« Vous êtes les fils de Hachem votre D’, ne faites pas de stries sur votre corps en affliction »

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Autour de la table du Chabbath, par le rav David Gold

Dans notre paracha est marquée l’injonction: « Vous êtes les fils de Hachem votre D’, ne faites pas de stries sur votre corps en affliction » (suite à la perte d’un proche) – Devarim 14,8. De là, nous apprenons qu’il est interdit de se faire du mal lorsque – D’ nous préserve- on perd un être cher. Le Or Ha’haim donne une belle allégorie sur ce commandement. Cela ressemble à un homme qui a envoyé son fils loin de la maison paternelle afin qu’il apprenne le commerce. Après une période donnée, le père envoie chercher afin qu’il rentre au plus tôt. Le départ du fils de la ville est durement ressenti par tous ses amis et proches ! Seulement les gens savent bien que le jeune continut de vivre auprès de son père, donc la peine en est d’autant diminuée. De la même manière l’âme de l’homme retourne à sa racine ! C’est le sens du verset : « Vous êtes les fils de Hachem »: sachez que la vie continue après 120 ans auprès de votre père qui est le Ribono chel ‘Olam! Nécessairement il n’y aura pas de place à trop s’affliger du départ d’un proche !

Dans le même esprit le saint Zohar (Vayé’hi) donne une image au grand départ. C’est un roi qui envoie son fils loin de son palais dans une petite bourgade afin qu’il s’aguerrisse à sa fonction royale : loin des délices de la vie de cour. Puis vient le moment où le roi fait appeler son fils à revenir au palais royal. Tous les gens du village se lamentent de la perte. Seulement un homme sage se lève et dit : » Pourquoi pleurez-vous au moment où vous savez que le fils nous abandonne pour son BIEN afin de régner sur le royaume ! Au contraire, on doit se réjouir! De la même manière, l’âme qui provient du trône royaume, revient à sa racine. Car cette vie n’est qu’un passage pour recevoir la récompense de nos actions dans le monde à venir ! Un autre enseignement est tiré de ce même verset. Il existe une discussion entre des grands Sages de la Michna (Kidouchin 36) au sujet du statut d’un Juif pécheur! Est-ce qu’il reste juif bien qu’il s’écarte de la voie de ses ancêtres ? Rabbi Yehouda considère qu’on s’appelle « enfant de Hachem » tout le temps où l’on est à l’écoute de D’ et de Sa Tora. Mais à partir du moment où l’on s’écarte des commandements, on perd le statut de fils de Hachem ! Tandis que rabbi Méir considère que dans TOUS les cas, un homme reste juif ! Il l’apprend de différents versets (il est intéressant de remarquer que Rachi sur la Guemara rajoute que c’est précisément après qu’il ait fait Techouva que l’homme recouvre le statut élevé de fils de Hachem !). Le Rachba, un grand sage de l’époque médiévale espagnole (responsa tome 1, § 194 OAH) traite d’un Juif qui a renié – à D’ ne plaise- la religion de Moché notre maitre la maison paternelle afin qu’il apprenne le commerce. Après une période donnée, le père envoie le chercher afin qu’il rentre au plus tôt. Est-ce qu’il reste juif ? Il commence sa réponse en disant que dans certaines mitsvoth, ce renégat perdra ses prérogatives. Par exemple, on pourra lui prêter de l’argent à intérêts ! Dans ces mitsvoth, et d’autres encore, l’accent est mis sur le fait que son prochain est notre « frère ». Or,  ce renégat qui n’a pas foi ni dans la Tora ni dans les mitsvoth perdra le privilège de la MITSVA. Cependant continue le Rachba, puisque rabbi Méir apprend de notre paracha qu’on s’appelle « enfant de Hachem », alors dans tous les cas on restera juif… malgré tout ! Même si notre Juif s’est écarté au point d’adopter un culte idolâtre, malgré tout il reste juif ! L’incidence de cela, si sa femme veut se séparer de son mari (après qu’ils se soient mariés suivant la Halakha), elle devra obligatoirement recevoir le guet de son mari. Même s’il est devenu adhérent d’une quelconque secte d’Inde ou du grand Orient , elle devra lui demander  un acte de divorce en bonne et due forme. Autre incidence, dans le cas où notre Juif renégat vient à mourrir, il émanera de lui une impureté au même titre que n’importe quel Juif ! Et donc un Cohen ne pourra pas s’approcher de sa sépulture même s’il est enterré en plein milieu d’un cimetière de gentils! Donc on voit qu’un J uif reste juif jusqu’à 120 ans, quoi qu’il arrive!

Les lois en vigueur avant la résurrection!

