De Don Juan au tsadik Joankelevitch…

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Autour de la table de Chabbath Béréchith n° 300 !  

Cette semaine j’ai l’honneur de commencer un nouveau cycle d’études sur la paracha. De plus, c’est mon 300ème feuillet, béni soit Hachem ! Je suis reconnaissant vis-à-vis de D’ pour Sa grande bonté. Il m’a permis d’écrire de semaines en semaines (à peu près) ces paroles de Tora. J’espère que Hakadoch Baroukh Hou /le Saint béni soit-Il me donnera les forces et les possibilités de persévérer.  Les quelques idées que je vous propose sont puisées dans l’immensité des enseignements de nos Sages de mémoire bénie à travers toutes les époques jusqu’à nos Rabanim (chlita) contemporains.

 Je prie Hachem afin que Son aide et Son amour ne s’interrompt pas et que je puisse continuer à éclairer un tant soit peu le public francophone de la grandeur et la véracité du message de la Tora et de son actualité. Ma plus grande réussite sera que vous, mes lecteurs, progressiez dans la pratique des Mitsvoth et l’étude de la Tora grâce à cette lecture.

Un grand remerciement à ma mère qui est à mes côtés depuis le début de la parution du feuillet. Qu’elle mérite d’une longue vie et d’une bonne santé et de voir sa descendance suivre le chemin de la Tora et des Mitsvoth. Une bénédiction de santé et de réussite à M. Halfon qui fait un travail de relecture afin de rendre ce feuillet plus agréable.

 Que le Miséricordieux bénisse tous mes lecteurs et ceux qui me soutiennent.

De Don Juan au tsadik Joankelevitch…

La parachath Beréchith retrace la création du monde. Nous le savons, ce monde a été créé par D’. Le but de cette œuvre grandiose est que les créatures libres de penser et d’agir choisissent de servir Hachem. Au tout début, Hachem plaça le premier homme, Adam Harichon, dans le Gan Eden (Paradis) en lui enjoignant de garder une seule Mitsva : ne pas manger de l’arbre de la connaissance. En effet, durant ces prémices de l’histoire universelle, l’homme était porté vers le spirituel et non la matérialité. C’est-à-dire que le mal ne faisait pas partie de l’homme mais était uniquement extérieur à lui. Seulement après qu’Adam ait trébuché (en mangeant du fruit défendu), le mauvais penchant entra dans l’homme. Depuis lors, l’homme sera ballotté entre vouloir faire le bien ou le mal. Toutes sortes de pensées et de sentiments comme la jalousie, la cupidité, la cruauté l’habiteront depuis sa plus tendre enfance. Le mauvais penchant entrera en Adam Harichon et fera partie intégrante de toutes ses actions et pensées. De plus Hachem l’avait prévenu s’il en mangeait, il deviendrait mortel.

De nos jours, un consensus universel existe à savoir les créatures ne sont pas éternelles. Or cet axiome de base de l’humanité n’était pas chose évidente au tout début… Si Adam n’avait pas trébuché, il aurait vécu éternellement. De plus, la création aurait atteint son but : le service de D’ par le biais d’un seul commandement, celui de ne pas manger du fruit de la connaissance. Après la faute, l’homme vivra, soit, mais son temps sera compté depuis le premier de ses jours jusqu’à sa fin.

Seulement pour les besoins de notre feuillet, je pose une question à mes lecteurs. Les Sages enseignent qu’après avoir mangé du fruit défendu, Adam vivra encore près de 1000 ans. Or, Hachem l’avait prévenu que s’il mangeait du fruit il mourait le même jour. Les Sages enseignent qu’après avoir fauté, Adam se repentira de son acte (en faisant des jeûnes durant 130 années) et au final il aura la vie allongée ! Or, nous l’avons appris dans les derniers feuillets, la Techouva est une grâce Divine qui annule rétroactivement la faute. Donc après qu’Adam ait fait Techouva, pourquoi son repentir n’a pas servi à le laver entièrement de sa faute et de faire comme si elle n’avait jamais existé (et il aurait dû vivre pour l’éternité) ? Cette question très intéressante a été posée par un éminent Talmid ‘Hakham, rabbi El’hanan Wasserman (que D’ venge son sang) dans son Kovets Hé’aroth (Haggadoth 3 à la fin). Il répond d’après le Derouch 1 du Ran. Il enseigne qu’effectivement la Techouva annule la punition céleste. Toutefois la mort est devenue une loi naturelle. C’est-à-dire que la Techouva d’Adam a annulé la punition (de mourir dans la journée). La consommation du fruit a fait naître une nouvelle nature chez l’homme : il devenait mortel. Dorénavant l’homme vivra un laps de temps limité. Intéressant, non ?

