Dans un contexte marqué par une guerre prolongée et des tensions politiques croissantes, les Émirats arabes unis (EAU) se sont engagés dans des discussions stratégiques avec les États-Unis et Israël autour de l’avenir de la bande de Gaza. Ces pourparlers visent à établir une administration provisoire après la guerre, jusqu’à ce qu’une Autorité palestinienne (AP) réformée soit en mesure de prendre les rênes de la gouvernance. Cette initiative témoigne d’un effort concerté pour reconstruire Gaza tout en répondant aux enjeux de sécurité et de stabilité régionale.
Selon des sources diplomatiques, les discussions incluent la possibilité pour les EAU, les États-Unis et d’autres nations de superviser temporairement la gouvernance, la sécurité et la reconstruction de Gaza après un retrait potentiel des forces israéliennes. Cependant, ces idées restent à un stade embryonnaire, sans plan formel ni approbation officielle. Abou Dhabi insiste sur la nécessité d’une réforme profonde de l’Autorité palestinienne pour qu’elle puisse, à terme, diriger Gaza, la Cisjordanie et Jérusalem-Est dans le cadre d’un État palestinien indépendant – une perspective à laquelle Israël s’oppose publiquement.
Des exigences émiraties claires
Un responsable émirati a affirmé que la participation des EAU à tout plan post-Gaza serait conditionnée à une réforme significative de l’Autorité palestinienne et à une feuille de route crédible vers l’indépendance palestinienne. Créée dans les années 1990 à la suite des accords d’Oslo, l’AP a perdu le contrôle de Gaza en 2007 après la prise de pouvoir du Hamas. Son image a également été ternie par des accusations de corruption et d’inefficacité.
Le rôle des entreprises militaires privées
Certaines propositions émiraties incluent le recours à des entreprises militaires privées pour sécuriser Gaza dans une phase transitoire. Bien que cette option soulève des inquiétudes, notamment en raison des précédentes accusations de violations des droits de l’homme par de telles entités, elle reflète l’urgence de trouver des solutions pour stabiliser la région.
Reconstruction et financement
La reconstruction de Gaza, dévastée par une campagne militaire de plus d’un an, nécessitera des investissements massifs et une coopération internationale étroite. Les Émirats arabes unis, tout en critiquant les actions de l’armée israélienne, sont perçus comme un partenaire stratégique potentiel pour Israël et les États-Unis. Abou Dhabi partage également leur opposition au Hamas, qu’il considère comme une force déstabilisatrice.
Réformer l’Autorité palestinienne
Pour garantir une transition efficace, les EAU ont plaidé pour la nomination d’un nouveau Premier ministre à la tête de l’AP, citant la nécessité de réformes profondes. Des figures comme Salam Fayyad, ancien Premier ministre respecté pour sa gestion économique, sont évoquées comme des modèles potentiels pour une gouvernance crédible. Cependant, la méfiance entre Israël et l’AP, exacerbée par des différends sur les programmes éducatifs et les politiques de soutien aux familles de prisonniers palestiniens, reste un obstacle majeur.
Vers un consensus international ?
Alors que les discussions se poursuivent, la question d’un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas reste au cœur des préoccupations. Washington, appuyé par des médiateurs égyptiens et qataris, pousse pour un accord durable. La complexité de la situation souligne l’importance d’une coordination internationale et d’un engagement à long terme pour assurer la paix et la stabilité à Gaza.
Une question cruciale pour un avenir incertain
Bien que les discussions sur l’avenir de Gaza impliquent des acteurs majeurs comme les Émirats arabes unis, les États-Unis et Israël, elles n’ont, en réalité, pas évolué depuis des mois, et ce, depuis même le début de la guerre. Ces pourparlers restent essentiellement théoriques, sans percée décisive ni engagement concret.
La véritable question qui demeure est celle du rôle du Hamas dans la gouvernance future de Gaza. Tant que cette organisation n’aura pas clarifié sa position – et éventuellement accepté de renoncer à son contrôle sur la région – toute tentative de dialogue sérieux restera prématurée. Ce préalable est indispensable pour initier des négociations crédibles et poser les bases d’une paix durable. Avant cela, tout effort pour reconstruire ou stabiliser Gaza risque de s’avérer vain.
Jforum.fr