Devora et ‘Haya
« Devora, tu voudrais bien nous prêter ton élastique ? On est en train de sauter, on fait un tournoi, et le nôtre vient de se déchirer… »
Devora est aussi en plein jeu, avec ses amies. Elle réfléchit. Pour une fois, elle peut bien prêter son élastique. Une récréation sans sauter, ce n’est pas la mer à boire ! Elle accepte, et regarde le tournoi.
En fin de pause, on lui restitue son élastique. Certes, elle est contente d’avoir rendu service, mais elle se serait attendue à ce qu’on apprécie un peu plus son geste, qu’on comprenne qu’elle avait arrêté son propre jeu au profit de celui des autres. ‘Haya s’approche d’elle. « Merci beaucoup pour l’élastique ! » Devora sourit. ‘Haya a perdu au tournoi, elle est arrivée en dernière position, et pourtant elle pense à venir dire merci ! C’est tellement agréable quand l’autre remarque nos efforts !
Sara
Du coup, Devora se rappelle que sa voisine Sara avait accepté de venir avec elle au magasin pour choisir l’élastique. Mamie venait de lui donner un peu d’argent, et elle ne savait pas lequel acheter. Sara s’y connaissait et avait accepté d’être sa conseillère. Elle n’est pas sûre de l’avoir remerciée…
De retour de l’école, elle passe par chez Sara pour la remercier de s’être libérée pour l’aider. Sara n’en croit pas ses yeux. « Qu’est-ce qu’elle est gentille, cette Devora ! Elle est venue spécialement me remercier ! » Ce jour-là, Sara devait garder son petit frère, pendant que sa maman était partie chez le dentiste. Pour pouvoir partir, elle avait demandé à sa grande sœur Malka, qui était en pleines révisions, de garder le petit Chelomi. A présent que Sara avait reçu les remerciements de Devora, il revenait à sa grande sœur Malka, d’en profiter aussi.
Malka
« Malka, il me semble que j’ai oublié de te remercier, la dernière fois, quand tu as gardé Chelomi pour que j’aille rendre service à Sara, la voisine… »
Malka sourit. Elle sait qu’elle était en pleine période d’examens, et qu’elle avait surtout besoin de recopier tout un chapitre sur son cahier. Elle avait été absente pendant une semaine, lorsqu’elle avait eu la grippe, et elle aurait dû tout rattraper. Pourtant, lorsqu’elle avait demandé à Miri son cahier, Miri lui avait dit : « Ne t’embête pas, je vais te photocopier mon cahier. Tu n’auras qu’à coller les feuilles sur le tien ! Je dois passer à la papeterie aujourd’hui, je te ferai les photocopies en même temps ! »
Elle avait certainement remercié Miri, à mi-mot. Cependant, elle prend le téléphone pour la remercier à nouveau, et lui dire comme elle a apprécié son aide et combien de temps elle a gagné grâce à elle. Enfin, elle la complimente pour son cahier, si propre et bien tenu !
Le papetier
Miri sait pourquoi ce cahier et propre. Ce n’est pas le cas de tous ses cahiers. Elle avait voulu acheter un cahier qui coûtait cher, avec les feuilles bien blanches, glissantes, soyeuses. Elle était sûre qu’avec un cahier de qualité, elle aurait la motivation de le garder soigneusement. Ce jour-là, elle avait demandé au papetier un cahier de marque, mais lorsqu’il lui en avait donné le prix, elle s’était excusée de devoir le rendre : elle n’avait pas assez d’argent.
« Combien vous manque-t-il, Mademoiselle ?
– 40 centimes d’euro.
– Eh bien ce n’est pas grave, allez, prenez-le ! avait-il dit avec le sourire.
– C’est gentil ! Je vous apporterai le reste demain…
– Non, non, pas besoin ! C’est un petit cadeau de ma part ! »
Aujourd’hui, elle décide de retourner spécialement le remercier !
Le client
Le papetier se rappelait de cette histoire de cahier. Cela lui arrive rarement de renoncer à de l’argent, aussi minime soit-il. Il en a trop besoin pour nourrir sa famille ! Pourtant, juste avant que Miri ne rentre dans son magasin, un client qu’il connaissait avait acheté plusieurs paquets de feuilles Canson. Lorsque le papetier avait voulu lui rendre la monnaie, il lui avait dit : « Gardez-la donc ! Vous travaillez dur, vous méritez un petit « plus » de temps en temps, non ? »
Le papetier en avait eu les larmes aux yeux. Personne ne pensait jamais qu’il travaillait dur. Tout le monde se plaignait des prix, ou de l’organisation des articles dans le magasin. Personne n’avait jamais vu en lui un homme qui cherchait à gagner un peu d’argent, à la sueur de son front. On pensait plutôt que c’était un milliardaire qui cherchait à gagner encore un million sur le dos de ses clients…
Il n’avait même pas pu remercier cet homme, tellement il avait été ému ; mais ce client vient souvent, et à la première occasion, il le remercie pour son geste, et surtout pour ses paroles, non sans ressentir, à nouveau, les larmes qui lui montaient aux yeux…
« De rien, mon cher ! Ce jour-là, je venais de lire un article humoristique sur une petite revue pour enfants, et cela m’avait mis de bonne humeur ! D’ailleurs, il faudrait que j’écrive au journal pour l’en remercier ! »
Le journal
« Monsieur Altman, merci pour la lettre que vous avez adressée à notre journal, pour vos compliments et vos encouragements. A dire vrai, nous n’existerions pas si nos jeunes lecteurs ne nous faisaient pas confiance en s’abonnant. A notre tour, nous les remercions de nous lire ! »
Les enfants
Les enfants, c’est à vous ! Ne cassez pas la chaîne ! Réfléchissez un peu… Et faites passer le « merci » !