Vers des élections en Israël ? Moi et le ego, version Kakhalon

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Les partis orthodoxes ont décidé, envers et contre tout, que la nouvelle formule de loi concernant le sursis des étudiants en Tora doit être préparée et votée avant la loi concernant le budget de l’an 2019. Mais le ministre des Finances est d’un autre avis : si la loi sur le budget de l’an 2019 n’est pas votée jusqu’au 15 mars, alors il n’y a plus de gouvernement ! C’est le drame.

Ceci, pendant que le Premier ministre part aux Etats-Unis rencontrer Trump, à un moment où son avenir est de toutes manières un peu flageolant, suite aux interrogations sur le dossier 4.000, concernant l’aide qu’il aurait apportée à Chaoul Aliovitch directeur de Bezek et de Walla, quand Netaniahou était aussi ministre de la Communication, aide qui aurait signifiée des centaines de millions de shékels en plus pour son ami, Aliovitch.

Compliqué tout cela, mais telle est la réalité sur le terrain, en Israël, ces temps-ci.

Alors, tentons au pas par pas de décrypter un peu la situation.

Les orthodoxes ont vu avec colère (mais sans surprise, car telle est toujours la position de la cour suprême locale, d’aller contre tout ce qui pourrait aider le monde orthodoxe et son million de membres) la cour suprême refuser la dernière version de la loi sur le sursis des jeunes étudiants en Tora, car quelques éléments vont à l’encontre de l’égalité des devoirs des citoyens… L’Etat a reçu de la part de cette instance, en septembre 2017, un an pour parvenir à trouver une formule qui satisfasse la loi, telle que la conçoit la cour.

Les dirigeants de la communauté orthodoxe dominante ont décidé cette fois-ci d’aller jusqu’au bout : qui sait quel est l’avenir de la coalition gouvernementale actuelle ? Face à ce doute qui plane avec de plus en plus d’insistance, ils ont émis l’exigence de résoudre immédiatement le problème en question.

Mais tant Kakhalon, le ministre du Trésor, et Libermann, celui de la Défense, refusent d’aller dans leur sens, quitte à ce que le gouvernement tombe !

Pourquoi une telle position dure ? A priori, la question sur Liebermann ne se pose pas : son avenir n’est pas brillant sur le plan électoral : il n’a vraiment pas brillé depuis sa nomination au poste de ministre de la Défense, lui qui promettait de régler tout en un coup de sabre ; or son public d’origine russe est radical dans son opposition à tout ce qui est lié à la foi, donc il est important pour Liebermann de se faire remarquer dans ce domaine, guerre qu’il est tellement facile à mener : il suffit de se rendre le Chabbath à Ashdod pour soutenir ceux qui tiennent à ce que les magasins soient ouverts, ou à s’opposer à cette nouvelle formulation de la loi des sursis. Tellement facile.

Kakhalon se situe avec moins de facilité sur cette case : a priori, il devrait être porté à sympathiser avec le monde de la Tora, et l’a fait savoir de temps à autre (notre photo : Kakhalon en visite à la Yechivath Poniewezh). Mais que faire quand on se trouve à quelques lieux d’élections, et qu’il n’est pas sûr du tout que son parti, Koulanou, passe la barre ? Comme tant d’autres avant lui, on se positionne contre le public religieux, et le tour est joué. C’est ce qu’il semble faire à présent.

Pourtant, voici peu, il s’est engagé face à rabbi ‘Hayim Kanievski שליט »א à accepter l’urgence d’une nouvelle formulation de la loi concernant les jeunes étudiants en Tora…

Vers quoi cela mène-t-il ? Des tentatives de conciliation sont en cours, mais il y a peu d’espoir qu’ils mènent à quelque chose de concret.

Dans le fond, Netaniahou n’est pas forcément opposé à des élections actuellement : pris en pleine tourmente par des enquêtes lancées contre lui par des forces sombres, dont l’identité n’est toutefois pas difficile à comprendre, il semble continuer à jouir de l’appui du public, et peut même espérer renforcer son score durant de nouvelles élections. Ceci lui permettrait d’accentuer plus encore son jeu contre les gens qui cherchent à le faire chuter.

Les orthodoxes semblent devoir également sortir plus forts encore de telles élections.

Mais Kakhalon et Liebermann prennent de grands risques : d’un côté, ils imaginent que leur position dure va les aider, mais rien n’est moins sur, car le public risque fort de leur reprocher d’avoir impunément fait tomber un gouvernement qui, somme toute, fonctionne bien et fait avancer avec grand succès les intérêts du pays, tant en politique intérieure qu’en politique extérieure, ou encore sur le plan économique.

La ministre Régev a eu quelque peu le dernier mot, établissant un rapport entre la meguilath Esther et la politique : dans la meguila, on voit Bigchan et Zérech, deux responsables politiques tournant autour d’Assuréus, vouloir tuer le monarque, avec le sort qu’on leur connait, suite aux informations livrées par Mordekhaï. Présentement également, voici deux responsables politiques se décidant de faire tomber leur Premier ministre, id est Kakhalon et Liebermann…

Qui est Mordekhaï de nos jours ?

 

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