Le Yated Nééman fait paraitre un éditorial curieux, osé, sous la plume de Yits’hak Roth, ce lundi 18 mai.
La question qu’il se pose est de comprendre ce que Pompéo a cherché en Israël le jour prévu pour la présentation du nouveau gouvernement, à une période où les voies aériennes sont bloquées et de plus Israël exige un confinement de deux semaines ! Il est vrai qu’avec ce haut fonctionnaire américain, les responsables de la santé publique ont su jouer avec les exigences de leurs services, et estimer que le corona n’ose pas s’en prendre à un Américain de si haut niveau, mais tout de même…
L’éditorialiste propose l’idée suivante : il est vrai que Trump a donné à Israël feu vert pour réaliser l’annexation officielle de la vallée du Jourdain, mais cela était en une période où le président américain pouvait encore se permettre de nombreuses initiatives, quand bien même elles étaient discutables et discutées. Il avait devant lui un second tour à la tête de cet empire, et se le voyait garanti. Les temps ont changé : il a très mal géré les précautions à prendre face au corona, et son pays a énormément souffert de cette épidémie (90.000 morts !) ; sur le plan international, tout ce qu’il peut mettre sur la table c’est une rencontre aux effets fort discutables avec le dictateur de la Corée du Nord.
Dès lors, provoquer de la part d’Israël une annexation que le monde entier critique, est-ce ce que Trump a de mieux à faire ? La Jordanie en sera très gênée, car cela risque fort de provoquer dans le cadre de ce royaume des troubles importants, et, à dire vrai, bien des Israéliens avouent également qu’une telle décision pourra aussi compliquer les relations avec les arabes de la vallée du Jourdain eux-mêmes.
La Jordanie est l’un des pays les plus proches et les plus liés à Israël, mais c’est le cas également des Etats Unis, qui trouvent auprès du roi de Jordanie un appui face à l’Iran, l’Irak, la Syrie et Daesh.
Ce n’est que si Trump est élu à nouveau qu’un tel projet pourrait être repensé, avec ou sans accord avec les Palestiniens. En tout cas, pas dans la situation actuelle. C’est le message que Pompéo est venu transmettre, disant que la décision d’effectuer cette annexion dépend d’Israël. Autrement dit, pas sous couvert américain, donc mettez ce projet de côté. Et Netaniahou ? « Cette décision sera prise avec les Américains », autrement, nous vous avons compris, ce n’est pas pour l’instant…
De toutes manières, en plus, Netaniahou a à ses côtés un collègue pas facile, pour novice qu’il soit dans le domaine politique, lequel n’acceptera certainement pas qu’une telle annexion soit concrétisée.
Le tout amène à une conclusion claire : pas d’annexion pour les temps qui viennent.