Yassine Belattar se dit humoriste. Chacun selon ses goûts jugera de son talent en la matière. Il se dit aussi ami du président, et l’appelle publiquement « frère ». Non seulement l’intéressé n’a jamais démenti, mais il a choisi Yassine Belattar pour siéger au Conseil des villes, et comme maître de cérémonie de la présentation de ses mesures pour les banlieues.
Le retour de la « France raciste »
Hélas ! Tout humoriste qu’il se veuille, Yassine Belattar est un bien triste sire. J’en veux pour preuve deux de ses récentes saillies.
« Si Obama avait dû faire carrière en France, il serait encore à la machine à café », a-t-il prétendu. Vraiment ?
Où en étaient les droits des afro-américains, à ces dates ?
Mais c’est de l’histoire, me direz-vous, quoi qu’elle ne soit pas si ancienne. Qu’en est-il aujourd’hui ?
Eh bien, il me semble que la carrière politique de George Pau-Langevin, Sira Sylla et Hervé Berville ne s’arrête pas à la machine à café. De même pour Danièle Obono, si malsaines que soient certaines des idées qu’elle défend. Et Pierre N’Gahane n’est pas simplement préposé au café, à la préfecture de la Charente…
« Quand Manuel Valls est arrivé ici, il ne savait même pas conjuguer le verbe être »
Tout le monde a le droit de dire des âneries, c’est même un des critères de la liberté d’expression. Tout le monde a le droit de se tromper, c’est un de ceux de la liberté de pensée. Mais ne soyons pas dupes : Yassine Belattar ne s’est pas trompé, n’a pas de bonne foi parlé trop vite, et n’a pas non plus fait de l’humour. Il a délibérément menti pour servir son agenda idéologique, et pour rabaisser la France.
Ce n’est pas tout. Sur le plateau de « Salut les Terriens », le 19 mai, Yassine Belattar a dit au sujet de Manuel Valls : « Il est hyper-vexé quand je lui ai dit, et je lui redis ici : le plus français de nous deux, c’est moi. Moi, je suis né à Conflans-Sainte-Honorine et je n’ai connu que la France. Lui, il est arrivé ici à 18 ans, et ne savait même pas conjuguer le verbe être. » Dixit l’ami, le « frère », d’Emmanuel Macron.
J’imagine d’ici les réactions indignées – à juste titre – qui auraient suivi une telle sortie si elle était venue d’un représentant du Front national, ou même de Laurent Wauquiez ou de Nadine Morano ! On se souvient de son usage de l’expression « Française de papier »…
On peut longuement débattre de ce que signifie « être français », et sur le sens de ces mots pour celui qui les emploie. Est-ce une notion juridique, politique, culturelle, sociologique, ethnologique, symbolique, sentimentale ? Et encore tout ceci n’a-t-il de sens qu’en lien avec une autre question : qu’est-ce que la France ? Une entité juridique ? Un territoire ? Une histoire ? Une culture ? Une nation ?
Je préfère être Français comme Missak Manouchian
Pour ma part en tout cas, et même si j’ai beaucoup de critiques à formuler sur ce qu’il a fait lorsqu’il était au gouvernement, je préfère être Français comme Manuel Valls, né à Barcelone, que comme Yassine Belattar, né à Conflans-Sainte-Honorine. Je préfère être Français comme Marie Sklodowska-Curie, à qui nous devons chaque radio que nous passons à l’hôpital, née à Varsovie. Je préfère être Français comme Missak Manouchian, résistant, mort pour la France, né à Hisn-i-Mansur. Je préfère être Français comme François Cheng, immense poète et honnête homme, né à Nanchang. Et j’aimerais, ô combien, savoir manier notre langue comme ce « Français de droit, d’esprit et de cœur », cet académicien qui pourtant n’a appris que tardivement à conjuguer le verbe être… Lui non plus n’a pas connu que la France, et pourtant il la connaît infiniment mieux que Yassine Belattar ne la connaîtra manifestement jamais.
Emmanuel Macron est libre de choisir ses amis. Les Français, où qu’ils soient nés, sont libres de tirer de ces choix les conclusions qui s’imposent.
Source www.causeur.fr