Claude Cohen a 75 ans, il est encarté chez les Républicains et dirige la municipalité de Mions (15.000 habitants), près de Lyon, dans le département du Rhône. Il la dirige ou, plutôt, il la dirigeait, puisque M. Cohen vient de présenter sa démission, par une lettre datée du 17 avril dernier. Il en a ras le bol, des tracasseries administratives (lui préfère parler de « lourdeur »), comme tous les édiles, et des contraintes que la région fait peser sur les mairies, certes ; mais il y a autre chose. Claude Cohen, qui, comme il le dit lui-même, porte un nom « qui ne peut pas prêter à confusion », dit avoir été victime d’un grand nombre d’insultes antisémites depuis l’attaque terroriste commise le 7 octobre par le Hamas.
Parmi les événements qui ont marqué la vie quotidienne de ce maire dans les derniers mois, il y a eu cette personne qui a menacé Claude Cohen de décapitation et s’en est tirée tout tranquillement avec un rappel à la loi, ou encore cet élu communiste qui s’est pointé au conseil municipal avec « une écharpe du Hamas ». Même si le maire minimise les actes et les propos dont il a été victime et préfère se concentrer sur les tracasseries administratives dont il a été victime (notamment parce que sa ville ne contient pas assez de logements sociaux), il est évident, pour un observateur extérieur, que le cœur du problème (et M. Cohen ne peut pas ne pas le savoir), c’est que l’on ne puisse pas être à la fois maire et juif en 2024 sur le sol français – qui semble quand même l’être de moins en moins.
La région Rhône-Alpes proteste de sa bonne foi, assure qu’elle a toujours soutenu le maire de Mions, et la préfecture du Rhône affirme que celui-ci n’a déposé aucune plainte pour antisémitisme. Bon. Difficile de savoir qui dit vrai dans cette affaire. En revanche, le contexte dans lequel la France évolue, depuis le 7 octobre 2023 et l’importation du conflit israélo-palestinien sur notre sol, rend les propos de Claude Cohen, non seulement crédibles, mais assez désespérants.
On sait que Lyon, Grenoble et un certain nombre d’autres villes de Rhône-Alpes (pensons à Crépol…) sont envahies par une immigration de peuplement, issue majoritairement du monde musulman. Cette population est solidaire « du peuple palestinien », c’est-à-dire, dans les faits, solidaire du Hamas. Elle est opposée au « sionisme », c’est-à-dire, dans les faits, opposée aux Juifs. Ce qui arrive au maire de Mions (si, encore une fois, les faits sont avérés) ne serait qu’une énième illustration des tensions qui sont à l’œuvre en France, tensions dont les Français de souche et les musulmans paisibles sont exclus de facto, et dont nos concitoyens juifs sont, pour cette immigration très polarisée, les victimes expiatoires toutes trouvées.
En France, donc, il y aurait des maires qui démissionnent parce qu’ils seraient victimes de menaces et d’insultes antisémites. On en est là et il y a fort à parier que ce n’est que le début.