AVERTISSEMENT: Le sujet que l’on va aborder n’est pas à mettre dans la main de quiconque ! Il n’est vraiment pas « rigolo » mais c’est important d’en avoir connaissance. Il y a quelques semaines on vous a parlé de la résurrection des morts, cette fois on va parler de l’étape d’AVANT cette résurrection ! Il s’agit de différentes Halakhoth qui existent par rapport au respect du corps enterré ! Encore un mot, il faut savoir que le sujet est très vaste, beaucoup de Techouvoth/Responsa ont été écrites jusqu’à nos jours sur ces questions, notre volonté est uniquement de mettre un peu de lumière sur ce sujet difficile auprès de nos lecteurs ! Comme on sait, la Tora donne une valeur fondamentale à l’homme de son vivant ! La raison à cela, c’est que l’homme est dépositaire de l’âme divine ! Cette âme avec laquelle on va passer nos années ici-bas sur terre remontera au ciel au moment où le Créateur la rappelle. Cependant, même après ce départ vers un monde meilleur, le corps gardera une Kedoucha/sainteté du fait qu’un homme a fait ici-bas des mitsvoth. Mieux encore, la Guemara dans Moéd Katan enseigne que si à D’ ne plaise, on assiste aux derniers instants d’un homme, même s’il nous est un parfait inconnu, on devra déchirer sa chemise comme pour l’endeuillé vis-à-vis de son proche ! La raison expliquée par les commentateurs : la perte d’un membre de la communauté est du même niveau que celle de la perte d’un Séfer Tora qui brule (on devra déchirer son vêtement) ! Or on sait que la sainteté du Séfer provient des noms divins qui sont inscrits. De la même manière, le corps de l’homme ressemble à ce parchemin qui a été sanctifié, du fait de sa Tora et de ses mitsvoth. Nous comprenons dorénavant que ce corps ,même après 120 ans, n’est pas à notre disposition comme on le désire. Quelles sont grosso modo les mitsvoth liées à cette période d’avant la résurrection ? D’abord il faut savoir qu’il existe une mitsva d’enterrer le mort en terre ! C’est aussi une des raisons pour laquelle le premier homme/Adam a été créé à partir de la terre (comme l’explique Rachi : afin que le corps puisse se désagréger dans tous les endroits  de la planète !). De plus, nos livres saints expliquent que c’est BON et souhaitable pour l’âme, que le corps se désagrège ! La souffrance qui en résulte pour la personne fait aussi partie de l’expiation de ses fautes ! Donc on aura vite compris qu’il n’y  a aucune permission d’incinérer le corps ! Car non seulement on annule la mitsva de l’enterrement et l’expiation des fautes mais surtout on montre par-là que la résurrection des morts, ce n’est pas pour nous! Et effectivement, un Juif qui à D’ ne plaise choisit cette fin, ne pourra pas revenir au jour de la grande Résurrection, mesure pour mesure !

On parlera brièvement de 3 Halakhoth touchant les lois de l’enterrement.

1° L’interdit d’enterrer un homme Tsadik (droit et pieux) auprès d’un mécréant (Yoré Déa 362,5) ! On l’apprend entre autre du Midrach de Ruth. Lorsque Ruth a décidé de suivre sa belle-mère Noémie, elle dit à sa belle-mère : »Là où tu iras j’irai ». De là le Midrach enseigne que sa belle-mère lui avait signifié au départ (pour dissuader Ruth de la suivre) qu’il existe des règles à suivre même jusqu’à l’emplacement des corps dans le  cimetière ! (De là, l’obligation d’avoir des carrés juifs dans les cimetières civiles en France et dans le monde). Cependant, après que le corps soit déjà enterré dans un cimetière non-juif –alors qu’il ne le fallait pas– et qu’il n’est pas possible de transfèrer (ce corps) dans un carré juif, certains poskim permettent de mettre une barrière haute de près d’un mêtre afin de  faire une distinction entre son tombeau et le reste des autres sépultures non-juives. Dans tous les cas, il faudra prendre conseil auprès d’autorités rabbiniques compétentes. Autre cas, Il est rapporté dans les poskim qu’on doit veiller à ne pas enterrer deux hommes qui se haïssaient ! La raison évoquée : de la même façon qu’ils ne se sont pas supportés pendant  leur vie sur terre : sous-terre, le désagrément continuera !

