Pour découvrir le personnage central et marquant d’une manière inégalée le Judaïsme, nous proposons la relecture du numéro consacré à ce grand Maître, Kountrass n° 108, datant des 900 ans de Rachi.
Pour l’heure, rapportons un texte extérieur sur l’importance du commentaire de Rachi, vu par ‘Habad…
Le commentaire du Rabbi sur Rachi
Peut-on évoquer, aujourd’hui, le commentaire de Rachi sur la Tora sans rappeler la vision révolutionnaire que le Rabbi a posé sur ce commentateur ? La réponse ne fait aucun doute : depuis le décès de sa mère en 1964, date à laquelle le Rabbi a commencé à nous révéler une conception nouvelle dans l’approche de Rachi, il a réellement opéré une révolution dans l’étude de la Tora. Depuis Rachi (1040-1105), on a comptabilisé plus de 100 commentateurs expliquant ce Maître.
Mais jusqu’au Rabbi, la technique pour comprendre Rachi se cantonnait à une perspective très ponctuelle, à l’image du Sifté ’ha’hamim qui explique Rachi comme une solution apportée à une contradiction ou comme une allusion cachée dans les versets. Puis, vinrent les premières si’hoth sur Rachi qui apportèrent un éclairage extrêmement pointu sur Rachi. Si, jusqu’à présent, on avait compris Rachi par un commentaire se réduisant à une remarque plus ou moins longue, le Rabbi allait explorer de fond en comble, les mots de Rachi sur… 6 pages, 8 pages, voire 10 pages. Et là, tout d’un coup, le Rabbi allait littéralement donner vie à Rachi : pour comprendre le commentateur du pchath, si fondamental de notre Tradition, le Rabbi partit dans quatre directions : premièrement, il allait prouver qu’aucun détail du commentaire de Rachi n’était superflu ou secondaire. Même les sources talmudiques, midrachiques ou bibliques étaient choisies avec précision et étaient porteuses d’une clarification du texte. Les « etc » de Rachi n’étaient pas un simple raccourci, mais devaient eux aussi nous aider à mieux comprendre le verset. Les noms propres cités par Rachi avaient, une importance capitale sans lesquels on ne pouvait comprendre l’enjeu des idées abordées (voir à ce propos, la fabuleuse si’ha du volume 6, parachath Yitro avec la discussion entre Rabbi Akiba et Rabbi Yishmaël). La seconde direction de cette innovation avait pour but de montrer que le commentaire de Rachi était unitaire : tous les détails qui le composaient concourraient à édifier une idée centrale de son commentaire. La troisième direction s’efforça de montrer que le commentaire de Rachi devait systématiquement déboucher sur un enseignement concret, à la portée de chaque Juif, dans sa vie quotidienne. Enfin, et non des moindres, le Rabbi, s’inspirant d’un mot du Admour hazakène, démontra que le commentaire de Rachi contenait, allusivement, une dimension profonde de la Tora.
Il n’est pas possible, dans le cadre de cet article, de développer davantage cette richesse extraordinaire mais on peut retenir une idée qui rejoint, en fait, la conception que le Rabbi a du judaïsme : l’unité. Le Rabbi est un homme de paix qui ne fait aucune distinction entre les catégories de Juifs et qui de plus, cherche à rapprocher du judaïsme un Juif qui en est éloigné. Cette idée se retrouve à travers sa perception du commentaire de Rachi : unité, quand il démontre que tous les mots de Rachi convergent vers une seule idée. Unité, quand il rapproche le contenu spirituel de sa portée pratique et unité enfin, quand il prouve que le sens simple et le sens profond ne sont qu’une seule Tora.
Gérard Touaty – hassidout.org
Note de la Rédaction : Quand rav Israël Guillis s’est présenté à rav Schakh zatsal pour lui demander une haskama (une approbation rabbinique) sur le livre de son père, consacré aux commentaires des Ba’alé haTossafoth sur le ‘Houmach, il s’est vu répondre qu’une telle demande devait être présentée au Rabbi de Loubavitch ! Rav Guillis était plus que suffoqué par une telle réponse : « Non, c’est lui le spécialiste en la matière ! »
(Entendu de la propre bouche de rav Israël Guillis)