« Je prends à témoin contre vous aujourd’hui le ciel et la terre, la vie et la mort J’ai donné devant toi, la bénédiction et la malédiction, tu choisiras la vie, afin que tu vives, toi et ta descendance » Devarim (30,19).
Notre verset nous propose un choix, ce qui dévoile que nous détenons le libre arbitre. Nous devons comprendre où se situe ce choix.
Hachem place devant nous le bien et le mal. Nous pouvons donc déduire de là que le choix n’est pas de savoir ce qui est bien ou mal, cela est déjà déterminé. Si nous devions définir ce qui est bien ou mal, Hachem nous aurait dit : « J’ai mis devant toi deux chemins, choisis le bon ! »
Or pas du tout, non seulement Il nous montre où est le bien et où est le mal, mais en plus, Il nous demande de choisir la vie ! Ce qui laisse entendre que si nous voulons vivre nous sommes obligés de choisir le bien.
Qu’est-ce que cela signifie ? Nous avons un libre arbitre, mais qui n’est pas vraiment « libre » puisque la décision est pré-requise.
En effet, si nous réfléchissons, Hachem ne regarde pas le monde comme un film en Se demandant quelle va être la chute de l’histoire. Et chacun de nos actes a pourtant une conséquence, quelle que soit sa dimension. Mais alors, tout est prédéterminé, ou non ? Où est donc notre liberté ? Et puis si dès le départ nous savons où est le bien, et que c’est lui qui nous procure la vie, pourquoi choisirions-nous de mourir ?
Essayons de décrire cette liberté au travers d’une petite métaphore. La vie est un voyage et nous sommes les conducteurs de notre véhicule « CORAME » (corps- âme). Nous avons une mission, un but, une destination. Notre but dans la vie est de grandir, évoluer, progresser. Et pour y arriver, nous sommes tous munis d’un GPS.
Qui n’a pas aujourd’hui de GPS ou de « waze » dans sa voiture ? Ce petit appareil que l’on utilise même lorsque l’on connaît notre chemin les yeux fermés ! En effet, selon l’endroit où l’on se trouve, il nous offre le meilleur itinéraire afin d’arriver à bon port. Il se base sur le temps, le nombre de kilomètres à parcourir et la vitesse de notre véhicule. Il est relié à un « super satellite » et nous évite même les sens interdits, les impasses, les embouteillages et les travaux. À chaque carrefour, une petite voix nous indique la direction à prendre.
Notre libre arbitre s’exprime donc dans ce choix de suivre ou pas cette petite voix qui nous rappelle constamment à l’ordre pour nous guider sur la bonne voie : la plus rapide et la plus courte.
Mais nous, nous ne sommes pas un GPS, nous n’avons pas de « super satellite », et nous croyons être capables de déterminer, selon notre logique, quel est le meilleur chemin à emprunter, grâce à notre « super sens de l’orientation » ! Nous sommes certains de savoir nous diriger dans la bonne direction dans la vie, mais il ne faut pas s’y fier,
Pour poursuivre avec notre image du GPS, celui-ci nous indique un itinéraire parfois contraignant : limitation de vitesse, péages, détours… Mais nous qui n’avons pas sa vision provenant du satellite, vu d’en haut avec recul, nous croyons que de l’autre côté, le paysage est bien plus magnifique, rempli de lumières de toutes les couleurs. « N’écoutons pas le GPS, allons-y au feeling, soyons libres ! Et puis, quitte à nous perdre totalement, éteignons le GPS, comme ça il ne nous rabâchera pas toutes les minutes que l’on s’est trompé et que l’on doit rebrousser chemin ! », sommes-nous tentés de penser.
