Le député de la France insoumise refuse de condamner le régime et l’action politique de Nicolas Maduro, estimant qu’il y a « un usage disproportionné de la force » par les opposants au dirigeant socialiste.
Après plusieurs semaines marquées par son refus catégorique de s’exprimer sur le Venezuela, toujours en proie à une crise sociale et politique sans précédents, Jean-Luc Mélenchon s’est exprimé à nouveau sur le sujet ce mardi matin. Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV et RMC, le député de la France insoumise, se sachant attendu sur cette question, a pris les devants. « Une petite tranche sur le Venezuela pour terminer? » a-t-il lancé, lors de la dernière séquence interview particulièrement agitée. Sur la défensive, il a expliqué qu’il ne condamnait ni le régime de Nicolas Maduro, qualifié de dictature par Emmanuel Macron, ni son action politique, mais l’opposition, lui imputant la plupart des 124 morts répertoriées jusqu’à maintenant.
Une « opposition divisée en deux branches »
Revenant sur la genèse de la crise, Jean-Luc Mélenchon a évoqué les différentes difficultés auxquelles le gouvernement est actuellement confrontée. D’après lui, l’une est d’ordre économique, l’autre tient à la nature de l’opposition à Nicolas Maduro.
« Le pétrole qui était à 100 dollars est passé à 35. N’importe quel gouvernement au monde se trouve dans une situation abominable quand il voit ses recettes diminuer d’une proportion pareille. C’est comme si on avait perdu tout le budget de la sécurité sociale, donc il est en très grande difficulté. La difficulté s’aggrave du fait que c’est un pays qui n’a pas pensé la transition économique », a-t-il estimé.
« La deuxième difficulté vient de l’opposition, qui est divisée en deux branches: une branche modérée, tout à fait relativement modérée puisqu’ils admirent Pinochet (le dictateur chilien mort en 2006, ndlr), et une branche fasciste violente, dont le leader stocke chez lui des cocktails Molotov, appelle les gens à tirer sur les policiers », a poursuivi le député.
Bataille de chiffres
Il a ensuite établit un parallèle entre la France et le Venezuela sur les mesures prises contre les agents des forces de sécurité accusés d’avoir eu recours à la force de manière disproportionné.
« Combien y a-t-il de gens en France en prison parce qu’ils ont utilisé de manière disproportionnée la force? Zéro. Personne n’est en prison, aucune procédure. Au Venezuela, il y a 33 policiers qui sont en prison pour usage disproportionné de la force, il y en a 13 qui sont en procès. Alors c’est une dictature? (…) Au Venezuela, les gens qui stockent des armes et des cocktails Molotov vont en prison, le Venezuela est trop gentil », a-t-il poursuivi.
Le 30 août dernier, un rapport publié par le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) estimait que 124 personnes étaient mortes en lien avec les manifestations entre le 1er avril et le 31 juillet au Venezuela. Pour Jean-Luc Mélenchon, il s’agit essentiellement de victimes issues des forces de l’ordre et des chavistes.
« Il faut dire la vérité, il y a 100 morts, il y en a 70 qui sont des forces de l’ordre et des chavistes, et les autres des opposants. Il y a donc eu un usage disproportionné de la force. Moi je ne prendrai pas modèle sur l’opposition au Venezuela, je condamne l’opposition », a déclaré l’élu de la France insoumise.
46 personnes tuées par les forces de sécurité
Les chiffres cités par le rapport de l’ONU diffèrent considérablement. Sur les 124 victimes, 15 sont des enfants, 7 sont des femmes et 102 des hommes jeunes, âgés en moyenne de 27 ans. 46 d’entre elles ont été tuées par les forces de sécurité, et 27 autres par des groupes armés progouvernementaux. Parmi les 46 personnes abattues par les autorités, 27 ont été touchées par des armes à feu. S’appuyant sur les chiffres du procureur général du Venezuela, l’ONU estime que 5 morts sont dues aux opposants à Nicolas Maduro, et que cinq autres décès restent « troubles ».
Appelé à réagir à certains faits évoqués dans ce rapport, qui dénonce notamment des passages à tabac, des chocs électriques et des menaces de mort et de viol à l’encontre des opposants emprisonnés dans le pays, Jean-Luc Mélenchon a botté en touche.
« Alors si c’est le rapport de l’ONU je suis d’accord avec l’ONU et je dis que c’est pas bien et je ne suis pas d’accord. Ça vous va? », a-t-il répondu.