Sur la photo : l’Hôtel de ville est situé dans la vieille ville de Brême, en Allemagne. (Source de l’image : Jürgen Howaldt / Wikimedia Commons)
par Soeren Kern / Gatestone
L’Office fédéral allemand des réfugiés et des migrations (BAMF) va auditer plus de 25 000 décisions d’asile après que des allégations de corruption aient surgi contre son bureau régional de Brême, dans le nord du pays.
Selon Der Spiegel, l’asile a été accordé à des personnes que les autorités allemandes soupçonnaient de représenter un risque potentiel pour la sécurité du pays. Ces migrants sont des agents de renseignement syriens, des passeurs de clandestins et divers criminels endurcis – ainsi que des djihadistes potentiels de l’État islamique.
La BAMF rejette actuellement la quasi-totalité des demandes d’asile de musulmans convertis au christianisme, a indiqué Thomas Schirrmacher, président de la Société internationale pour les droits de l’homme. Pour les « tests de croyance », la BAMF s’appuie sur des traducteurs musulmans qui trahissent délibérément les propos des migrants chrétiens ou convertis.
L’Office fédéral allemand pour les réfugiés et les migrations (Bundesamt für Migration und Flüchtlinge, BAMF) va auditer plus de 25 000 décisions d’asile après que des allégations de corruption aient été émises contre son bureau régional de Brême, dans le nord du pays.
Le ministre de l’Intérieur, Horst Seehofer, a annoncé cette vérification après qu’un ancien responsable du bureau régional de la BAMF à Brême ait été convaincu de corruption. Il aurait accepté des pots-de-vin pour avoir accordé l’asile à au moins 1 200 réfugiés qui ne répondaient pas aux critères. Cinq autres personnes, dont trois avocats, un interprète et un intermédiaire, font également l’objet d’une enquête.
Les trois avocats sont accusés d’avoir touché des sommes en liquide de « réfugiés » répartis dans toute l’Allemagne. Leurs dossiers de demande d’asile étaient ensuite présentés au bureau de Brême. L’interprète qui « traduisait » les propos des demandeurs d’asile s’arrangeait pour que leurs réponses correspondent aux critères d’admission. Il aurait touché 500 euros par demandeur d’asile.
Ainsi, le BAMF de Brême a approuvé la demande d’asile de Mohamad A., qui, par l’intermédiaire d’un interprète corrompu, a affirmé être un réfugié syrien dont la sœur avait été abattue par des forces loyales au président syrien Bachar al-Assad. Deux ans plus tard, il est apparu que Mohamad A. s’appelle en réalité Milad H. – et qu’il n’est pas syrien mais roumain.
Selon Der Spiegel, l’asile a été accordé à des personnes soupçonnées par les autorités allemandes de représenter un risque potentiel pour la sécurité du pays. Ces migrants sont des agents de renseignement syriens, des passeurs de clandestins et divers types de criminels endurcis – ainsi que des djihadistes potentiels de l’État islamique
La directrice de la BAMF, Jutta Cordt, a déclaré qu’une équipe de 70 auditeurs internes passera en revue 18 000 décisions d’asile rendues depuis 2000 par le bureau régional de Brême. Le BAMF réexaminera également 8.500 autres décisions rendues en 2017 par dix autres bureaux régionaux affirme Die Welt. Certains bureaux régionaux sont sous surveillance en raison de différences notables dans le nombre de demandes d’asile approuvées ou refusées, par rapport à la moyenne des bureaux.
Sur la base de courriels internes qui ont fuité, le Süddeutsche Zeitung a révélé que Jutta Cordt et d’autres responsables de la BAMF étaient informés dès février 2017 de « cas suspects » au bureau de Brême. Mais en raison des élections allemandes de septembre 2017, ces informations ont été gelées. C’est seulement le 26 octobre 2017 – un mois après les élections fédérales – que la BAMF a discrètement lancé une vérification interne. La politique d’immigration a été au cœur des élections, qui ont vu le parti anti-immigration Alternative for Germany (AfD) devenir le troisième parti du Bundestag, le parlement fédéral allemand.
