuellement de sommes colossales pour assurer son fonctionnement. A une période particulière la situation comptable de la Yechiva était particulièrement inquiétante. Les Avrékhim ne recevaient plus leurs subsides : les notables de la communauté n’arrivaient pas à joindre les deux bouts et les caisses de la Yechiva s’étaient vidées. Parmi les nombreux donateurs il y avait un homme ‘harédi (religieux, ou plus tôt dans notre jargon un « ultra ») particulièrement riche qui habitait la ville de Lakewood et avait des affaires dans le monde entier. Tous les jours il se rendait dans la ville des affaires : New York ; avec son jet privé, et le soir, de retour à la maison, il s’asseyait durant deux heures à la Yechiva pour étudier avec beaucoup d’engouement la Sougia (la page de Guemara étudiée par les Avrékhim durant la journée). Or, la situation devenait tellement préoccupante que les responsables financiers de la Yechiva en vinrent à lui demander une aide supplémentaire. Ce dernier donnait déjà beaucoup de son pécule : il n’avait pas la possibilité d’augmenter son aide. Seulement il avait autre alternative : faire des heures supplémentaires dans son bureau de Manhattan et revenir plus tard à sa maison. D’après ses estimations, un surplus de travail pouvait dégager suffisamment de fonds pour renflouer la vénérable institution. Donc il avait devant lui un vrai dilemme : arrêter son étude du soir et renflouer les caisses ou continuer –comme si de rien n’était- son étude du soir… Comme notre homme avait la crainte du Ciel, il se tournera vers le Roch Yechiva pour lui soumettre cette question. Le rav Kottler écouta attentivement sa question, il répondit : »Le mieux pour toi est de continuer ton étude comme tu le fais à présent ! » L’homme rétorqua « Mais si je ne diminue pas mon étude, je ne pourrais pas subvenir aux besoins des Avrékhim. Et si au contraire j’augmente mon aide, j’aurais un mérite décuplé dans le Ciel ! Autant d’Avrékhim qui étudient la Tora seront pour moi le meilleur investissement ! » Le rav continua : » C’est juste, si tu augmentes tes heures de travail tu pourras permettre aux centaines d’Avrékhim d’étudier avec plus de tranquillité d’esprit. Certainement que pour ton ‘Olam Aba (ton monde futur après 120 ans) c’est préférable (de diminuer ton étude). Cependant, je crains beaucoup pour ton ‘Olam Hazé (ta vie de tous les jours !). Ces deux heures d’étude de la Tora sont le moteur de ta vie. Cette étude, te donne la possibilité de goûter aux délices de la Tora. Si tu les abandonnes, je crains que tu n’ait plus aucun goût à ta vie. Car qu’est-ce que vaut une existence sans l’étude de la sainte Tora ? Et même si le responsable de la comptabilité de la Yechiva te presse : ne l’écoute pas ! Suis mon conseil car tu as le droit d’avoir AUSSI une belle vie, pleine de sainteté proche de Hachem et de Sa Tora. N’écoute personne, continue ton étude du soir et la Yechiva se débrouillera sans toi. «
Fin de l’anecdote véritable qui vient nous rappeler que la vie sans l’étude de la Tora est bien morose, sans saveur ni profondeur. Dommage de passer à côté !
Donc si mes lecteurs qui me suivent ont compris le message : prenez le train en marche. La semaine à venir de la fête de Chavou’oth sera un magnifique tremplin pour se rendre au Beth Hamidrach de son quartier. Car vous avez le droit aussi mes lecteurs de Perpignan et de Honfleur il existe d’ailleurs un Beth Hamidrach à Deauville de vous délecter d’une page de Guemara et de fixer une étude quotidienne. Comme le dit rabbi Na’hman ; « il n’existe pas de désespoir sur terre ! »
Coin Halakha : la semaine prochaine tombe Chavou’oth le jeudi soir. Or, il est interdit de préparer des plats (faire des cuissons) depuis le Yom Tov pour les besoins du Chabbat. Les Sages ont institué la Mitsva du « Erouv Tavchilin » qui permettra de préparer les besoins du Chabbat depuis la veille qui est un Yom Tov. Pour cela, on devra préparer deux mets ( un morceau de pain et un plat-cuit comme du poisson, des œufs ) la veille de la fête soit le jeudi (avant fête). Et on considérera qu’on a déjà commencé les préparatifs du Chabbat depuis ce jeudi. Ce vendredi, qui est Yom Tov, on pourra cuire les plats de Chabbat il sera préférable de cuire les plats du Chabbat en début d’après midi du vendredi et ne pas attendre la fin de la journée avant le couché du soleil.
On placera nos deux mets dans une assiette et on fera la bénédiction d’usage : »Baroukh Ata… Al Mitsva Erouv ». Et on dira ce texte : »grâce à ce Erouv ce sera permis d’enfourner, de cuire, de faire Atmana et d’allumer les bougies (à partir d’une flamme déjà allumée) et de faire toutes mes préparations depuis ce Yom Tov pour le Chabbat ».
Shabbat Chalom et de bonnes fêtes de Chavou’oth pour tout le Clall Israël
David Gold
Je projette de sortir un deuxième tome de « Autour de la table de Chabbath »
Pour soutenir son impression vos dédicaces seront bien venues. Merci de prendre contact sur mon e-mail ou téléphone.
Tél : 00 972 55 677 87 47
Une bénédiction à tous mes lecteurs et en particulier à M . Berda et à son épouse. Qu’ils méritent d’éduquer leurs enfants dans la Tora et les Mitsvoth ainsi qu’une bonne Parnassa et qu’il continue d’étudier avec assiduité la Tora au Beth Hamidrach du Collel du rav Asher Brakha au 15 Réhov Palmah à Raanana