L’entrée secrète dans le camp qui a sauvé des milliers d’enfants…
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C’était le jour de Pourim Katan, le 14 Adar II 1943. À cette époque, peu de Juifs vivaient en Erets Israël et ils suivaient avec anxiété ce qui se passait dans les pays européens, qui traversaient alors les terribles années de la Shoah. En dehors des terribles nouvelles qui arrivaient chaque jour, ils reçurent une bonne nouvelle ce jour-là : plus de 1.200 enfants avaient été sauvés des affres de la tuerie, en passant clandestinement de la Pologne vers la Russie et de là vers Téhéran. Grâce à un travail acharné et à de vrais miracles, ils avaient pu être ramenés en bateau en Israël, qui avait d’abord accosté dans le port du Caire, et de là, ils avaient pu se rendre à Atlit.
Ces enfants, qui pendant de nombreuses années, ont été appelés « les enfants de Téhéran », étaient solitaires et malheureux, et pour la plupart orphelins : leurs parents étaient restés en Europe et partis en fumée dans les fournaises d’Europe, que Hachem venge leur sang. Peu d’entre eux avaient de la famille en Israël, qui avait demandé de les adopter ; la plupart d’entre eux étaient perdus et seuls au monde. À cette époque, un débat houleux s’était développé dans le pays concernant leur éducation et leur intégration ; certains ont été envoyés dans des camps de jeunes et des kibboutzim, d’autres ont été hébergés en transit et ainsi de suite.
Dans la ville de Bené Brak à cette époque-là, brillait la lumière du ‘Hazon Ich zatsal, qui fut touché par la nouvelle de l’arrivée de ces enfants en Erets Israël : il voulut agir pour s’assurer qu’ils recevraient une éducation juive chaleureuse et de qualité. Cependant ce n’était pas facile, car les enfants étaient « emprisonnés » dans des camps, qui étaient sous la surveillance constante de surveillants, dont la crainte de D’ ne brûlait pas dans le cœur. Il fallait donc posséder une immense force de caractère pour tenter de les sauver des griffes d’une éducation sans aucune odeur de judaïsme et les transférer dans des orphelinats avec une éducation juive authentique, conforme à la tradition.
L’un des proches du ‘Hazon Ich à cette époque, était le jeune Ya’akov Galinsky zatsal. Dès son arrivée en Israël, il s’était attaché au ‘Hazon Ich ; il voulait profiter de sa lumière. Rabbi Ya’akov était un homme petit et maigre, et c’est pour cette raison qu’un jour, le ‘Hazon Ich le fit venir chez lui et lui demanda d’accomplir une tâche difficile, qui est décrite ci-après.
« Les camps où vivent les enfants de Téhéran », affirma le ‘Hazon Ich, « sont clôturés et fermés de tous côtés. Tu es mince et petit, et tu as également la chance d’avoir une bouche extraordinaire, qui sait toujours comment éviter de répondre aux questions délicates qui te sont posées. Ces qualités t’aideront à satisfaire à la demande que je vais te faire : tu devras t’infiltrer dans les camps où sont hébergés les enfants de Téhéran et en dérober les listes des enfants qui y sont hébergés. Quand nous aurons les noms, nous pourrons leur trouver des parents éloignés qui les adopteront, et nous pourrons ainsi les transférer vers des établissements où ils recevront une éducation juive authentique, conforme à la tradition ! »
Rabbi Ya’akov écouta la demande du ‘Hazon Ich, mais il faut dire qu’en vérité, son cœur flancha. En effet, lesdits camps étaient très bien sécurisés et clôturés de tous les côtés. Il était très difficile d’y entrer, voire même impossible ; mais il était encore plus difficile d’y entrer et d’en ressortir en paix, avec les listes en mains… Cependant, puisque son rabbi et guide, le ‘Hazon Ich, lui avait confié cette tâche, il se devait de l’accomplir quoi qu’il arrive !
Rabbi Ya’akov se dirigea vers le camp, et quand il arriva, il constata qu’il était bien clôturé et qu’au sommet de la clôture était installé un fil de fer barbelé, lui indiquant qu’il était inutile d’essayer de grimper. La porte principale était fermée et verrouillée, et deux gardes de sécurité très forts se tenaient de chaque côté. Il songeait déjà à abandonner, mais il se rappela ensuite qu’il s’apprêtait à appliquer les instructions du Sage de la génération et il décida de se lancer néanmoins.
Il commença à se promener autour du camp, à la recherche d’une sorte de passage. Il ne trouva aucune porte dérobée, mais dans l’un des coins du camp, il découvrit une petite fosse au bas de la clôture. Maintenant, il avait compris les paroles du ‘Hazon Ich affirmant qu’il était l’homme de la situation en raison de sa petite taille : il rampa dans le trou, dont un côté se trouvait à l’extérieur de la clôture et l’autre côté, à l’intérieur du camp.