Et puisqu’on a parlé Techouva on continuera sur le même phénomène sous un autre regard. Prenons l’exemple d’un homme qui transgresse de graves interdits et qu’après avoir lu notre feuillet décide de faire Techouva. Par exemple une espèce de Don Juan de Venise by-night… Et par un hasard extraordinaire il tombe sur « la magnifique Table du Chabbath  » (version italienne… S’il y en a parmi les lecteurs qui veulent la traduire dans la langue latine…) et décide de changer du tout au tout… Il abandonne les gondoles branlantes de Venise et décide de s’immerger dans l’eau -cette fois pure et translucide- de la mer du Talmud dans une Yechiva de Jérusalem ou de Bené Brak (ou pourquoi pas une d’Elad). Et notre homme étudiera d’une manière assidue pendant près de 10 ans. Dorénavant il est connu comme étant le rav tsadik  Joankelevitch… Or, dans l’hypothèse où, au bout de toutes ces années valeureuses où il étudiera d’arrache-pied, arrive au Sanhédrin de Jérusalem deux témoins (pourvu qu’entre- temps le Temple ait été reconstruit). Et déposent un témoignage accablant qu’il y a dix ans notre Don Juan/Joankélévitch avait accumulé de graves fautes (l’adultère par exemple, faute pour laquelle on est passible de mort). D’après vous qu’elle sera les conclusions du grand tribunal de Jérusalem même s’il a opéré une magnifique Techouva ? Le Noda’ Biyouda l’écrit noir sur blanc (dans une responsa 35 sur O. H.) ; le verdict du tribunal de 71 juges sera gravissime. On devra l’amener à la potence pour sa punition ! Or, vous allez me dire : « Monsieur le rav, ce n’est plus la même personne! »  La réponse qui est donnée sera double. Le Noda’ Byhouda écrit que le Beth Din ne peut pas tenir compte de la Techouva d’un homme, car sinon cela  annuleraient toutes les punitions de la Tora !

Autre manière de comprendre : le Beth Din ne peut pas tenir compte de sa Techouva car la punition n’est pas un acte social de prévention contre le grand banditisme ou une protection des méfaits d’un criminel. Il s’agit avant tout d’une expiation de la faute afin que notre homme puisse aussi hériter du monde futur. Donc même si notre Don Juan a fait une belle Techouva, il reste que la peine devra s’exercer pour son plus grand bien ultime

On finira par une touche positive. De nos jours, il n’existe pas de Sanhédrin à Jérusalem reconstruite, donc il ne reste que la Techouva sincère du repenti qui pourra le réhabiliter devant Hachem.

Petite réflexion sur le Chalom Bait

 Comme on le sait, cette paracha traite de la Création du Monde et en particulier de la création du premier homme : Adam. Le verset dit : « Faisons-lui (pour Adam) une aide pour lui, etc. »

