« … Car toute la communauté, tous sont saints, et Hachem est au milieu d’eux, et pourquoi vous élèveriez-vous sur l’assemblée de Hachem ? » Bamidbar (16,3)
Au travers de ces mots, Kora’h et ses compagnons ont voulu signifier à Moché et Aharon qu’ils ne leur étaient en rien supérieurs, qu’ils avaient tous entendu la voix de Hachem sur le mont Sinaï, et que tous les Juifs étaient donc à ce titre des prophètes et des égaux, sans aucun besoin d’un dirigeant quelconque.
En quelque sorte, Kora’h et ses compagnons ont tenté de diviser la communauté, que chacun fasse « bande à part », que chacun soit son propre guide !
Kora’h ne revendiquait pas spécialement le pouvoir. Il voulait plutôt le briser. Il voyait la force qui réside en chaque Juif, pouvant lui permettre de devenir indépendant et dirigeant d’une communauté.
Aujourd’hui nous retrouvons des « mini-Kora’h » un peu partout autour de nous, au sein de nos communautés, et même en nous-mêmes.
Le Kora’h des temps modernes est « internet », l’étude de la Tora sur écran.
Certes, les personnes qui l’alimentent pour diffuser la Tora se mettent au service de Hachem, mais la façon de s’y prendre est maladroite, voir néfaste.
Aujourd’hui, Baroukh Hachem, le nombre de sites internet et d’applications se multiplie sans cesse, on peut ZOOMER pour étudier de la Guemara, de la Michna, du Moussar… et tout cela, seul, chez soi, sans sortir, sans rencontrer qui que ce soit… sans communauté. De là peut venir le danger !
Internet risque de nous dissocier peu à peu de la communauté. Pourquoi sortir étudier, si tout au bout de la souris nous pouvons étudier en solitaire ?
Une Guemara (Makoth 10a) nous enseigne : « Rabbi Yossei bar ‘Hanina a dit : « Quelle est la signification du verset »l’épée sur les solitaires et ils deviendront stupides » ? Cela désigne une épée sur le cou des gens qui sont assis et s’occupent d’étudier la Tora de façon individuelle, et en plus ils deviennent également stupides… » »
Le Maharcha sur cet enseignement, nous explique que du fait qu’ils étudient seuls, il n’y a personne pour les corriger lorsqu’ils sont dans l’erreur. Et donc, par erreur ils en arrivent à fauter, puisque la loi reste ambigüe à leurs yeux.
Le Gaon de Vilna ajoute que si l’étude de la Tora sauve en général du péché et constitue une source de vie et de sagesse, se produira l’inverse pour celui qui étudie seul, car son étude suspend une épée au-dessus de sa tête, et l’amènera à devenir insensé et à pécher.
Internet existe sans doute uniquement pour permettre aux Juifs d’étudier la Tora et de s’y rapprocher. En quelques clics, je peux écouter sur un smartphone des dizaines d’heures de cours, apprendre à cachériser une cuisine « sans difficultés », étudier « en live » une page de Guemara… extraordinaire, magnifique, splendide !
Certes, mais tout cela doit être accompagné parallèlement d’une étude plus concrète, avec un rav, des élèves… Internet peut éventuellement compléter notre étude, mais ne nous apprendra pas comment étudier, poser des questions, écouter des réponses, etc.
De nos jours il existe le plus « grand » des rabbins, celui qui sait répondre à toutes les questions, rav Google ! Il est fort et très rapide, mais objectivement il ne donne que les réponses que l’on cherche, soit pour trouver une permission, soit pour coincer l’autre… Il trouvera toujours un ‘’Ravin’’ de Pétahouchnok qui permettra.
Le Meïri nous dit qu’une bonne analyse des enseignements de nos Maîtres est difficile sans l’aide d’un compagnon [de chair et de sang].
Rabbi Yehouda nous enseigne (Berakhoth 63b) que l’on doit former des groupes et nous engager dans l’étude de la Tora, car la Tora ne s’acquiert qu’en l’étudiant en groupes.
Kora’h a tenté l’individualisme, mais sans succès, car l’essentiel de la force d’un Juif c’est justement qu’il fait partie du tsibour [et pas des réseaux sociaux]. Nous sommes un peuple et non des entités séparées derrière des écrans.
Comme nous pouvons le constater dans le mot même en hébreu qui signifie « assemblée » : « Tsibour/צבור », ses lettres, constituant sa racine, représentent en effet l’ensemble du peuple : » »צle tsadik – le juste , » »בle benoni- le moyen , » »רle racha- le méchant .
La Guemara (Berakhoth 6a) nous enseigne que lorsque dix hommes forment un minyan et prient ensemble, la Chekhina réside parmi eux. Nous ne nous intéressons pas à la nature de chacun des dix hommes mais au résultat de leur union.
Illustrons cela par un exemple : si nous recevons une fleur en cadeau, nous allons observer les détails de cette fleur, voir sa beauté ou ses défauts, remarquer si elle est un petit peu fanée… Alors que si l’on nous offre un bouquet de fleurs, nous admirerons sa beauté dans sa globalité, sans s’arrêter aux détails, sa beauté provenant justement de l’assemblage de plusieurs fleurs réunies aux couleurs variées et aux parfums différents.
Rav Dessler souligne que la plupart de nos Tefiloth composées par nos Sages ont été formulées au pluriel, selon le principe énoncé dans la Guemara (Chevouoth 39a), que, littéralement : « Tout Israël sont garants l’un de l’autre », ce qui signifie que lorsque nous prions, nous devons le faire pour l’ensemble de la communauté. Nos Tefiloth auront alors beaucoup plus de valeur que si nous ne les avions formulées que pour nous-mêmes. D’ailleurs, comme le dit Kora’h, « tous sont saints », en effet chaque Juif recèle en lui une étincelle Divine, puis il poursuit : « Hachem Est au milieu d’EUX », c’est-à-dire qu’Il n’est Présent que s’ils sont ensemble.
Chaque juif, avec ses mérites propres, complète l’autre qui a les siens, ainsi, en nous rassemblant pour l’étude et la prière, nous mériterons de voir la délivrance et le retour à Sion. AMEN.
Chabat Chalom
Rav Mordékhaï Bismuth
Extrait de la « Daf de Chabat » disponible sur le http://www.ovdhm.com
Genial et tellement vrai….
« Le Gaon de Vilna ajoute que si l’étude de la Tora sauve en général du péché et constitue une source de vie et de sagesse, se produira l’inverse pour celui qui étudie seul, car son étude suspend une épée au-dessus de sa tête, et l’amènera à devenir insensé et à pécher. »
Cette affirmation est étonnante « de la part » du Gaon de Vilna lui qui a passé toute sa vie à étudier dont très certainement une bonne partie dans la plus grande solitude. Notamment lorsqu’il avait un problème de compréhension, il pouvait s’enfermer des jours durant jusqu’à trouver la solution.
Sans aucun doute, cette affirmation ne concerne-t-elle que le commun des mortels, étudiant en Tora, mais pas les géniaux maitres en ce genre, capables eux d’arriver au summum de la pyramide seuls ! Les exemples ne manquent pas, après le Gaon : pensons au ‘Hazon Ich, ou à rav Eliachiv même, dont la grandeur ne font doute pour personne.
Bonjour
Est-ce que c’est vrai que si un juif rend visite à un malade , ce juif ne rentrera pas au guehinam ?
Et est-ce que il est garanti de gan éden ?
Faut demander à rav Google… A priori, en tout cas, à quel titre garantir une telle grande chose ?