Bieden face à l’entité nationale perturbée en Israël

Bieden face à l’entité nationale perturbée en Israël

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L’affrontement Kakhol lavan-Likoud sur la politique iranienne, tout comme leur affrontement sur les intérêts nationaux et stratégiques d’Israël en Judée-Samarie, montre clairement que le gouvernement d’union farfelu est au bout du rouleau.

Dans une interview accordée mardi au New York Times, le président présumé élu Joe Biden a réaffirmé son intention de ramener les États-Unis dans le cadre de l’accord nucléaire de 2015 avec l’Iran. Les États-Unis annuleront leurs sanctions économiques contre l’Iran s’ils respectent les limites de l’accord nucléaire sur ses activités nucléaires. Une fois que cela se produira, Biden a déclaré qu’il chercherait à négocier un nouvel accord nucléaire à plus long terme avec les ayatollahs iraniens. L’accord actuel expire dans cinq ans.

Biden a insisté sur le fait que le but de sa politique était d’empêcher l’Iran d’obtenir la bombe. Mais en pratique, la politique de Biden garantit que l’Iran développera un arsenal nucléaire et les missiles pour livrer les ogives. C’est vrai, à la fois, parce que l’accord nucléaire expirera et que l’Iran sera libre de construire des bombes nucléaires comme il l’entend en 2025, et parce que l’accord nucléaire de 2015 ne comporte pas de mécanisme d’application efficace.

Les inspecteurs de l’ONU chargés de garantir la conformité de l’Iran ne sont autorisés qu’à pénétrer sur les sites nucléaires civils. Étant donné que l’Iran a le pouvoir exclusif de déterminer si un site est civil ou militaire, il peut et a fait du régime d’inspection de l’accord une blague pathétique.

Il va sans dire qu’Israël ne peut accepter cet état de choses. Tout comme le Premier ministre Benjamin Netanyahou a été contraint de s’opposer à l’accord nucléaire de Barack Obama, Israël n’a d’autre choix que de s’opposer fermement aux plans de Biden.

Malheureusement, Israël est actuellement incapable de s’opposer clairement au plan de Biden, qui donnera aux mollahs les moyens de mener à bien leur plan de destruction de l’Etat juif. Cela parce qu’actuellement, Israël n’a pas de gouvernement unifié. Il a deux gouvernements prétendant être un gouvernement d’unité. Mais dans la pratique, ils sont en désaccord sur tout, y compris sur la manière de gérer la politique iranienne de Biden et de poursuivre des politiques contraires sur toutes les autres questions.

Le gouvernement du Likud de Netanyahou reconnaît le danger posé par la politique iranienne de Biden. La semaine dernière, l’ambassadeur fidèle à Netanyahou, Ron Dermer, a déclaré catégoriquement que ce serait « une erreur », pour une administration Biden, de revenir à l’accord nucléaire.

Le ministre de la Défense Benny Gantz, chef du gouvernement concurrent Kakhol lavan, ne comprend pas le danger.

Il y a deux semaines, le ministre des Affaires étrangères partenaire de Gantz, Gabi Ashkenazi, a déclaré à la commission des affaires étrangères et de la défense de la Knesset que la position intransigeante de Netanyahou avait tort. Selon les médias, Ashkenazi a déclaré qu’Israël pouvait développer un terrain d’entente avec une administration Biden sur l’Iran.

Les conseillers de Biden, a-t-il affirmé, reconnaissent les problèmes liés à l’accord de 2015 et sont ouverts à des suggestions concernant son amélioration. Ashkenazi veut persuader les membres de l’équipe de politique iranienne de Biden, de lier le programme nucléaire iranien à son programme de missiles balistiques et à son agression régionale.

Sur le papier, la position d’Ashkenazi semble raisonnable, mais dans le monde réel, elle est fantaisiste. La détermination de Biden à revenir à l’accord nucléaire sans conditions, à l’exception d’un engagement iranien inapplicable de limiter ses activités nucléaires, montre clairement qu‘il n’y aura aucun réexamen de quoi que ce soit. Quant à son projet de négocier un nouvel accord, l’Iran n’aura guère de raisons de le faire. En mettant fin aux sanctions de Trump, Biden perdra tout effet de levier (pression).

L’affrontement Kakhol lavan-Likoud sur la politique iranienne, tout comme leur affrontement sur les intérêts nationaux et stratégiques d’Israël en Judée et en Samarie montrent clairement que le gouvernement d’union farfelu est au bout du rouleau. Face à une administration déterminée à donner la bombe à l’Iran et ouvertement hostile aux droits et intérêts d’Israël en Judée-Samarie et à Jérusalem unifiée, Israël ne peut pas se permettre d’être gouverné par un gouvernement à deux têtes.