Il s’agit de la création de sa femme. Donc j’ai décidé de vous proposer une histoire de Chalom Bait qui est extraite d’un bestseller intitulé « Au cours de la Paracha » qui demande à être une nouvelle fois imprimé cette fois pour le public français. Il s’agit d’un vieil Yérouchalmi (habitant de Jérusalem) qui se rendait tous les ans sur la tombe du rav Klariss (le rav de Tibériade d’il y a près d’un siècle).  Le fait étonna la proche famille du rav, de voir année après année ce même « ’Hassid de Jérusalem venir se recueillir sur la tombe de leur père ».  Une fois, un des enfants posa directement la question à notre homme : « Pourquoi te fatigues-tu tant à faire un si grand trajet depuis la lointaine Jérusalem ? » Sa réponse fut la suivante : « Il y a des dizaines d’années, lorsque je n’étais encore qu’un jeune Avrekh tout juste marié, j’avais eu de graves problèmes de Chalom Baït. La situation était devenue tellement critique que je décidai de prendre une semaine de repos dans la ville de Tibériade. Certainement la vue magnifique sur le lac m’aurait rendu les forces tant physiques que morales dont j’avais tant besoin. Quand je suis arrivé dans cette ville, je descendis dans une auberge et fis Min’ha dans la grande synagogue de la ville. Là-bas, je fus reçu par un cordial « Chalom Alékhem » du rav Klariss zatsal. Il me demanda avec toute sa gentillesse d’où je venais. Quand je lui répondis de Jérusalem, il s’empressa de m’inviter chez lui pour la semaine de mon séjour. En effet, à l’époque ce n’était pas courant d’avoir des hôtes venant de la Ville sainte. Il insista tellement que j’acceptais sa proposition avec joie. Je repris mes affaires à l’hôtel et je m’installais dans la maison du rav. Le lendemain matin, avant d’aller au Mikvé et à la Tefila comme à mon habitude, je vis le rav dans le salon en train de mettre en marche le grand réchaud à bois. Pour cela, il fallait enflammer des petites bûches de bois, puis en mettre des plus grandes et après beaucoup d’efforts mettre la casserole d’eau sur le feu. Après dix minutes, le rav Klariss prépara un café bien chaud dans une grande tasse et disposa des petits gâteaux sur l’assiette qui accompagna la boisson. Enfin, il posa le tout sur un plateau et l’apporta dans la chambre de la rabanith. Dès qu’il revint, je lui déclarais qu’à mon retour de la Tefila je quitterais les lieux pour ne pas indisposer le rav : voilà qu’en plus de moi il devait s’occuper de sa femme alitée. Sa réponse m’a alors complètement désarçonné : « Pas du tout ! me dit-il. En aucune façon ma femme n’est malade, Baroukh Hachem la Rabanith est en très bonne forme ! Si tu me vois m’occuper de ma femme de cette manière c’est que je veux appliquer l’enseignement du grand Ari zal (Eminent Kabaliste de Safed d’il y a quatre siècles) qui dit qu’avant la Tefila il faut prendre sur soi la Mitsva de « Tu aimeras ton prochain comme toi-même ».

De cette manière, la prière montera directement au Ciel, car elle est accompagnée de la prière de tout le Clall Israel. Donc, cette Mitsva, j’essaye de l’appliquer en PREMIER avec mon épouse, car qui est davantage mon “prochain” que ma propre femme !? C’est bien notre épouse que nous avons l’obligation d’aimer en priorité.” J’étais alors tellement impressionné par la réponse du rav, que d’un seul coup je compris que ma femme était AUSSI une Mitsva de la Tora ! C’est qu’il y a la Tefila (la prière), le Limoud (l’étude de la Tora) et sa femme.

Cette manière de voir le mariage m’a tellement remué que je suis rentré chez moi à Jérusalem et Baroukh Hachem j’ai choisi de DONNER à ma femme et ne plus RÉCLAMER !

Et grâce à cela j’ai entamé une nouvelle vie avec mon épouse et d’année en année je monte au cimetière de Tibériade pour me rappeler l’enseignement fondamental du rav Klariss zatsal. Et pour nous, qui n’avons pas la chance d’être disciple du rav de Tibériade, on fera des efforts certains pour envisager la vie de couple comme une formidable occasion de servir Hachem dans nos foyers. De savoir que lorsque l’on fait la volonté de son conjoint, on accomplira la volonté de D’ de voir les couples qui fonctionnent en harmonie et dans la joie. En cela on atteindra la kedoucha/sainteté dans nos foyers…

Chabbath Chalom et à la semaine prochaine si D’ le veut    

David Gold

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