Quittons à présent notre métaphore pour en lire le message concret : le bon chemin indiqué par notre GPS, le « bien » à suivre, n’est autre que Tora et Mitsvotי. Alors c’est vrai, nous pouvons y voir la contrainte, le joug que nous devons porter, les lois à respecter en leur temps, etc, et puis de l’autre côté, le Yetser Hara’ nous présente les spots lumineux, l’argent, le plaisir… Mais le verset nous dit de choisir la vie, car le bon chemin nous apportera les bénédictions matérielles et spirituelles (développement de soi) promises par l’Éternel.
Notre fameuse liberté est tout à fait réelle, c’est le fait de se libérer de son Yetser Hara’, de lui dire : « Non, je choisis d’écouter mon GPS ! »
C’est vrai, le Yetser Hara’ peut se montrer très convaincant : -« Travaille avec acharnement, tu vas gagner plein d’argent, dommage de te consacrer à l’étude de la Tora, tu vivras beaucoup plus modestement ! Et puis ne t’inquiète pas, nous ne sommes pas seuls sur cette route ! Autour de nous des tas de gens ne font pas les mitsvotי, profitent des plaisirs de la vie et jouissent de leurs richesses et de leurs biens matériels. Tandis que les autres, les pauvres ! Ils prient toute la journée, accomplissent Tora et mitsvotי, sont ‘Hozer bitchouva/repenti et vivent dans des conditions très modestes… » Il est fort ce Yetser Hara’, n’est-ce pas ? Nous avons en effet de quoi nous interroger avec ses arguments !
En effet, nous voyons parfois des personnes qui ne travaillent pas du tout et possèdent une fortune colossale ou bien au contraire d’autres qui travaillent jour et nuit et à deux postes différents sans parvenir à joindre les deux bouts. Devant cela, que déduisons-nous, qu’il faut s’arrêter de travailler ? On se pose des questions sur la source de la richesse du premier exemple : loto, héritage ou parnassa illicite ? Effectivement ce n’est pas logique, il y a quelque chose d’anormal… car c’est le travail qui nous permet de gagner de l’argent ! Non ?
En réalité, Hachem tient Ses comptes, toute bonne action est récompensée et toute mauvaise est punie, que cela soit dans ce monde ou dans l’autre. Hakadoch Baroukh Hou, le Créateur du monde, Seul sait ce qui doit être, Il fait tout pour notre bien absolu, notre bon développement et le bon déroulement de l’Histoire, quel que soit le chemin que nous décidions d’emprunter. Nous qui n’avons pas de recul et n’observons le monde que par rapport à notre parcours individuel, ne pouvons rien y comprendre, alors laissons de côté ce sujet pour D’ et faisons-Lui confiance, tout est pour notre bien, collectif et individuel, la Tora l’affirme !
Chelomo Hamélekh écrit (Michleï 19;21): « Nombreuses sont les pensées de l’homme, mais seule la volonté de l’Éternel s’accomplira. » Nous pouvons faire des projets, choisir une direction plutôt qu’une autre, à la fin des fins, seul le dessein de Hachem se réalisera. Hachem nous envoie des épreuves afin de nous réveiller, de nous faire changer de direction, mais c’est à nous de comprendre le message, de rebrousser chemin (d’être ‘Hozer bitchouva, dont la traduction littérale est de revenir à la Réponse), et d’en tirer La leçon.
Hachem est miséricordieux, et peu importe où l’on se trouve, si l’on est complètement perdu ou dans une impasse, le GPS de Hachem a une autonomie infinie et ne nous laissera jamais tomber, il nous suffit simplement de rallumer le son, d’être attentifs aux instructions, Il nous remettra sur la bonne voie et nous donnera la vie.
Chers lecteurs et fidèles de « la Daf de Chabbath », puisse le Tout Puissant, Maître de nos destinées, vous bénir en vous accordant ainsi qu’à vos proches bien aimés, santé, prospérité et longue vie de bonheur dans le respect de notre sainte Tora, pour cette nouvelle année.
Chabbath Chalom
Rav Mordekhai Bismuth
Extrait de la Daf de Chabat disponible sur http://www.ovdhm.com
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