Le scandale n’a été porté à la connaissance du public que le 20 avril 2018, quand le parquet de Brême a annoncé qu’un ancien fonctionnaire du bureau régional de la BAMF de Brême était en mis en examen, avec quelques-uns de ses collègues, et que la police avait perquisitionné leurs domiciles et bureaux.
En avril encore, la BAMF a licencié plus de 2 000 interprètes indépendants qui « ne paraissaient pas neutres ni dignes de confiance ». Certains interprètes soupçonnés d’être à la solde du gouvernement turc ont été licenciés pour « violation de leur devoir de neutralité ».
À l’ heure actuelle, 5.800 interprètes indépendants – beaucoup sont des migrants qui ne maîtrisent pas l’allemand – travaillent pour la BAMF en 472 langues, selon la Westdeutsche Allgemeine Zeitung. La plupart ont été embauchés, sans contrôle, au plus fort de la crise migratoire de 2015, lorsque la chancelière Angela Merkel a accueilli plus d’un million de migrants en provenance d’Afrique, d’Asie et du Moyen-Orient. Seuls 620 interprètes sur les 5.800 en activité sont certifiés, indique la Westdeutsche Allgemeine Zeitung .
Le scandale du droit d’asile a gravement attenté à l’image de la BAMF. Un sondage Civey publié par Die Welt le 21 mai a indiqué que 79,7% des Allemands avaient « assez peu » ou « très peu » confiance dans les décisions d’asile de la BAMF. Seuls 8,9% des personnes interrogées gardent un niveau de confiance « très élevé » ou « plutôt élevé » envers la BAMF.
La défiance envers la BAMF traverse tous les partis politiques : les électeurs du parti anti-immigration Alternative for Germany (AfD) ont déclaré à 97,9% qu’ils se méfiaient de la BAMF. Ils étaient suivis de près par les électeurs du Parti libéral-démocrate (87,1%), mais aussi ceux du bloc conservateur CDU / CSU qui soutient la chancelière Angela Merkel (80,8%) ; une majorité défiante se dégage aussi à gauche chez Die Linke (66,5%), le SPD (64,5%) et les Verts (62,4%).
Parallèlement, neuf demandes d’asile rejetées sur dix ont abouti au tribunal, indique la Süddeutsche Zeitung. Dans plus de 40% des cas, les juges ont tranché en faveur des migrants et annulé les refus d’asile de la BAMF. Les juges se sont rangés du côté des migrants de Syrie dans 99,9% des cas, du côté des Afghans dans 47% des cas et du côté des Turcs dans 34% des cas. Les migrants ont déposé 328 000 plaintes en 2017 – deux fois plus qu’en 2016 – contre les refus de la BAMF. Fin 2017, 372 000 affaires demeuraient pendantes dans les tribunaux allemands.
BAMF a rejeté la quasi-totalité des demandes d’asile de convertis au christianisme, selon Thomas Schirrmacher, président de la Société internationale pour les droits de l’homme. M. Schirrmacher affirme que pour les « tests de croyance », BAMF s’appuie sur des traducteurs musulmans qui délibérément falsifient les propos des chrétiens ou des convertis. Il cite l’exemple d’un converti dont les propos sur Martin Luther et l’Évangile de Matthieu, ont été traduits en référence à Lothar Matthäus, un footballeur allemand bien connu.
« C’est un scandale que presque tous les convertis passés de l’islam au christianisme se voient refuser l’asile », a déclaré Schirrmacher. « S’ils ont des interprètes partisans , comment les décideurs de la BAMF espèrent-ils répondre à la question très compliquée et sensible de savoir si la conversion au christianisme est fabriquée ou non ? »
Soeren Kern est Senior Fellow de l’Institut Gatestone de New York.