Quelques minutes seulement s’écoulèrent et il se retrouva à l’intérieur du camp. Maintenant, il lui fallait plus de courage, car le camp avait des gardes qui se promenaient tout le temps, examinant et scannant la zone. Il fut obligé de se fondre parmi les enfants, afin de ne pas éveiller les soupçons. Il réussit également dans cette tâche et, après avoir erré quelque peu dans le camp, il découvrit où se trouvait le bâtiment qui abritait les bureaux où se trouvaient les fameuses listes…
Il eut peur d’entrer dans ce bâtiment, mais il se souvint qu’il était ici sur l’ordre de son rabbi, et il rejeta immédiatement la peur qu’il ressentait dans son cœur et annula ses sentiments devant la volonté du ‘Hazon Ich, déterminé à mettre la main sur les listes. Cependant, cette résolution ne lui fut pas d’une grande aide, car le bureau était fermé à clé. Il décida d’essayer de trouver un moyen de convaincre l’un des instructeurs de lui ouvrir le bureau, et là, il découvrit qu’il y avait de nombreuses années, il s’était déjà préparé pour ce moment, pour ainsi dire…
Il sortit dans la cour et aperçut deux guides grands et forts, qui se parlaient en allemand. Pour une raison quelconque, il lui sembla que l’un d’eux lui était familier, et en effet, il l’était : il s’avéra qu’il avait été emprisonné avec lui en Sibérie, et qu’ils avaient immigré tous les deux en Israël. L’un était devenu un érudit attaché au ‘Hazon Ich dans chaque fibre de son être, et l’autre, en revanche, était devenu guide dans le camp des « enfants de Téhéran ». Le même guide se souvint de la gentillesse de rabbi Ya’akov, lorsqu’un jour en Sibérie, rabbi Ya’akov lui avait donné sa portion de soupe, lui sauvant ainsi la vie…
« Je te dois toute ma vie ! » déclara le guide avec enthousiasme lorsqu’il aperçut rabbi Ya’akov : « Mais comment es-tu arrivé ici ? Quel est ton objectif ? ». Rabbi Ya’akov demanda à lui parler en privé et lui révéla le but de la mission qui lui avait été assignée. Au début, le guide refusa de coopérer, car il avait été nommé à ce poste pour s’assurer justement que tous les enfants resteraient dans le camp. Cependant, rabbi Ya’akov parla à son cœur et le convainquit, le poussa à lui faire une faveur, à entrer dans le bureau et à lui divulguer les listes, jusqu’à ce que celui-ci accepte …
Ici aussi, rabbi Ya’akov avait vu à quelle distance les yeux du ‘Hazon Ich pouvaient voir : ils avaient anticipé l’opportunité qu’il trouverait quelqu’un dans le camp qui lui devait une faveur, et que celui-ci l’aiderait dans cette mission difficile. Finalement, le guide se plia à la demande de rabbi Ya’akov et lui remit les listes des enfants et rabbi Ya’akov se dépêcha de s’échapper du camp par la brèche et de rentrer à Bené Brak…
Lorsque le ‘Hazon Ich reçut les listes, son regard s’illumina et il œuvra pour les remettre aux personnes bien choisies, qui sauvèrent des dizaines d’enfants du camp, les placèrent pour être adoptés dans des familles observantes de la Tora, sauvant ainsi la vie et l’avenir spirituel de dizaines d’entre eux. Ces enfants ont eux-mêmes fondé des familles, qui ont élevé plusieurs générations de leurs descendants, et tout cela est attribué au mérite de rabbi Ya’akov Galinsky zatsal, qui a mis sa vie en danger, a annulé sa volonté devant son maître le ‘Hazon Ich et a placé son âme entre ses mains afin de respecter les instructions de son maître !
Cette merveilleuse histoire, qui prouve à quel point l’obéissance aux justes a du pouvoir et de l’influence sur les générations à venir, a été racontée par mon grand-père, rabbi Moché Tourk zatsal, et ses mots apparaissent dans son merveilleux et précieux livret : « Le souvenir de la Tora de Moché », compilé à partir de ses cours et de ses sermons, édité par la famille Beloy. Et tout cela pour nous enseigner ce qui suit.
Parfois, nous entendons un enseignement ou des conseils de l’un des plus Grands de la génération et nous avons du mal à comprendre la logique qui le sous-tend, la probabilité qu’ils réussiront à produire le résultat escompté, la sagesse et la raison qu’ils contiennent. Et pourtant seule l’obéissance aveugle et complète aux Grands de la génération, sans essayer de comprendre ni d’être plus intelligents, est le seul moyen et l’outil adapté pour obtenir des résultats, et parfois même de grands mérites pour plusieurs générations.
Lorsque nous entendons un enseignement, qui nous semble déconnecté de la réalité ou qui n’a aucun sens pour nous, observons les générations d’enfants qui ont reçu une éducation authentique, conforme à la tradition. Ils sont le résultat d’une obéissance aveugle à l’enseignement des maîtres du peuple juif. Si rabbi Ya’akov avait calculé si et dans quelle mesure c’était possible, s’il avait une chance de réussir et quels étaient les risques, il n’aurait pas accompli ce qui lui avait été demandé. Mais il a choisi d’obéir aux instructions de son maître, et grâce à son obéissance, il a gagné son monde futur, ainsi que les innombrables droits qui lui sont attribués dans ce monde ici-bas et dans l’autre monde.
Chers frères, un Juif ne devrait pas penser par lui-même, il est interdit de remettre en question les paroles des justes et des sommités de la génération. Il est bien préférable de mettre de côté sa propre opinion, et d’exécuter leurs instructions. De cette façon, nous pourrons mener nos vies dans la voie de la Tora dans ce monde, et également arriver dans le monde à venir crédités de grands mérites !
Ce texte fait partie des enseignements du rav Acher Kowalski chelita.
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