2° L’interdiction de déplacer les ossements d’un tombeau à l’autre (Yoré Déa 363,1) ! Comme on le voit lorsque le prophète Chemouel a appelé le roi Chaoul -déjà mort- à revenir dans ce monde. Le roi Chaoul a eu alors très peur que sonne pour lui le jour du grand Jugement ! Pareil pour les ossements d’un mort : le déplacement des ossements créés une une grande peur ! D’autre part, le ‘Hazon Ich explique qu’il y a un interdit de laisser un corps en dehors de son tombeau (après qu’il a été une première fois enterré) ! Par contre, il existe des cas où il y a une permission de déplacer les ossements. Par exemple faire venir un corps déjà enseveli vers la terre sainte d’Israël. Il faut savoir que la terre promise a la particularité d’apporter une expiation des fautes. D’autre part si le cimetière tombe dans des mains non bienveillantes qui risquent d’endommager les pierres tombales, ou encore s’il y a un risque d’inondation, il sera permis d’exhumer le mort. Autre cas peu courant où le mort a été enterré dans un tombeau qui ne lui appartient pas ! Ou si on a enterré un homme auprès d’une femme qui n’est pas la sienne (à cause du manque de place ou simplement d’une bévue) : le rav Moché Feinstein permet alors de le déplacer car cette situation entraine inévitablement la raillerie de la famille et des amis !

3° Il existe l’interdit de tirer profit du mort ! Donc les greffes d’organes à partir d’un cadavre devront recevoir l’autorisation préalable d’un rav. Et même si cela provient du corps d’un gentil: le problème reste identique d’après certains poskim! D’autre part, il n’existe pas de permission de disséquer le corps humain pour le profit de la médecine. Car la dignité du corps humain l’interdit, de plus cela va à l’encontre de la foi en la résurrection des morts. (Si ce n’est des cas rares où l’on peut sauver réellement la vie d’un autre juif, ou encore si la police doit faire une expertise pour faire justice. Mais on doit savoir que dans la majorité des cas, la Halakha n’est pas le souci « majeur » du corps hospitalier, même en terre promise !).

Le sujet est vaste mais on discerne quelque chose d’important au-delà des commandements; c’est qu’il touche à un fondement du judaïsme. Mieux encore, ces multiples lois sont aux antipodes de l’ambiance générale qui prévaut dans le monde occidental. Le leitmotiv est de dire que de la même manière que dans la société des vivants il n’existe pas de différence entre les hommes, de la même manière, après 120 ans, il n’existera aucune différence entre le corps de tel ou tel individu ! D’autre part, puisque la société ne cherche pas à développer les lois morales et spirituelles, la mort chez eux reste une grande question sans aucune réponse et le corps n’a aucune importance ! Or la Tora dit tout le contraire ! Les 70 années que l’âme a cohabité avec le corps confit à ce dernier un statut élevé. Nous voyons de là, que la dignité que l’on doit accorder  aux corps en terre n’est pas un sujet propre aux manifestants en redingotes longues de Méa Chéarim mais c’est un sujet qui doit être pris à cœur par l’ensemble de la communauté!

Sippour

Pour finir sur une note plus joyeuse on vous rapportera une anecdote rapporté par le rav Eliméle’h Biderman. Une fois il s’est rendit au Kotel à Jérusalem, vous savez le mur qui est appelé « le Mur des Lamentations » dans la langue de Molière! Et effectivement, lorsqu’il est arrivé sur les lieux il entendit un peu plus loin les cris d’un Juif. Certainement que sa prière était assez impressionnante pour que le rav Biderman s’approche de lui. Il entend ce dernier dire à haute voix: « PUNCHER, PUNCHER! » Pour les non- hébraïsants: » Puncher » est traduit dans le lexico des automobilistes par  « crevaison » ! Le rav Biderman demanda des explications à notre Juif. Il lui répondit avec une belle parabole: « La vie ressemble à la roue d’une voiture qui tourne, monte et descend : de la même manière dans la vie, il y a des hauts et des bas. » Notre homme poursuivit : « Ma situation est on ne peut mieux ! Tout va bien pour le meilleur des mondes ! Je suis HEUREUX avec mon épouse, j’ai de bons enfants (bli ‘ein hara’) et j’ai une bonne parnassa ! Que puis-je demander d’autre au Ribono chel ‘Olam ? Rien d’autre qu’il me fasse une crevaison là où je suis au maximum de ma réussite afin que cela dure pour toujours ! » Fin de ces douces paroles entendues au Kotel. Donc est-ce qu’il est juste d’appeler le mur occidental uniquement par « le mur des lamentations » ?

On souhaitera à tous nos lecteurs, pour ceux dont la roue tourne magnifiquement bien : qu’il y ait un grand puncher! Et pour les autres, que très vite la roue tourne du bon côté pour une vie pleine de bénédictions et de réussites!

Chabat Chalom et à la semaine prochaine, si D’ le veut !

David  Gold

 On priera  pour la guérison de Yacov Leib Ben Sarah parmi tous les autres malades du peuple d’Israël

Chabat Chalom             

Je tiens à la disposition du public dans la ville d’Elad – Israel, des ouvrages de mon livre. (Tout celui qui est intéressé à m’aider dans sa parution en France peut aussi me contacter). Mon téléphone :      00972 055 6778 747.

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