Les heures sombres de la seconde Guerre mondiale sont ressorties à la surface, hier matin à Waldwisse. Où la communauté israélite de Moselle s’est recueillie devant l’emplacement de la synagogue détruite par les Nazis.
Les faits divers ont ceci de tragique qu’ils mettent en lumière l’existence de lieux et d’histoires insoupçonnés. Ainsi, quand le 29 mars dernier, la presse se fait l’écho de la profanation du cimetière juif de Waldwisse, tout un pan de la population du nord mosellan apprend qu’il reste encore trace, tout près de chez elle, d’un patrimoine israélite bien réel.
Ce dimanche, dans la fraîcheur matinale, la communauté juive de Moselle – et particulièrement du secteur thionvillois – est revenue sur les lieux du crime. Plus de cinq mois après avoir été vandalisées, les pierres ont toutes été remises en état.
Cela appelait un nécessaire recueillement. « Le cimetière compte cinquante tombes ; quarante ont été saccagées. Ce n’est pas la première fois ; malheureusement… », consent Henry Schumann, membre du consistoire israélite de la Moselle, qui a orchestré la petite cérémonie d’hier. Naturellement, les instances religieuses, des élus locaux, des associations et des anonymes se sont associés à ce temps de recueillement.
Des fonds levés en Allemagne
Dans les diverses allocutions, il a été beaucoup de question de Reinhold Jost : il est vrai que le ministre de l’Environnement sarrois – qui réside à deux pas de là – avait vécu la profanation du petit cimetière comme un crève-cœur. « Du coup, il s’est débrouillé pour trouver, en Allemagne, les fonds nécessaires à la réparation des tombes », témoigne Jean-Guy Magard, maire de Waldwisse.
C’est précisément par le biais d’un projet caritatif mené en collaboration avec l’école Lothar Kahn de Siersburg qu’une partie des fonds nécessaires ont été rassemblés et offerts au Consistoire en guise de réparation.
La synagogue détruite en 1940-1941
L’autre événement de la matinée a consisté à dévoiler une plaque rappelant l’existence passée d’une synagogue à Waldwisse. Longtemps tombée dans l’oubli, cette histoire est remontée à la surface à la faveur de recherches fouillées sur le patrimoine juif en Moselle et du témoignage des plus anciens habitants de la localité.
L’édifice avait été construit en 1847 ; en 1854 une école y avait été adjointe. Il se situait dans l’actuelle rue des Ecoles, autrefois nommée rue des Juifs. « La destruction a été ordonnée aux gens du village, de retour de la Vienne où ils avaient été expulsés. À leur retour, et comme ils ne possédaient plus rien, les nazis ont profité de leur situation et leur ont promis de l’argent en échange d’un coup de main pour détruire la synagogue », rappelle Jean-Guy Magard.
Soixante-dix-sept ans plus tard, un nouveau devoir de mémoire apparaît. À la fois symbolique et essentiel.