Les Israéliens sont convaincus que le pays doit défendre ses intérêts nationaux même face à l’opposition américaine, le seul type de gouvernement qui le fera est une coalition de partis de droite et de partis ‘harédi. Selon les sondages, c’est exactement le genre de gouvernement de coalition que les Israéliens envisagent d’élire. Depuis plusieurs mois, le bloc Droite-‘Harédi est crédité de suffrages entre 65 et 70 sièges, ce qui lui donne une majorité confortable à la Knesset de 120 sièges.

Malheureusement, les sondages ne racontent peut-être pas toute l’histoire. Yamina, (« A droite toute ») est un membre central du bloc Droite-‘Harédi. Et il est loin d’être clair que Yamina est un parti de droite au sens réel du terme aujourd’hui.

Apparemment, l’idée que Yamina n’est peut-être pas un parti de droite semble absurde. Yamina est une coalition de trois partis à droite du Likoud – la Nouvelle Droite, l’Union nationale et Habayit Hayehudi (« foyer juif »). Le parti Habayit Hayehudi a poussé Yamina à rejoindre le gouvernement actuel lors de son entrée en fonction en mai.

Aujourd’hui, Yamina est dominée par la nouvelle droite.

Fin 2018, le ministre de l’Éducation de l’époque, Bennett, et la ministre de la Justice de l’époque, Ayelet Shaked, ont abandonné le parti national-religieux Habayit Hayehudi pour former la Nouvelle Droite. Le lendemain de leur rupture, ils m’ont demandé d’être la première à les rejoindre dans leur course à la Knesset, aux élections qui ont eu lieu en avril 2019.

J’ai accepté leur offre avec joie. Selon moi, la Nouvelle Droite était un parti de droite idéologiquement consacré à l’avancement des causes les plus importantes pour moi – la réforme sur l’Etat-Nation du peuple juif, militant pour l’identité d’Israël, et l’application de la souveraineté d’Israël à de larges pans de Judée et de Samarie.

Curieusement, plutôt que d’adapter la campagne pour rallier des électeurs partageant les mêmes idées, Bennett et Shaked se sont concentrés sur les électeurs au-delà du consensus idéologique et même n’appartenant pas systématiquement à la droite. Sans surprise, en ignorant ses partisans naturels et en courtisant les électeurs qui ne se soucient pas de leurs problèmes, la Nouvelle Droite a recueilli 1 500 voix sous le seuil des quatre sièges nécessaires pour entrer à la Knesset.

Lors des deux élections suivantes, Bennett et Shaked ont joué la carte de la sécurité. Ils ont formé Yamina et ont concouru avec Habayit Hayehudi et l’Union nationale. Mais ils n’ont pas repensé leur stratégie électorale. Lors des élections de septembre 2019 et de mars 2020, ils ont doublé leur fréquentation du centre-gauche et ont continué à chercher à former un réservoir de voix dans les urnes.

Lors des élections d’avril 2019, la nouvelle droite n’avait qu’un peu moins de quatre sièges. Habayit Hayehudi / et la faction de l’Union nationale en a remporté cinq. À l’époque, toujours dans le chaos après l’abandon du terrain par Bennett et Shaked, ces cinq sièges représentaient le noyau le plus bas du vote sectoriel national-religieux.

Au deuxième tour, Yamina n’a remporté que sept sièges et en septembre, six sièges seulement. Si les cinq mandats du foyer juif / de l’Union nationale étaient restés fidèles à leurs convictions tout au long des diverses campagnes, alors en mars dernier, la nouvelle droite ne valait qu’un siège à la Knesset.

Depuis la formation du gouvernement actuel, le terrain a changé. Les sondages indiquent que Yamina remporte systématiquement plus de 20 sièges et n’est deuxième que derrière  le Likoud. Les sondeurs affirment qu’environ la moitié du soutien à Yamina vient du centre-gauche, en particulier des partisans mécontents de Kakhol lavan. L’autre moitié vient de la droite.

Il existe trois sources de soutien de gauche à Yamina. Premièrement, au cours des derniers mois, Bennett s’est focalisé sur le coronavirus, insistant sur le fait que c’est le seul problème qui devrait être à l’ordre du jour de l’agenda public. Sa concentration dévorante sur la pandémie et les dommages économiques qu’elle a causés a conduit de nouveaux partisans de Bennett, parmi les Israéliens touchés par le virus et impatients de voir les efforts du gouvernement l’atténuer.

Deuxièmement, et surtout pour les électeurs centristes et de gauche, en restant en dehors du gouvernement, Yamina a réussi à capter certains électeurs motivés par la haine de Netanyahou.

Enfin, Yamina recueille le soutien des gens de gauche parce qu’au cours des trois derniers mois, Bennett a abandonné sa loyauté envers la droite à la fois politiquement et idéologiquement.

