Vent de panique au sein des services sécuritaires iraniens

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Par Jacques BENILLOUCHE – Temps et Contretemps

       On ignore officiellement qui sont les maitres d’œuvre des assassinats ciblés de hauts personnages de l’État iranien mais l’Iran accuse le Mossad d’en être l’instigateur. La série d’assassinats et de morts mystérieuses de membres du CGRI ainsi que d’autres personnes associées à l’armée iranienne au cours des dernières semaines fait désordre. Mais comme les exécutants n’ont pas été arrêtés, un vent de panique souffle sur les services sécuritaires impuissants à défendre leurs citoyens. On craint de nouvelles éliminations et surtout que le Guide suprême soit visé.

Le CGRI (Corps des gardiens de la révolution islamique) a donc décidé de remplacer son chef des renseignements, Ebrahim Jabbari. Il s’agit d’un désaveu public qui en dit long sur l’état des services sécuritaires après l’autre limogeage de Hossein Taeb, un puissant religieux qui dirigeait l’organisation du renseignement du CGRI depuis 2009. Hasan Mashroueifar a été nommé nouveau commandant de l’unité «Vali Amr» du CGRI chargée de protéger la plus haute autorité iranienne. Mais l’on dispose de peu d’informations sur le nouveau chef.

Certains responsables iraniens regrettent que l’on n’ait pas utilisé «les normes élémentaires pour neutraliser les activités terroristes» en Iran et ont accusé le recrutement d’éléments «amateurs et non professionnels» dans les opérations extraterritoriales qui ont nui aux autres entités de sécurité iraniennes. Ils estiment que ces changements ne seraient pas efficaces contre les opérations de renseignement menées par Israël à l’intérieur de l’Iran. La révélation des projets de limogeage de Taeb par la télévision israélienne, plusieurs jours avant son annonce en Iran, est un signe de pénétration profonde des services de renseignement israéliens en Iran. Cela a suscité de vives inquiétudes chez ces responsables concernant leur propre sûreté et sécurité, face aux menaces israéliennes.

Le limogeage de Taeb est ainsi dû à l’inefficacité des services à faire face aux menaces étrangères ou à mener des opérations. C’est pourquoi il a été remplacé par le général Mohammad Kazemi. Taeb est une figure puissante du régime iranien qui a travaillé au bureau du guide suprême Ali Khamenei avant d’être nommé au sein de l’organisation du renseignement du CGRI en 2009. Il serait particulièrement proche de Mojtaba Khamenei, le fils influent du guide suprême. Il a été sanctionné par l’UE et les États-Unis pour violation des droits de l’homme. Il s’agit d’un tremblement de terre dans la communauté du renseignement iranien compte tenu de la longévité de Taeb et de sa proximité avec le bureau du guide suprême. L’héritage de Taeb est fait de corruption, de répression et de controverse. Son remplaçant, Kazemi, était auparavant à la tête de l’unité de contre-espionnage du CGRI, officiellement connue sous le nom d’Organisation de protection du renseignement (IPO). Kazemi est probablement considéré comme quelqu’un qui peut renforcer le métier opérationnel de l’organisation du renseignement de l’IRGC au milieu de multiples assassinats mystérieux en Iran et d’incidents de sabotage. Néanmoins, la question demeure sur ses propres compétences.

L’Iran compte deux grandes organisations de renseignement : le ministère du Renseignement et l’IRGC Intelligence Organisation (SAS en acronyme persan). Le ministère est nominalement sous le contrôle du président et se considère comme l’entité la plus professionnelle. Mais en fait, il est aussi contrôlé par Khamenei, qui nomme le ministre.

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