Les derniers développements dans les négociations qui se déroulent à Vienne entre l’Iran et les puissances signataires de l’accord provoquent à juste titre une grande inquiétude en Israël. Pour l’instant, on n’entend pas de déclarations retentissantes depuis Jérusalem face aux intentions limpides américaines, mais le gouvernement israélien veut mettre les bouchées doubles en coulisses et se prépare à une campagne de pressions « discrètes » sur Washington en espérant des résultats avant qu’il ne soit trop tard.
De manière inhabituelle, deux délégations israéliennes de haut rang se rendront simultanément aux Etats-Unis en début de semaine prochaine pour tenter de convaincre l’Administration Biden des dangers d’un retour à l’accord signé en 2015. La première délégation sera menée par le conseiller à la Sécurité nationale Meïr Ben Chabbat et la seconde sera menée conjointement par le chef d’état-major de Tsahal Aviv Kochavi et le directeur du Mossad Yossi Cohen.
Sur le plan des pourparlers indirects qui se déroulent entre les Etats-Unis et l’Iran à Vienne, le Wall Street Journal révèle des éléments qui justifient largement les craintes israéliennes : l’Administration Biden se contorsionne pour persuader les Iraniens à reprendre les pourparlers directs avec Téhéran alors que les Iraniens maintiennent toutes leurs exigences et en rajoutent même. Selon le quotidien américain, l’équipe de négociateurs américains a proposé aux Iraniens de lever dans un premier temps toutes les sanctions qui ne sont pas directement liées aux activités nucléaire mais seulement aux activités terroristes de la République islamique. Un tel geste ramènerait des milliards de dollars à l’Iran qui sait très bien quoi en faire…
Il n’est même plus question d’ajouter de nouveaux chapitres à introduire dans l’accord, comme le demandent timidement les trois pays européens signataires. Téhéran ne veut rien savoir sur ce point, et c’est l’Iran qui fixe les modalités face à une Administration Biden prête à céder !
Autre signe de l’assurance manifestée par les négociateurs iraniens : ils exigent maintenant que les Etats-Unis retirent les Gardiens de la Révolution de la liste des organisations terroristes ainsi que les sanctions personnelles décrétées contre l’ayatollah Ali Khamenei et notamment sur sa fortune colossale ! A Téhéran on a bien compris le changement qui s’est opéré avec l’élection de Joe Biden…
Mardi, le « modéré » président iranien Hassan Rohani a prononcé un discours lors duquel il a répété les trois étapes exigées par l’Iran : la levée de toutes les sanctions, la vérification quant à la levée effective de toutes les sanctions et seulement dans une troisième phase, un retour de l’Iran à ses obligations contenues dans l’accord de 2015. Et il a précisé : « Nous voulons une application stricte de l’accord, sans retirer ni rajouter quoi que ce soit ».
Initiative républicaine au Congrès US
Sur fond des développement à Vienne et des informations de plus ne plus nettes d’une capitulation de l’Administration Biden face à l’Iran, un groupe de membres républicains au Congrès, a proposé un texte de loi intitulé « Loi de pressions maximales » qui vise à empêcher toute levée de sanctions tant que l’Iran ne respectera pas le document en 12 points élaboré en 2018 par l’Administration Trump lorsque les Etats-Unis se sont désolidarisés de l’accord de Vienne. Ces douze points incluaient également des points concernant le programme balistique iranien, les activités déstabilisatrices de l’Iran au Moyen-Orient ainsi que son soutien au terrorisme international. Si ce texte passe – ce qui est moins que certain – il empêcherait le président Biden de lever ou geler des sanctions et l’obligerait à obtenir l’aval du Sénat pour tout nouvel accord avec l’Iran.