Le Premier ministre hongrois Viktor Orban a prôné jeudi la « tolérance zéro » contre l’antisémitisme, au début de sa visite officielle en Israël qui a suscité la controverse.
M. Orban a été accusé d’avoir attisé l’antisémitisme dans son pays lors de la campagne lancée contre le milliardaire juif américain d’origine hongroise George Soros.
Le dirigeant hongrois et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou ont justifié l’alliance de leurs deux pays par un « socle patriotique » commun, malgré les critiques que soulève ce rapprochement en Israël.
La convergence des vues était moins évidente lors de la rencontre entre le Premier ministre hongrois et le président israélien Reuven Rivlin, ce dernier mettant en garde son hôte contre le « néo-fascisme ».
« La Hongrie a une politique de tolérance zéro envers l’antisémitisme », a insisté M. Orban avant son entretien avec M. Netanyahou, qui a salué notamment les millions de dollars investis par la Hongrie dans la rénovation de synagogues.
M. Netanyahou s’est rapproché des pays du groupe dit de Visegrad (Hongrie, Pologne, Slovaquie et République Tchèque), dont les positions nationalistes irritent les autres pays de l’Union européenne.
Ce rapprochement diplomatique s’est notamment traduit en décembre par l’abstention de la Hongrie lors du vote à l’ONU qui a condamné la reconnaissance par les Etats-Unis de Jérusalem comme la capitale d’Israël.
Avec la République tchèque et la Roumanie, la Hongrie a également bloqué en mai une déclaration de l’UE critiquant la décision du président américain Donald Trump de déménager l’ambassade des Etats-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
Pour une grande partie de la communauté internationale, Jérusalem-Est est un territoire occupé et les ambassades ne doivent pas s’installer à Jérusalem tant que le statut de la ville n’a pas été réglé par la négociation entre les deux parties.
« Vous avez défendu Israël à de nombreuses reprises dans les forums internationaux. Nous vous en sommes reconnaissants », a souligné M. Netanyahou.
Le Premier ministre hongrois a ensuite rencontré le président israélien qui a salué les efforts de la Hongrie pour combattre l’antisémitisme mais a mis en garde M. Orban contre les « dangers » du néo-fascisme.
« Nous devons nous rappeler lorsque nous disons +plus jamais ça+ que le néo-fascisme et les groupes néo-fascistes sont un danger qui menace l’existence même du monde libre », a-t-il souligné.
Exigences « absolument folles »
Le Premier ministre hongrois est arrivé mercredi soir en Israël, où il doit se rendre à Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, et rencontrer l’un des deux Grands rabbins.
Il visitera également le Mur des Lamentations à « Jérusalem-Est annexée et occupée » (sic, chez Le Point). Mais, contrairement au protocole ordinaire des visites de dirigeants européens, aucun entretien n’est prévu avec des responsables palestiniens en Cisjordanie occupée.
Seul son Premier ministre adjoint, Zsolt Semjen, visitera l’église de la Nativité à Bethléem, sous contrôle de l’Autorité palestinienne, en Cisjordanie occupée.
Lors d’une visite l’an dernier en Hongrie, M. Netanyahou avait dénoncé les exigences « absolument folles » de l’Union européenne concernant l’occupation israélienne de la Cisjordanie, lors d’une conversation privée enregistrée.
M. Orban a suscité des critiques en lançant une campagne très agressive visant George Soros, né à Budapest et chef de la fondation Open Society, qui finance de nombreuses ONG en Hongrie et dans le monde.
Des membres de la communauté juive hongroise, une des plus importantes d’Europe avec 100.000 personnes, ont accusé M. Orban d’encourager ainsi l’antisémitisme.
M. Orban s’était défendu en assurant que la campagne ne visait que les opinions de M. Soros.
M. Netanyahou a lui aussi dénoncé M. Soros pour son soutien à des ONG hostiles au gouvernement israélien.