Politiquement, Bennett a coupé Yamina de ses électeurs principaux – la communauté religieuse nationale en septembre. Lors d’un toast pour Rosh Hashana, Bennett a déclaré: « Je ne considère pas Yamina comme un parti sectoriel. »

Ayant abandonné la base politique de Yamina, Bennett a abandonné ses fondements idéologiques: souveraineté en Judée-Samarie et réforme juridique (de la Cour Suprême).

Dans une interview accordée le mois dernier à la radio de Tsahal, Bennett a déclaré: « Dans les années à venir, je mettrais la ligne politique de côté, y compris des choses importantes comme l’annexion et un État palestinien. »

L’aspect le plus étrange de la décision de Bennett d’abandonner la cause idéologique fondamentale de la droite est sans doute que cela n’a aucun sens politique. Grâce à l’appel du plan de paix du président Donald Trump à la souveraineté israélienne sur certaines parties de la Judée et de la Samarie, la perspective d’appliquer la souveraineté d’Israël à de grandes parties de la Judée et de la Samarie est devenue une option viable. Il est soutenu sous diverses formes par une grande majorité du public. Donc, à moins que Bennett ne soit spécifiquement intéressé à courtiser la gauche, sa décision n’a aucun sens.

Compte tenu de la grande majorité des Israéliens qui soutiennent l’extension de la souveraineté à certaines parties de la Judée et de la Samarie, la réforme juridique est devenue le principal problème qui sépare la gauche et la droite en Israël aujourd’hui.

La seule façon qu’Israël puisse appliquer ses droits souverains à la Judée et à la Samarie, et en fait, la seule façon pour un gouvernement de droite de mettre en œuvre l’une de ses politiques ne dépend que du fait que la Knesset entreprenne une réforme importante de la confraternité juridique radicalisée et incontrôlable, y compris au sein de la Cour suprême, concernant le rôle du procureur général et du parquet. Au cours de son mandat de ministre de la Justice, Shaked s’est présentée – ainsi que son parti – comme les leaders sur ce terrain.

Mais dans un renversement choquant de tendance, dans une interview accordée à la radio de l’armée le mois dernier, le bras droit de Bennett, le député Matan Kahana, a déclaré que Yamina n’était plus intéressée à mener cette réforme juridique. « Nous avons abaissé le drapeau aux deux tiers du mât », a-t-il déclaré.

Au début de cette semaine, Bennett a plié le drapeau et l’a carrément remis au placard, lorsqu’il s’est absenté de la Knesset lors d’un vote sur le projet de loi de son collègue du parti, le député Betzalel Smotrich, qui obligerait les procureurs principaux et le procureur général à attendre une décennie avant d’être éligible à la Cour suprême.

Si cela ne suffisait pas à susciter l’inquiétude, Bennett a annoncé qu’il prévoyait de sélectionner des gens non issus de la droite pour se présenter à la Knesset au nom de Yamina et qu’il refuse d’exclure la formation d’une coalition de centre-gauche avec le parti Yisrael Beytenu, d’Avigdor Liberman, de Yesh Atid et de… Meretz.

Les associés de Bennett et Shaked insistent sur le fait que leur partenariat avec Smotrich est la preuve qu’ils sont toujours à droite. Smotrich, le chef fougueux de l’Union nationale, est certainement motivé par l’idéologie. Mais chaque déclaration que fait Betzalel Smotrich indiquant que Yamina ne formera jamais un gouvernement de centre-gauche est démentie par Bennett et Kahana. Mercredi par exemple, Kahana a déclaré à la radio de Tsahal : « Nous n’excluons pas de coopérer avec Lapid et Meretz dans un gouvernement que nous formerons et nous alors mettrons de côté tous nos désaccords. Quoi qu’il en soit, dans les quatre prochaines années, il n’y a aucune chance de réaliser la vision diplomatique de la droite. «

Donc, en fonction du nombre de sièges remportés par Yamina sur les électeurs de droite, la majorité droite-‘harédi peut ne pas avoir le pouvoir de gouverner en tant que gouvernement de droite-‘harédi. En effet, une coalition avec eux (en supposant que Bennett accepte d’en faire partie) peut être réduite à la même incohérence qui afflige l’actuel gouvernement «d’unité» à deux têtes.

La lumière au bout du tunnel du coronavirus est en vue et la Grande-Bretagne, les États-Unis et Israël commencent maintenant à vacciner leurs publics (le 27 décembre en Israël). Mais alors que la pandémie sera progressivement sous contrôle, nous approchons rapidement du tunnel sombre qu’annoncent les quatre ans d’administration Biden. Pour qu’Israël réussisse à faire face à ses rebondissements, il aura besoin d’un gouvernement droite-‘harédi fort et solide, capable d’une action cohérente et directe.

israelhayom.com

Adaptation : Marc Brzustowski

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