Ce vendredi, à Bedminster, dans l’Etat du New Jersey, Donald Trump a évoqué la situation au Venezuela. Il est allé jusqu’à parler d’une « possible option militaire ».
Si le dossier nord-coréen occupe l’essentiel de sa pensée sur son lieu de vacances de Bedminster, dans l’Etat du New Jersey, Donald Trump s’est aussi exprimé ce vendredi sur un autre pays au centre des enjeux mondiaux actuellement: le Venezuela, traversé par une crise politique en ce moment, et dont le président Nicolas Maduro a indiqué plus tôt souhaiter avoir « une conversation personnelle » avec lui.
« Nous avons beaucoup d’options pour le Venezuela, dont une possible option militaire, si nécessaire », a lancé le président des Etats-Unis à des journalistes présents sur place, comme le rapporte ici NBC. Interrogé sur l’éventualité de voir des troupes américaines prendre la direction d’une telle opération, il n’a cependant pas répondu. « Le Venezuela n’est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent », a-t-il ajouté.
« Les gens souffrent »
Appelé à donner des précisions sur cette annonce, qui intervient dans une période d’extrême tension avec la Corée du Nord, le président américain est resté évasif. « Nous avons des troupes dans le monde entier qui sont parfois très loin. Le Venezuela n’est pas très éloigné et les gens souffrent et les gens meurent », a-t-il simplement ajouté, entouré du secrétaire d’Etat Rex Tillerson et de l’ambassadrice américaine à l’ONU Nikki Haley. Interrogé sur cette annonce, le Pentagone s’est borné à indiquer, par la voix de son porte-parole Eric Pahon, qu’il n’avait « à ce stade » reçu aucune consigne sur ce dossier.
Il est extrêmement rare que le gouvernement américain prenne des sanctions contre un chef d’Etat étranger en exercice. Nicolas Maduro est seulement le quatrième à être ainsi sanctionné par Washington, rejoignant un groupe composé du président syrien Bachar al-Assad, du dirigeant nord-coréen Kim Jong-Un et du président zimbabwéen Robert Mugabe.
« Acte de folie »
Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino, a qualifié d' »acte de folie » cette déclaration du président Trump. En cas d’agression, « nous serons tous au premier rang pour défendre les intérêts et la souveraineté de notre Venezuela bien-aimé », a déclaré M. Padrino.
Washington et Caracas, qui n’ont plus d’ambassadeurs respectifs depuis 2010 mais dont les relations s’étaient quelque peu améliorées à la fin du mandat de Barack Obama, conservent des liens économiques et commerciaux étroits, avant tout dans l’industrie pétrolière. Début août, les Etats-Unis ont infligé des sanctions au président vénézuélien qu’ils ont qualifié de « dictateur ».
La réaction de Washington est survenue au lendemain de l’élection controversée de l’Assemblée constituante voulue par le président socialiste, un scrutin marqué par des violences qui ont fait dix morts. Rejetée par l’opposition et des pays occidentaux, cette assemblée l’a confirmé à l’unanimité dans ses fonctions de « président constitutionnel de la république bolivarienne du Venezuela ».
Pas d’entretien sans « démocratie »
Une nouvelle série de sanctions américaines ont par ailleurs été adoptées cette semaine à l’encontre de huit responsables vénézuéliens impliqués dans la mise en place d’une Assemblée constituante jugée « illégitime ». « Ce régime est inacceptable et les Etats-Unis se tiendront au côté de l’opposition (qui se bat) contre la tyrannie jusqu’à ce que le Venezuela restaure une démocratie prospère et pacifique », a lancé à cette occasion le secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin.
Jeudi, Nicolas Maduro a dit souhaiter « une conversation » avec son homologue américain. « S’il est autant intéressé par le Venezuela, je suis là, je suis le chef de ce qui l’intéresse », a-t-il affirmé lors d’un discours devant l’Assemblée constituante. Le président vénézuélien souhaite que cette discussion ait lieu par téléphone ou qu’elle se tienne à New York à l’occasion de l’assemblée générale des Nations unies à la mi-septembre. Tout en disant souhaiter avoir des relations « normales » avec les Etats-Unis, Nicolas Maduro a averti jeudi M. Trump que son pays répondrait « les armes à la main » à une éventuelle agression et « ne se rendra jamais ».
« Les Etats-Unis se tiennent avec le peuple du Venezuela face à la répression permanente exercée par le régime Maduro. Le président Trump parlera volontiers avec le dirigeant du Venezuela dès que la démocratie sera restaurée dans ce pays », a déclaré la Maison Blanche dans un communiqué.