Une troisième élection sans précédent en un an laisse froid le public israélien
La plupart des Israéliens ordinaires ont réagi avec nonchalance à la dissolution de la Knesset et à l’annonce d’une nouvelle élection le 2 mars, après que le projet de loi a été adopté par leurs politiciens qui ont échoué, lors de la précédente tentative, le mercredi 11 décembre – contrairement aux journalistes et aux experts passionnés. Dans l’ensemble, ils ont fait la sourde oreille aux cris d’horreur diffusés, à propos de cette troisième élection sans précédent en un an. Certainement, aucun n’est descendu dans la rue pour protester. Immunisés par cette situation d’impasse politique non résolue qui a semi-paralysé le gouvernement depuis septembre dernier, tout allait comme d’habitude pour la majorité du pays. Par conséquent, les prédictions d’une campagne électorale exceptionnellement vicieuse, menée par les partis qui n’ont pas réussi à former un gouvernement de coalition après deux élections, tombent à plat. Ils ont déjà tout entendu.
À la dernière minute avant le vote de la Knesset, Gantz a lancé un appel dramatique au Premier ministre: «Renoncez à votre droit légal à l’immunité de poursuites et nous pourrons alors parler.» Netanyahou n’a pas pris la peine de répondre, accusant seulement ses opposants d’exploitation une conspiration en cours mené par le système judiciaire et policier afin de l’éjecter du pouvoir.
La plupart des gens haussent les épaules alors que ces accusations amères vont et viennent et que des accusations mutuelles sont lancées sur la responsabilité de l’échec de la mise au monde d’une nouvelle coalition et de la prévention d’une élection inutile dont peu s’attendent à voir changer la carte politique, sauf à la périphérie. Ils l’ont entendu ad nauseam.
Parce que la plupart des candidats ont épuisé leurs arsenaux de munitions de campagne significatives, ils recherchent de nouvelles astuces. Du coup, ils offrent, de manière magnanime, des concessions inexistantes. Pour un accord de partage du pouvoir qui n’a jamais été négocié, Netanyahou accepterait à peine six mois de son demi-mandat de Premier ministre, à condition qu’il passe en premier. Gantz abandonnerait le poste de présumé premier ministre, tant qu’il pourrait garder la confiance des électeurs de Ka’hol Lavan et ne jamais siéger dans le même cabinet que Netanyahou. Son acolyte Yair Lapid concéderait son accord avec Gantz pour un poste de premier ministre tournant entre eux, si Gantz prend le siège de Premier ministre. Gideon Saar du Likoud propose de renoncer à son défi solitaire et soutenu par personne contre Netanyahou pour la direction du parti à la primaire du 26 décembre, afin de se présenter contre lui, après l’échec supposé du Likoud aux élections de mars, bien que son résultat soit inconnaissable.
Avigdor Lieberman, qui a qualifié ses 8 députés Yisrael Beteinou, comme la clé d’un gouvernement majoritaire, a rejeté toutes les offres de rejoindre Gantz ou Netanyahou, après être tombé en pâmoison devant son nouveau rôle de faiseur de rois. Il partage donc la responsabilité de l’impasse qui a déclenché des élections inutiles.
Jeudi matin, l’Israélien moyen s’est levé comme d’habitude, a emmené les enfants à l’école et est allé travailler, principalement sans se préoccuper de ce blocage devenu habituel. Le jour du scrutin est un jour férié national et donc, le 2 mars, il sera de nouveau devant les barbecues et en excursion à la plage après qu’environ 60% de l’électorat aura passer quelques minutes dans les isoloirs.